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 RESPECT ET VERITE
Ch.07: Agriculture

07 : agriculture

Quidam :
Mais si ces mesures permettent de réduire la pollution liée à ce dont nous ne pouvons pas nous passer, ou du moins pas sans remise en cause drastique de notre mode de vie, il y a aussi matière à s'interroger sur tous ces polluants dont on peut entièrement se passer, non ?

PG :
Absolument. Plus la recherche progressera et plus nous découvrirons des alternatives moins, voire pas, polluantes en remplacement de nos façons de faire actuelles. Mais sans même attendre de telles découvertes, on peut déjà commencer par se remettre en question à biens des niveaux.
Par exemple, il y a des polluants qui n'ont d'autres buts que de chercher à augmenter la productivité. Et dans cette catégorie rentrent tous les produits chimiques utilisés en agriculture et que l'on retrouve ensuite directement à empoisonner ce que nous mangeons ainsi que l'eau que nous buvons, sans même parler des effets dévastateurs sur les autres espèces vivantes. Ce sont aussi bien les multiples pesticides que les divers engrais. Qu'est-ce qui nous oblige à les utiliser ? La course aux rendements ? La France est un pays fertile qui a largement de quoi nourrir sa population. Et à plus forte raison si on ne l'encourage pas à s'accroître, voire si on l'encourage à diminuer. Alors bannissons simplement tous ces produits inutiles.

Quidam :
En fait, ce que vous êtes en train de dire, c'est qu'il faudrait passer toute la France au bio ?

PG :
Vous m'avez bien compris. Mais au vrai bio. Pas à ce label européen au rabais que vous pouvez obtenir du moment que vous êtes en dessous de certains seuils d'utilisation de produits chimiques, et qui a clairement pour seul et unique objectif de discréditer le vrai bio en semant la confusion dans l'esprit des consommateurs. Terminés donc tous ces nitrates que l'on retrouve dans l'eau. Finis tous ces pesticides engendrant des maux divers pour notre santé. Nous n'en avons pas besoin. Encore que les pesticides qui rendent stériles ont au moins le mérite de contribuer à limiter la surpopulation…

Quidam :
Encore votre humour noir !
Mais est-ce que vous avez pensé à la chute vertigineuse de la production que causerait une telle mesure ? Donc à l'augmentation du prix des produits ? Et surtout au fait que les importations mettraient tous les agriculteurs sur la paille faute de pouvoir être compétitifs ? Ce n'est pas par plaisir que les agriculteurs enfilent des tenues de protection pour passer les produits sur leurs cultures. C'est pour lutter contre les insectes qui les ravagent.

PG :
D'abord, si la société, dans son désir légitime de satisfaction de son besoin de sécurité alimentaire, sanitaire et environnementale, décide qu'elle ne veut plus s'empoisonner avec ce qu'elle mange, ce n'est pas pour importer du poison d'ailleurs. Les produits non 100% bio sont tout simplement à interdire totalement sur tout le territoire. Donc il n'y aura pas de problème de concurrence des importations à ce niveau-là. Et les agriculteurs ne se retrouveront pas sur la paille, fut-elle bio.
Ensuite, certes, certains insectes reprendront leur place. Et on ne peut nier le risque que les rendements diminuent peut-être un peu, et que le coût de production de la nourriture augmente peut-être un peu aussi. Mais si c'était le cas, ce ne serait certainement pas dans les proportions vertigineuses que vous évoquez, surtout au vu des niveaux actuels des cours mondiaux qui, malgré toute leur agrochimie, ont déjà mis une sacrée claque au budget alimentation des ménages. Ce sont les vendeurs de poisons chimiques qui agitent cet épouvantail. La réalité du vrai bio est bien différente. Il est actuellement plus coûteux parce que marginal. S'il devient la norme, il deviendra aussi plus productif.
Les parasites ? Il existe des variétés de fruits, légumes et céréales moins productives mais naturellement plus résistantes aux insectes et maladies diverses. En abandonnant la course insensée à la productivité, elles retrouveront la place qu'elles n'auraient jamais dû perdre. Et puis il y a aussi des méthodes 100% bio pour limiter ces nuisibles comme pour enrichir la terre. Il faut les encourager et les développer au lieu de lancer de scandaleuses poursuites judiciaires contre les utilisateurs de jus d'ortie et autres méthodes très dangereuses… pour les profits des conglomérats chimiques défendus par l'Etat ! De multiples expérimentations ont démontré la capacité de l'agriculture naturelle à proposer sainement des rendements très corrects, certaines offrant même une productivité bien supérieure à celle de l'agrochimie, si bien que la baisse de productivité n'est nullement une certitude. C'est une question de changement de méthodes agricoles. Il suffit de se renseigner pour s'apercevoir que nous n'avons que l'embarras du choix pour remplacer la chimie en agriculture.
Et puis, il faut garder à l'idée que la recherche de trop de productivité peut devenir très contreproductive. La monoculture par exemple fait partie des causes évoquées pour l'appauvrissement des sols, dont découle un appauvrissement nutritif des aliments, et donc un appauvrissement de notre santé. On soupçonne même que ce soit, outre les pesticides, l'un des facteurs du déclin des abeilles, ces infatigables pollinisatrices qui vont bientôt nous faire cruellement défaut pour obtenir des fruits et des légumes. On sait que la qualité autant que la diversité de ce que nous mangeons est essentielle pour notre santé. Alors si au lieu de nous rendre malade à consommer du poison, nous stimulons notre bonne santé en mangeant des aliments sains, il est bien probable que le surcoût éventuel de notre alimentation soit amplement compensé par la baisse à terme de nos dépenses de maladie. Sans parler de l'amélioration non chiffrable de notre bien- être.
Au passage, nous résolvons un débat très controversé : puisque les OGM ont pour but de développer des variétés résistantes aux pesticides, ils deviennent de facto inutiles dans une agriculture où ceux-ci sont proscrits. Donc pas d'OGM. Cela laissera à d'autres pays le loisir de tester grandeur nature les effets à long terme sur la santé de ces expériences d'apprentis sorciers. Je ne suis pas contre les OGM en tant que tels. Il est certainement souhaitable de les étudier, comme il est intéressant d'étudier tout domaine. Mais en application du principe de précaution, et aussi longtemps qu'il le faudra pour pouvoir en appréhender les effets à long terme sur la flore, la faune et la santé humaine, les mettre en culture libre en plein champs, et pire encore les commercialiser, relève du crime contre l'humanité et la nature. Les humains ont la mémoire si courte… Naguère on mettait de l'amiante partout comme produit miracle anti-feu, et maintenant on fait des procès pour empoisonnement à tour de bras. Mais la marche du profit à court terme rend aveugle et amnésique. Surtout celui qui ne veut pas voir.

Quidam :
Il est vrai qu'on parle assez du développement de bactéries résistantes à cause de la sur-utilisation des antibiotiques pour faire le parallèle avec les parasites qui deviennent de plus en plus résistants aux pesticides.

PG :
Tout comme les plantes deviennent résistantes aux désherbants à la longue. Il se dit que les agriculteurs argentins, qui sont depuis longtemps envahis par les semences OGM de Monsanto et ses concurrents, ont constaté au fil des années la nécessité d'augmenter régulièrement les doses de Round'up à utiliser pour combattre la mauvaise herbe dans leurs champs. Au point que leur budget désherbant a explosé et que la rentabilité de la solution est sérieusement remise en question. Et je ne vous parle même pas de l'effet sur les sols, dont la biochimie naturelle a depuis longtemps été complètement négligée et qui se retrouve complètement détruite par ces doses massives de produits chimiques autant que par les excès des labours profonds. Pour l'Argentine, les estimations parlent de 50% de terres arables devenues quasi stériles. Comme quoi, un calcul à court terme peut se révéler très mauvais sur le long terme. Le monde se prépare des famines généralisées ! Est-il indispensable que nous y participions ?
Alors combien de temps encore va-t-on accumuler de tels contre-exemples avant que nous nous décidions à engranger la leçon ? Je tends à penser que les parasites et les plantes, du fait de leur cycle de vie court, ont une capacité de mutation et donc d'adaptation bien supérieure à celles de l'être humain. La nature trouvera donc bien avant nous la solution aux poisons que nous lui injectons de toute part. Et elle sera toujours là lorsque nous aurons réussi à nous éliminer nous-mêmes. Il est grand temps de revenir à la lutte biologique contre les parasites biologiques. La nature offre des solutions à tous les problèmes qu'elle nous pose. Mais il n'en sera pas forcément toujours de même pour ceux que nous nous créons artificiellement.

Quidam :
N'empêche que le risque de chute de la production, qui ne peut être exclu malgré votre confiance dans les alternatives, peut poser un vrai problème économique. Car les exportations agricoles sont un enjeu majeur pour limiter le déficit de notre balance des paiements. Plus d'importations que d'exportations nous appauvrissent.

PG :
Il est juste de ne pas oublier l'impact sur la balance commerciale. Si nous importons plus que nous n'exportons, le pays doit payer plus qu'il n'encaisse. Cela impacte la valeur de sa monnaie par rapport aux autres devises du monde. Dans le contexte de l'Euro, ce qu'il faut voir c'est si ces exportations et importations sont dans ou hors de la zone Euro. Et comme l'essentiel de notre commerce extérieur se fait au sein de la zone Euro, y compris pour les denrées agricoles, cela aura peu d'impact sur la valeur de notre monnaie commune. Quant à l'éventuel appauvrissement à terme du pays, cela dépend surtout de sa capacité à créer de la richesse. S'il en crée plus en interne que ce qu'il n'en perd dans ses échanges avec l'extérieur, pourquoi s'appauvrirait-il ? Mais les français vont bientôt prendre conscience que le créateur numéro un de richesse, c'est le secteur secondaire, celui qui est parti en Chine, en Inde, au Maghreb et dans les pays de l'Est ! Une économie qui, comme la nôtre, dépend essentiellement de son secteur tertiaire tourne à vide et est condamnée à terme.
Et puis, de toute façon, la nourriture n'est pas une denrée comme les autres. Plus elle voyage, moins elle est nutritive. Plus elle est conditionnée de manières diverses, moins elle vous apporte de vitalité. Alors il y a un moment où il faut savoir ce que l'on préfère : plus de pouvoir d'achat pour aller en cure soigner ses problèmes de santé ou simplement plus de bien-être ? Le bonheur ne se traduit pas dans les statistiques économiques.
Il fut un temps où la France a opposé l'exception culturelle contre le rouleau- compresseur du libre-échangisme anglo-saxon de l'Organisation Mondiale du Commerce. Je dis qu'il est grand temps d'élever l'exception alimentaire !
La nourriture est une marchandise spécifique. Elle répond au besoin le plus élémentaire de l'être humain, le besoin physiologique fondamental, ce premier étage de la pyramide de Maslow sans la satisfaction duquel aucun autre besoin ne peut espérer exister. Il est de plus en plus reconnu, malgré la désinformation médiatique organisée par les grands groupes agro-alimentaires et pharmaceutiques, qu'une nourriture saine est le fondement d'une santé saine. Alors commençons par nous nourrir sainement. Et tant pis pour les profits des grands groupes qui s'engraissent en nous rendant malades, préparant ceux des groupes médico-pharmaceutiques qui se goinfrent ensuite sur le dos de notre mauvaise santé.
Du coup, il faut aussi s'appliquer à soi même ce que l'on impose aux autres. Et je ne vois pas bien pourquoi il faudrait mener une politique soucieuse de nos exportations agricoles si nous reconnaissons la nécessité pour chaque pays ou région du monde à développer son autosuffisance alimentaire. Il faut être cohérent. Et réorganiser notre économie différemment pour équilibrer notre balance des paiements sans recours aux exportations agricoles.

Quidam :
Alors vous supprimeriez toutes les importations de nourriture pour que le pays soit autosuffisant ?

PG :
Pas tout à fait quand même. J'estime qu'un pays comme la France se doit d'être autosuffisant pour tout ce qui constitue son alimentation de base : céréales, fruits, légumes, viandes, poissons si tant est que ces derniers demeurent consommables malgré la pollution croissante des océans. Mais cela n'exclut pas le plaisir gustatif d'une certaine diversification. Pourquoi se priver du plaisir de déguster des mangues, des ananas ou des bananes ? Surtout lorsqu'ils sont produits par nos départements outremers. Ces fruits n'apporteront pas toute la vitalité qu'ils offrent à ceux qui vivent là où ils poussent, mais si l'alimentation de base assure les besoins du corps, ce surplus de variété ne nuira pas. Le problème n'est pas de manger des mangues qui sont restées un mois dans une cale de bateau. Le problème vient si on ne mange que ce type de nourriture de mort-vivants.
Les tomates hors sol d'Espagne vous semblent belles et pas chères ? Mais niveau goût, elles traduisent toute la pauvreté de ce qu'elle vous apporte. Il n'y a pas de miracle en agriculture. Un légume qui n'a pas vu la terre ne peut pas vous apporter la vie. Il vous apporte une illusion qui laissera s'installer une lente dégradation de votre santé. Et alors que vous devriez être dans la force de l'âge, vous serez en fait en train de vous interroger sur le pourquoi de ces petits dérèglements physiques qui s'accumulent et vous font sentir qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans le bon sens. Facile alors de se dire que c'est l'âge qui commence à se manifester. Ca évite de se remettre en question. Mais c'est votre droit de vous résigner à cette pauvre existence plutôt que de vous donner les moyens de vivre plus pleinement plus longtemps.

Quidam :
Pourtant, si nous ne produisons plus de surplus à exporter, comment vont faire les contrées moins fertiles qui comptent sur les excédents d'autres pays pour nourrir leur population ? Vous allez généraliser la famine avec une telle politique.

PG :
Ces pays devront se remettre en cause. Et ce d'autant plus qu'ils se l'organisent très bien tout seul leur future famine.
Une possibilité est qu'ils se donnent les moyens d'organiser une production locale suffisante pour s'assumer. Les serres d'Islande, par exemple, peuvent produire autre chose que des bananes pour l'exportation. La terre volcanique de leur île est fertile et ils ont les techniques nécessaires pour compenser un climat pas forcément favorable à certaines cultures. Ils ont les moyens de faire beaucoup de choses et le font d'ailleurs déjà. C'est une question de volonté et d'organisation. Avec volonté et organisation, certains pays ont fait verdir des parcelles de désert en y cultivant des céréales grâce à l'irrigation. Et les oasis des régions arides servaient justement depuis très longtemps de pôles de production agricoles et donc de vie.
Une autre possibilité est que ces pays qui ne parviennent pas à l'autosuffisance en denrées alimentaires de base se rendent à l'évidence : à savoir que leur coin de terre n'est pas fait pour recevoir autant de gens. La question de la surpopulation se mesure aussi par la capacité d'une région à nourrir ses habitants sur le long terme, donc avec le souci de préservation de l'environnement végétal et animal. L'important est que se développe la conscience du problème et de la solution, et que l'ajustement s'enclenche. L'intention sera de le faire progressivement. Mais compte tenu des situations extrêmes que l'humanité a laissées se développer aux quatre coins de notre planète ronde ainsi sujette à la quadrature du cercle, il n'est pas dit que l'ajustement en douceur soit encore possible.
Toutefois, il est un moment où il faut aussi reconnaître que nous ne sommes responsables que de nous-mêmes. Alors ajustons notre mode de vie et d'utilisation de notre coin de monde selon ce qui nous parait être le chemin d'une vie meilleure, et laissons aux autres pays et aux autres peuples la responsabilité de s'organiser selon leurs propres valeurs et leur propre niveau de conscience. Et si cela implique qu'ils expérimentent la misère en retour, alors il leur appartiendra à eux d'en tirer les conclusions et de se remettre en question, peut-être en s'inspirant de notre modèle si nous nous donnons la peine d'en démontrer la capacité à nous procurer du bonheur, mais peut-être en en développant d'autres. La vie est diversité et c'est ce qui en fait la richesse et l'intérêt. Alors il y a toujours plus d'une solution à un problème donné.

Quidam :
Il n'y a pas que les pays qui devront se remettre en cause. Nos agriculteurs aussi. Et ça ne va pas être simple.

PG :
Je ne vous le fais pas dire. Ceux qui cultivent du maïs à grands renforts d'arrosage aérien en plein soleil et en plein vent dans une région pourtant en restriction d'eau depuis des années vont devoir penser à descendre de leur tour d'ivoire pour cesser de dégrader l'existence de leurs voisins par leur aveuglement et changer de cultures. Quant à ceux qui croient que la présence d'un président à l'ouverture du salon de l'agriculture est davantage significative de son intérêt pour le monde agricole que l'effondrement de leurs conditions d'existence durant ses douze années de règne, ils vont aussi devoir ouvrir les yeux. Ne pas faire la différence entre apparition électoraliste et connaissance du monde agricole relève d'un manque de discernement coupable. Tout comme est très naïf le fait de croire que c'est devant le cul lustré d'un taureau de concours qu'un président va prendre conscience des réalités catastrophiques du monde agricole. Trop se regarder le nombril nuit à la bonne conscience de la réalité.
Ceci dit, la remise en cause des agriculteurs est déjà en cours avec la réforme de la politique agricole commune. Ils vont devoir apprendre à vivre autrement qu'en chassant les subventions qui d'ailleurs ne bénéficient vraiment qu'aux très gros agriculteurs, notamment les grands céréaliers très jaloux de cette manne fort profitable qu'ils répugnent à partager, laissant les petits s'asphyxier. Ce modèle productiviste a démontré toutes ses limites et créé de multiples et très préjudiciables déséquilibres. Nous ne le regretterons pas.

Quidam :
J'ai entendu dire que les plus gros bénéficiaires des subventions de la PAC étaient la Reine d'Angleterre et le Prince de Monaco.

PG :
Je n'en serais pas étonné. Ces têtes couronnées ont gardé le sens du foncier. Alors qu'ils possèdent de vastes exploitations agricoles bénéficiant donc d'un vaste subventionnement ne serait que logique.
Et puis, au passage, en matière de changement, il y a aussi matière à réviser en profondeur le droit des baux ruraux. C'est un grand pourvoyeur de contentieux, ce qui incite à penser qu'il ne doit pas être si bien pensé que ça. Le fermage par exemple est un système très clairement confiscatoire, qui défavorise le propriétaire de la terre au profit du fermier qui l'exploite. Il y a matière à rétablir un plus juste équilibre dans ce domaine. Je ne suis pas contre le principe d'une durée minimale initiale de neuf ans parce qu'il peut y avoir un travail de fond préalable pour valoriser certaines terres et que le fermier doit avoir le temps d'en avoir un retour sur investissement. Encore qu'il soit aussi envisageable de s'entendre au moment de la prise de bail sur un terme plus court, quitte à négocier le cas échéant un dédommagement initial pour remettre en valeur des terres négligées. Tout est possible. Mais suite à ce premier terme, une tacite reconduction annuelle doit être suffisante. Et si le propriétaire décide de ne pas reconduire le fermier, il n'a pas à s'en justifier. Ce sont ses terres. Il doit rester libre d'en disposer.
Mais bref, que ce soit du fait de la suppression des subventions, de l'évolution du droit des baux ruraux, ou du passage au bio, oui, clairement les agriculteurs vont devoir se remettre en question de manière très profonde. Et plus encore dans leurs méthodes d'exploitation. Car si la qualité des terres se détériore, ce n'est pas seulement parce que les pesticides et les engrais en tuent les vers de terre qui l'aère et l'allège spontanément, mais aussi simplement parce que la pratique du labour profond détruit toute la biologie anaérobique de régénération naturelle des sols. Alors ces sols perdent leur fertilité, leur vitalité, meurent et se tassent, s'imperméabilisent, ce qui favorise de surcroît les inondations.
Cependant, il n'y a pas que le passage à une culture respectueuse de la vie qu'il faille considérer, il faut aussi changer les méthodes d'élevage. Et pas que pour les passer au bio. L'élevage intensif est à bannir. Depuis des décennies qu'il est pratiqué, on en voit tous les méfaits sur les sols. Les nappes phréatiques bretonnes sont polluées par la surabondance de tous les camps de concentration pour cochons qui ont proliféré dans cette région. Car il faut bien appeler les choses par leur nom. Ce ne sont pas des élevages, ce sont des camps de concentration. Comment s'étonner que l'humanité produise des horreurs comme Auschwitz si nous trouvons normal de traiter ainsi les animaux ? La conscience et le respect de la vie s'expriment par la façon dont nous la traitons. En maltraitant ainsi les animaux, l'être humain démontre qu'il n'est simplement pas digne de son titre d'humain. Gandhi a même dit : « La grandeur d'une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés selon la façon dont elle traite les animaux ». Eh bien je vous le dis, à cette aune, nous relevons du niveau de la maternelle !
Alors je ne dis pas que tout le monde doive devenir végétarien par respect pour le monde animal. C'est une question de choix personnel et il faut respecter l'un comme l'autre. Personnellement, je ne le suis pas, même si la viande n'est pas mon aliment de base. Mais j'affirme que le fait de manger de la viande ne doit pas conduire à mépriser ainsi les animaux qui sont sacrifiés pour nous la fournir. Il y a de nombreuses cultures indigènes, à commencer par certaines tribus amérindiennes que la culpabilisation liée à leur extermination incite si souvent à idéaliser, qui mangeaient la viande issue de leur chasse. Mais ça ne les empêchait pas d'être conscients qu'une vie était sacrifiée pour permettre la leur. « La vie est une dette », dit la tradition musulmane. Ce sujet en est un excellent exemple. Alors ayez de la gratitude pour ce bétail qui vous permet de manger un bon steak grillé. Et puisque sa destinée est de passer sous le couteau du boucher, qu'au moins il ait une vie digne jusque là. Vous verrez que, du coup, ce qu'il vous offrira en richesse nutritive sera incomparable. Peut-on comparer un poulet de Bresse avec son cousin sorti d'une batterie où il n'a jamais vu ni la lumière du jour ni même un brin d'herbe ?
Alors oui, évidemment, la viande coûtera elle aussi plus cher. Mais comme pour les fruits et légumes, elle vous apportera la vie au lieu de vous préparer à la mort. Honorable profession que celle de médecin. Mais ne serait-on pas bien plus heureux si on pouvait les mettre presque tous au chômage ?

Quidam :
Alors évidemment, là non plus, pas de concurrence importée de bœuf aux hormones américain ?

PG :
Evidemment. Il n'est pas acceptable qu'un pays prétende imposer sa mauvaise qualité pour enrichir ses propres producteurs au détriment de la santé des consommateurs français. D'ailleurs, je n'ai pas entendu dire que les Etats-Unis aient cherché à imposer leur production de porc aux pays arabes ou à Israël. On aurait donc le droit de refuser la viande américaine au nom de la religion, parce qu'elle n'est ni hallal ni cacher, mais on n'aurait pas le droit de la refuser au nom de considération de santé ? Fort bien : je décrète qu'à compter de ce jour, la religion française intègre à ses dogmes le culte de la bonne santé et proscrit la consommation de viande aux hormones. Et voilà un litige de réglé avec l'OMC.
Et puis, du point de vue du bon sens, qu'il soit écologique ou de simple respect de la vie, doit-on encourager les systèmes de maximisation du profit au détriment de la qualité de la viande autant que de la qualité de vie de l'animal, où un veau né en Nouvelle-Zélande sera engraissé en Argentine, avant d'être abattu en Chine et être vendu en Europe ? Certes, les voyages forment la jeunesse, mais je ne suis pas sûr qu'on puisse appliquer cette maxime aux bovidés. Par contre, le fait que de tels systèmes puissent être rentables démontre avant tout encore une fois que le coût du transport n'est pas assez cher.
Le libre commerce imposé par l'OMC est vraiment une aberration à évacuer au plus tôt. Je suis ouvert à la libre concurrence entre pays de niveau de vie comparable, et sur des biens respectant un cahier des charges comparable, notamment en termes de qualité et de conditions de production, ce qui doit inclure les aspects sociaux et environnementaux. Mais dans tous les cas de figure, les pays doivent rester libres de définir ce cahier des charges selon ce qui leur parait acceptable pour quelque marchandise que ce soit, et à plus forte raison pour la nourriture qui ne peut être considérée comme une marchandise comme les autres. Exit donc, au passage, le Codex Alimentarius que nous ont concocté les fonctionnaires mondiaux. Voilà une façon pour un pays de promouvoir pacifiquement ses valeurs en prenant position, notamment en faveur du respect de la vie animale.
Et de toute façon, en application du principe d'autosuffisance en aliments de base, je ne vois pas ce qui justifierait que la France importât de la viande d'autres pays. A part des viandes de gibiers exotiques, pour satisfaire la recherche de diversité des gourmets carnassiers ?

Quidam :
L'agriculture souffre aussi de bien d'autres maux. L'un d'entre eux est la main mise de l'administration pour définir tout un tas d'obligations et de contraintes dont un certain nombre semblent défier le bon sens.

PG :
Effectivement. Les cas d'aberrations administratives sont légion en agriculture. C'est certainement le secteur le plus victime de cet excès d'ingérence des fonctionnaires. Mais a contrario, si les agriculteurs veulent prétendre à être arrosés de subventions pour tout et n'importe quoi, n'est-il pas logique qu'ils soient également contrôlés sur tout et n'importe quoi ?
Pour moi, il faut donc commencer par liquider purement et simplement non seulement le système de la politique agricole commune, mais aussi les principes qui ont présidé à son instauration. Progressivement, de toute façon, l'Europe réduit les subventions pour s'alléger du coût astronomique de la PAC et les supprimera complètement à compter de 2013. Je suggère simplement encore plus de volontarisme à restaurer la responsabilité des exploitants agricoles sur leurs exploitations. Le gouvernement, par le statut spécifique accordé à l'alimentation, définit un contexte de marché national. Il est ensuite de la responsabilité des agriculteurs de produire selon les contraintes définies pour tous, et de proposer des produits à vendre selon les lois du marché, en fonction de leur niveau de qualité. On ne peut continuer à verser des subventions sur la seule base de volumes produits, voire parfois de simple stade de développement de la plante même si celle-ci n'est au final jamais récoltée, exonérant ainsi les agriculteurs de la question de qualité de leur production.
Alors certes, il y a les aléas climatiques, de plus en plus conséquents vu le dérèglement global qui va s'accentuant. Mais à qui va-t-on faire croire qu'une profession capable de s'organiser pour bloquer le périphérique parisien à l'insu des forces de l'ordre est incapable de s'entendre pour mettre en place, au besoin avec l'appui des pouvoirs publics s'ils le souhaitent, une caisse d'assurance climatique qui les prémunisse contre les récoltes perdues lors de tempêtes ou de coups de gel tardifs ?
Je pense qu'ils seront ravis de cesser de recevoir des instructions rigides et parfois très inadaptées de la part d'une administration qui prétend réguler la production agricole depuis ses bureaux : vendangez à compter de telle date mais pas avant, dommage si la pluie arrive à ce moment-là et vous pourrit la récolte ; et faites-le de nuit pour la fraîcheur du raisin, et tant pis si la fatigue et la noirceur s'allient pour multiplier le danger au point que les assurances refusent parfois carrément de vous assurer. Et j'en passe… Les exemples sont nombreux, et pas que dans la viticulture.

Quidam :
Bien sûr, redonner aux agriculteurs une vraie responsabilité d'entrepreneur vis-à- vis de leur production pour qu'ils soient motivés à faire de la qualité, c'est plaisant comme discours. Mais il y a le problème de pouvoir vivre de sa production. On voit bien déjà actuellement toutes les difficultés qu'ont les maraîchers pour survivre. En créant un marché protégé, la concurrence serait moindre, mais la pression des grandes surfaces ne diminuerait pas tellement pour autant.

PG :
Là, ce n'est pas si sûr. Quand l'acheteur de grande surface devra choisir entre acheter à Dupond ou à Dupont, sans pouvoir dire que Speedy Gonzalez propose ses tomates andalouses hors sol moitié moins cher, les choses changeront considérablement dans la négociation. Ensuite, comme pour la question d'une caisse d'assurance spéciale aléas climatiques adaptée à leur activité professionnelle et à leurs risques d'entreprises, il appartient aux producteurs de s'organiser pour avoir un poids suffisant dans la négociation et faire valoir leurs intérêts. Cela va dans le sens de la responsabilisation des agriculteurs vis-à-vis de la qualité de leurs produits qu'il est de leur responsabilité de faire valoir auprès de l'acheteur. Et si au final, le produit n'est pas acheté à un prix suffisant, l'agriculteur est libre d'en cesser la production au profit d'autres produits. Et alors l'acheteur sera bien obligé de prendre ce qu'il trouve. Ainsi se fait la régulation naturelle du marché. La main invisible décrite par Adam Smith ne fonctionne que si acheteur et vendeur prennent leurs responsabilités. Si l'acheteur ne fait que pressurer parce qu'il peut acheter autant qu'il veut et moins cher à l'étranger, pourquoi s'en priverait-il ? Si le vendeur ne sait que se plaindre sans jamais se remettre en question, pourquoi se ferait-il respecter ? L'Etat est responsable d'organiser un cadre permettant au marché de trouver un fonctionnement satisfaisant pour tous, mais pas de remplacer l'une des parties sous prétexte qu'elle ne sait pas négocier. Les grandes surfaces ont des acheteurs professionnels ? Rien n'empêche les coopératives d'avoir des vendeurs professionnels.
L'agriculture est un secteur économique normal, et il doit fonctionner de façon normale, même si le cadre à mettre en œuvre pour ce faire est spécifique compte tenu de l'exception alimentaire. Les agriculteurs doivent donc pouvoir en arriver à se comporter en chefs d'entreprises agricoles. C'est à eux de déterminer ce qu'ils veulent cultiver ou élever, et c'est à eux d'en assurer la commercialisation, que ce soit directement ou via des coopératives, que ce soit pour le marché national ou pour l'exportation. Et en retour, ils sont en droit d'attendre autre chose de leur travail que de trimer pour toucher des subventions couvrant à peine les remboursements à la banque.

Quidam :
C'est quand même une mutation radicale du secteur que vous préconisez là. Tous les paysans ne seraient pas forcément capables d'y survivre. Les jeunes agriculteurs, qui ont eu obligation de passer par des formations genre BTS agricole, ont le bagage technique nécessaire. Mais les générations les plus anciennes vont être dépassées.

PG :
Il y a de nombreux domaines de notre société qui nécessitent une mutation profonde. L'agriculture n'en est qu'un parmi d'autre. Mais il est vrai que là, les gens concernés, de par l'enracinement à la terre propre à leur activité, ne sont pas parmi les plus adaptables qui soient. Effectivement, les anciens, qui ont souvent appris le métier auprès de leurs parents avant d'hériter de l'exploitation familiale sans d'ailleurs forcément que ce ne soit leur vocation, auront plus de mal à s'adapter que les jeunes qui ont étudié l'agriculture dès le départ dans leurs cursus et qui ont volontairement choisi ce métier par motivation. Mais de toute façon, dans la perspective d'une reconversion complète de toute l'agriculture nationale au bio et au non intensif, il faudra forcément, pour tous ceux qui ne connaissent que le productivisme chimique et concentrationniste, un vaste plan d'accompagnement et de formation. Les agriculteurs reçoivent déjà régulièrement des formations et des informations de la part de la Direction de l'Agriculture et de la Forêt, des chambres d'agriculture, des coopératives auxquelles ils sont affiliés, de l'Institut National de la Recherche Agronomique, etc. Ce réseau de formation continu des agriculteurs existe donc. La problématique est alors surtout de former tous ces organismes pour qu'ils puissent ensuite retransmettre les bonnes façons de faire aux exploitants agricoles. Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y a déjà pas mal d'agriculteurs travaillant le bio et qui détiennent une bonne partie du savoir-faire nécessaire. On sait donc où on va, même s'il y a matière à approfondir et à développer.
Alors forcément, cela ne se fera pas en un jour. Mais en quelques années, oui, c'est possible. Bien que, je vous l'accorde, tous ne soient probablement pas en mesure de franchir le pas. C'est pourquoi j'envisage un système à deux branches pour accompagner cette mutation. La première branche est constituée de tous les paysans qui veulent conduire leurs exploitations de façon autonome et responsable, comme on conduit une entreprise produisant pour un marché libre. Et la deuxième, regroupera ceux qui ne veulent pas passer à cette nouvelle règle de fonctionnement. Leurs terres deviendront alors propriétés de l'Etat, et eux, des salariés du public, en charge d'effectuer sur ces exploitations publiques le travail défini par une administration espérée compétente. Ce pourra être des productions de réserves stratégiques de céréales par exemple, afin de se prémunir contre les ratés inévitables du fonctionnement de marché le temps que celui-ci trouve son équilibre, ainsi que contre des années de vaches maigres dues aux aléas météo toujours possibles, particulièrement en ces temps de changements climatiques. Mais ce peut être encore de simples opérations d'entretien sur des terres laissées en jachère ou en cours de restitution à la nature.

Quidam :
Ce serait là faire cohabiter un modèle de marché avec un modèle socialiste d'agriculture planifiée par l'Etat. J'ai quelque doute quant aux résultats d'une telle cohabitation.

PG :
Je n'en ai guère pour ma part, aussi longtemps que l'Etat se préserve de faire n'importe quoi, ce qui, il est vrai, n'est pas la principale qualité qu'il ait démontrée au cours de ces dernières décennies. Mais puisque nous sommes ici en train de refaire la société, accordons-nous pour le moment de simplement considérer les autorités publiques davantage capables de se montrer bonnes gestionnaires de l'intérêt public qu'actuellement tout en laissant le vaste sujet du comment pour plus tard.
Donc avec une administration efficiente, on peut parfaitement imaginer que cette branche administrée de l'agriculture puisse servir de surproduction de sécurité sans pour autant impacter la recherche d'équilibre du marché puisque n'intervenant qu'en réserve, donc en dernier recours, et non en acteur normal. Toutefois, on sait bien, parce que l'histoire nous l'a démontré et qu'il faut savoir tirer les leçons des expériences passées, qu'un tel système est moins efficace sur la gestion à long terme des terres agricoles et qu'il importe donc qu'il demeure limité. Je pense utile que l'Etat garde le contrôle d'une certaine surface de terres agricoles, ne serait-ce que pour des productions stratégiques ainsi que je le disais. Mais l'essentiel des surfaces ainsi récupérées dans cette deuxième branche doivent être soit progressivement reversées vers la première branche, en les revendant aux exploitations privées désireuses de s'agrandir, soit retirées des terres agricoles, par exemple pour du reboisement et l'élargissement de parcs naturels. L'arbitrage entre surfaces à rendre à la nature ou à conserver aux fins agricoles ne pourra se faire que de façon pragmatique sur le long terme. Plus on constatera que le fonctionnement du marché agricole génère des surproductions par rapports aux besoins nationaux, tout en réservant de la place pour un peu d'agriculture d'exportation pour ceux qui le souhaitent, et plus il y aura matière à rendre des espaces à la nature. Au contraire, si on constate que le passage au bio et à l'élevage extensif demande de conserver en activité toutes les surfaces actuelles, alors tout sera à réinjecter au sein des exploitations autonomes privées.

Quidam :
Et oui, tout le problème est qu'il est bien difficile de savoir si le tout bio et tout extensif nous permettra d'être autosuffisant.
Alors, n'êtes-vous pas un peu extrême sur le sujet ? S'est développé le concept d'agriculture raisonnée, comme juste milieu entre l'agrochimie et le 100% naturel. N'est- ce pas suffisant ?

PG :
Raisonnée, oui, mais selon quelle raison ? La mienne me dit que la nature est conçue pour nous fournir naturellement tout ce dont nous avons besoin. L'objectif doit donc rester les cultures 100% naturelles et l'élevage extensif respectueux de la vie animale.
Mais pour autant, ça ne se fera pas en un jour. Ni de façon uniforme sur tout le pays. L'agriculture raisonnée est la première étape à généraliser dans les plus brefs délais, pour commencer par limiter les dégâts. Et progressivement ensuite, région par région, ou plus exactement bassin hydrologique par bassin hydrologique, de l'amont vers l'aval, une conversion au 100% bio devra être mise en place. Cette progressivité dans la transition permettra de ne pas être pris au dépourvu par un éventuel manque initial de productivité, notamment le temps que les sols retrouvent leur richesse naturelle et que les agriculteurs assimilent les nouvelles techniques et pratiques de leur métier, et notamment la diversité retrouvée des espèces cultivables selon les sols, climats et risques parasitaires.
Cette mutation primordiale est possible sur un horizon que j'estime à dix ans. Il suffit que nous le voulions. Il suffit d'accepter de lâcher ses habitudes sécurisantes mais sclérosantes et de faire un pas en avant. Il suffit de savoir ce que l'on veut, et de poser clairement son choix : s'empoisonner à moyen terme sous prétexte de profits court terme et de peur du changement ou au contraire respecter la vie pour cultiver le bien- être durable ? Pour moi, le choix est sans équivoque. Et très urgent !


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