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 RESPECT ET VERITE
Ch.11: Alcool, tabac et drogues

11 : alcool, tabac et drogues

Quidam :
Je comprends votre point de vue. Mais est-il vraiment compatible avec le fait qu'alcool et tabac soient en vente libre ?

PG :
La question est : jusqu'à quel point peut-on protéger les individus contre eux- mêmes ?
Les Etats-Unis se sont essayés à la prohibition au début du siècle dernier, avec les résultats que l'on connaît. Ils ont dû renoncer. Pourtant, effectivement, on sait scientifiquement que l'alcool est un poison pour le corps. Malheureusement, c'est un poison lent. Et encore plus malheureusement, il est culturellement valorisé dans beaucoup de pays à commencer par le nôtre. Boire de l'alcool, c'est supposé être convivial. C'est supposé afficher une liberté, refléter une maturité, voire une virilité. Bref, rien que des conditionnements culturels sans aucun fondement et amplement propagés par l'industrie cinématographique que financent ces puissantes corporations. Vous n'êtes pas plus convivial en buvant de l'alcool que de l'eau ou du jus de fruit, vous êtes certainement beaucoup moins libre parce que l'alcool est un des produits les plus addictifs qui soit, et au final, se laisser berner ainsi reflète tout sauf de la maturité.
Mais les idées fausses ont la vie dure. Qui ne connaît pas un vieux devenu centenaire en buvant son verre de rosé à chaque repas ? Alors la nuisance pour la santé est niée bien qu'elle soit prouvée même par la science officielle, pourtant bien étroite d'esprit et trop souvent au service des industries qui la financent. Et puis, dans un pays qui a érigé l'œnologie comme science suprême de la dégustation et du développement des sens, ce snobisme de salon qui entretient la consommation d'alcool est aussi important que les intérêts économiques qui en bénéficient. Les vendeurs de pinard et de bière s'efforcent de développer leur business, forcément au détriment du bien-être des consommateurs et de leur santé. Et que dire du champagne, symbole mondial de luxe, un must de toute grande occasion ?
Comment voulez-vous lutter contre l'alcoolisme dans une société qui le valorise ?

Quidam :
Vous exagérez quand même. Boire une petite bière n'a jamais tué personne.

PG :
Une non. Et j'irais même jusqu'à dire qu'un petit verre entre amis de temps en temps, ou une coupe de champagne lors d'une fête, sera même globalement positif. Simplement parce que les bienfaits apportés par la convivialité de ce moment chaleureux contrebalanceront positivement les effets physiques néfastes de l'alcool, et même si ce dernier n'est nullement indispensable pour que de tels bons moments existent. Mais bref. Ce n'est pas parce que les gaz d'échappement des voitures sont nuisibles pour votre santé que vous n'allez plus sortir de chez vous. Ce serait un plus sûr moyen de dépérir que d'affronter la pollution ambiante. C'est le même principe.
Mais bière après bière, ou verre de vin après verre de vin, sur la durée d'une vie, et sans même jamais abuser au point de vous saouler, vos neurones en prennent un sacré coup. Et malgré toutes les études faites sur le sujet, vous-même en êtes encore à dire que ce n'est pas bien grave. Vous êtes-vous jamais posé la question de savoir pourquoi on conserve toute sorte de choses dans l'alcool, des cerises à l'eau de vie à des organes ou des animaux entiers ? Pourquoi sinon parce que l'alcool bloque les processus vitaux de décomposition ? Seulement il bloque aussi de la même façon ceux de la composition. Alors chaque fois que vous buvez de l'alcool, non seulement vous interférez avec la décomposition naturelle des cellules mortes et favorisez donc l'encrassement de votre organisme, mais de surcroît vous donnez plus de force au frein à main empêchant le renouvellement cellulaire de vos organes. Vous renforcez donc l'emprise du vieillissement.
Et que dire de l'effet aseptisant ? On sait que notre corps compte d'innombrables micro-organismes, notamment des bactéries intestinales indispensables à une bonne digestion. A chaque fois que vous leur balancez de l'aseptisant sur le nez, vous les affaiblissez. Et vous affaiblissez corrélativement votre capacité digestive, donc votre capacité à récupérer dans les aliments tout ce qui est bon pour renforcer votre corps.
Alors non, effectivement, une consommation modérée d'alcool aura peu de chance d'être la cause de votre décès. Il y a bien d'autres causes qui peuvent avoir votre peau avant. Mais pour autant, ne pas consommer d'alcool contribuera à limiter le vieillissement et la dégradation des neurones, comme de vos cellules, de vos organes et de votre corps en général. Mais encore une fois, qui se soucie de l'effet de l'alcool sur ses neurones alors qu'Alzheimer risque de passer par là bien avant que la dégradation ne devienne perceptible ?

Quidam :
C'est le même raisonnement qui rend beaucoup d'africains peu réceptifs au discours de prévention du SIDA : pourquoi se soucier de quelque chose qui peut vous tuer dans vingt ans si votre espérance de vie en temps normal n'est de toute façon que de quarante ans ?

PG :
Dans une société qui n'offre que des impasses comme futur, se préoccuper de sa bonne santé au quotidien n'est pas la première préoccupation de la majorité des gens. Tandis que s'ils commençaient par cette conscience et ce respect de soi dans le présent, ils s'apercevraient à terme que le futur offre bien plus de possibilité qu'ils ne le soupçonnent.
Mais parler de bon sens à des jeunes perdus dans une société qu'ils considèrent sans futur, n'est-il pas aussi efficace que de cracher en l'air pour arroser son jardin ? Les jeunes cherchent une fuite dans l'alcool. Et si vous leur dites que ce n'est pas bien, vous ne faites que les motiver davantage. Car dans notre société aseptisée contre laquelle ils se rebellent, l'interdit a bien meilleur goût.
Et pourtant, on sait très officiellement que c'est la consommation d'alcool à l'adolescence, pendant que le corps se développe et que les circuits nerveux se mettent en place, qui est la plus nocive. Comment lutter contre cette volonté d'autodestruction si présente dans l'espèce humaine en général et chez les jeunes d'aujourd'hui en particulier ? La solution ne peut passer que par une remise en cause globale de la société, pour qu'elle devienne à nouveau attractive au lieu d'être répulsive. Mais en attendant, il ne me paraîtrait pas superflu de rendre l'accès à l'alcool un peu moins facile.
N'importe quel jeune peut aller au supermarché acheter des packs de bière ou des bouteilles de whisky pour se beurrer avec ses copains ensuite. C'est illégal, puisque la vente d'alcool aux mineurs est interdite, mais il ne faut pas trop compter sur les caissières de supermarché, qui n'ont aucune envie de se voir attendues à la sortie par des instincts punitifs, pour leur demander un justificatif d'âge lors du passage en caisse. Au Québec, par exemple, ce n'est pas possible. Simplement parce qu'il existe un réseau de distribution spécialisée, la SAQ, Société des Alcools du Québec, à qui est confié le monopole de la vente d'alcool. Et un adolescent ne peut rien y acheter.
Alors évidemment, il y a aura toujours des moyens de contournement. Il est facile pour des gamins de faire acheter leur alcool par un clochard ivrogne moyennant un petit billet ou en lui laissant une bière. Ou même d'en piquer dans la réserve de leurs parents de temps en temps. Mais si l'accès à l'alcool est déjà réduit, ce sera une excellente chose pour la société en général. Si certains jeunes démontrent une volonté de contourner la barrière pour s'autodétruire malgré tout, on ne peut aller contre. L'autodestruction, même à l'âge bête, fait partie des libertés fondamentales de l'être humain. Pour autant, il appartient à la société de ne pas l'encourager, tant en la rendant moins facile qu'en faisant évoluer ses valeurs.

Quidam :
En fait, cette SAQ, ce serait un peu comme le réseau de débit de tabac.

PG :
Et ça peut même être ce réseau des tabacs puisqu'il a le mérite d'exister. Ils protestent à chaque hausse des taxes sur le tabac que ça impacte leur chiffre d'affaires en leur faisant perdre des clients. Ils trouveraient là un débouché supplémentaire qui les réjouirait sans aucun doute. Avant que de recommencer à se plaindre, au fil de l'évolution de la société, que la consommation d'alcool et de tabac diminue et qu'ils n'arrivent plus à vivre de la vente de poisons…
On a coutume de dire qu'il n'y a pas de sot métier, eh bien si, il y en a. Ouvrier dans une usine de fabrication de mines antipersonnelles, c'est un sot métier. Tout comme dealer de cocaïne, ou vendeur de tabac et d'alcool, puisque ce sont des poisons avérés nuisant à la santé et créant des charges et des problèmes humains qu'une société saine ne devrait pas connaître. Vendre des produits nocifs à des gens qui demandent eux-mêmes à les acheter, alors que rien ne les force à consommer, rend certes coupable de complicité dans une certaine mesure. Mais pour autant, avoir un sot métier n'implique ni d'être sot ni d'être une mauvaise personne. Et ça ne préjuge en rien non plus de ses qualités de cœur. Par contre, ça demande clairement d'ouvrir les yeux sur les implications de son gagne-pain, et d'accepter que son déclin soit un bienfait pour la société. Surtout si un contrôle effectif des frontières assure qu'il ne s'agit pas d'un simple transfert au profit de la contrebande ou des ventes frontalières. Il appartiendra donc aux buralistes de savoir se remettre en question et se reconvertir le moment venu pour suivre les évolutions de la société, c'est-à-dire lorsque les gens seront plus préoccupés de bien vivre plutôt que d'entretenir le marché des produits d'autodestruction lente.

Quidam :
Ca se défend. Mais dans l'immédiat, ce sont les grandes surfaces qui vont récriminer si vous leur enlevez leurs rayons de vente d'alcool au profit des buralistes. C'est une partie non négligeable de leur chiffre d'affaire et de leurs profits.

PG :
Qui a dit que je souhaitais les leur enlever ? Attribuer un monopole de distribution à un réseau de type buraliste veut avant tout dire que les rayons alcool des grandes surfaces devront être réorganisés pour ne plus être d'accès libre par tout un chacun. Il s'agit en fait de créer au sein des super ou hypermarchés des espaces fermés, à accès contrôlé, afin de répondre aux mêmes critères que ceux imposés à un point de vente indépendant de type buraliste.

Quidam :
Mais là, ce sont les buralistes qui risquent de se trouver lésés. En juin 2009, la loi d'interdiction de vente de tabac aux mineurs a été votée, et son décret d'application est passé en juillet 2010. Depuis, les buralistes s'inquiètent de la difficulté à l'appliquer. Lorsqu'ils sont seuls face à trois ou quatre mineurs, tous plus grands qu'eux pour avoir été nourris au bœuf à l'hormone de croissance et avoir bu du lait issu de vaches similairement dopées, faire les gros yeux en leur opposant l'interdiction de leur vendre des clopes peut poser quelques petits problèmes de sécurité personnelle.

PG :
Je le comprends. Il est clair qu'une grande surface avec ses vigiles a un avantage. Mais je doute que ce problème ne puisse trouver de solution. Comme par exemple moins de points de vente mais un peu plus importants pour qu'ils n'y soient pas seuls ? Ou des implantations à côté des commissariats ? Je crois qu'il est suffisamment facile d'imaginer des solutions pour ne pas retenir cette objection. Et en tout cas, c'est certainement un argument en faveur d'un réseau de distribution spécialisé et adapté dont j'appelle la création rapide de mes vœux.
Par contre, je retiens quand même de ce que vous avez dit qu'il a fallu un an pour promulguer le décret d'application de cette loi contre la vente de tabac aux mineurs. Ce n'est pas signe d'une réelle volonté gouvernementale de s'attaquer à ce problème. Pire, c'est même symptomatique d'une lacune dans notre fonctionnement démocratique. Comment peut-on accepter qu'une loi votée par le Parlement puisse mettre un an ou plus à devenir applicable, simplement parce qu'elle dépend d'un décret d'application ? Sauf à ce que la loi n'intègre dans son texte même une date à partir de laquelle elle doit devenir applicable, par exemple si une période préalable de préparation ou d'adaptation est nécessaire, tout délai de promulgation supérieur à un mois est en fait assimilable à un délit d'entrave. Alors il faut intégrer dans la Constitution le fait qu'une loi votée, sauf stipulation expresse d'une date d'application, entre en vigueur automatiquement le 1er du mois suivant si elle a été entérinée pendant la première quinzaine, ou le 16 si c'était au cours de la deuxième quinzaine. Et fini de traîner inutilement les pieds pour en promulguer le décret d'application. Surtout si, ainsi que nous en avons parlé tout à l'heure, la lettre de la loi fait l'effort nécessaire pour redevenir intelligible par tout un chacun sans nécessité de circulaire d'interprétation.
Mais pour continuer à parler du tabac, enfin, j'ai pu recommencer ces dernières années, depuis qu'il est interdit d'y fumer, à apprécier d'aller au restaurant. Mon dieu qu'il en a fallu du temps pour faire reconnaître un droit aussi basique que celui à respirer sans se faire enfumer ! Comme si la section non-fumeur d'un restaurant à salle unique pouvait être autre chose qu'une section non-pisseur dans une piscine. Mais le fumeur, à de trop rares exceptions près, se refuse à admettre qu'il pue et que sa fumée gêne… jusqu'au jour où il décide enfin d'arrêter, découvre le point de vue des non-fumeurs et devient encore plus véhément qu'eux contre les enfumeurs. Incroyable étroitesse d'esprit que celle des gens aveuglés par leur ego !

Quidam :
Ceci dit, il faut aussi reconnaître le droit à fumer.

PG :
Bien sûr. Du moment que c'est sans enfumer. Libre de s'autodétruire avec un produit officiellement nocif, libre de renoncer à sa liberté en s'enchaînant à un produit officiellement addictif, mais pas libre de l'imposer à autrui.
Il est écrit sur les paquets de cigarette : « fumer tue ». Il est tellement évident que « vivre tue » que les fumeurs s'en moquent bien. Mais s'ils voyaient que la société refuse de prendre en charge leur cancer et que certains se trouvent alors dans des situations humaines dramatiques, peut-être que ça les interpellerait davantage.

Quidam :
Alcool et tabac sont lourdement taxés. Les buveurs d'alcool et les fumeurs contribuent donc davantage au budget collectif. Et vous, vous voudriez restreindre l'aide que la société pourrait leur apporter ? Ce n'est pas juste. Ou alors il faut réduire les taxes.

PG :
Et pourquoi ne pas carrément détaxer pendant qu'on y est ! Il ne faut pas considérer ces taxes comme une contribution supplémentaire, compensatoire, à la sécurité sociale. Il faut y voir une taxe dissuasive pour nocivité avérée, qui devrait d'ailleurs s'étendre à d'autres produits tels que les sodas, afin d'encourager à réduire, voire à supprimer, leur consommation. Et ce, uniquement parce que l'interdiction pure et simple serait vouée à l'échec de par la volonté farouche de l'humain à défendre bec et ongle son droit inaliénable à s'autodétruire. Alors la société, tout en étant forcée d'autoriser, s'adapte et cherche à dissuader. C'est son rôle éducatif qu'elle assume là. Et la taxation est un outil financier pour ce faire.
Les nuisances de l'alcool et du tabac ne sont pas limitées au budget de cancérologie du foie et des voies respiratoires, tout comme elles n'en sont pas l'unique cause. Il y a tous les dérivés médicaux indirects : toutes ces allergies, dont on ne sait pas bien les causes, mais dont on constate que les enfants exposés à la cigarette de leurs parents sont davantage victimes que les autres. L'asthme est également plus fréquent. Etc.
Si vous voyez une femme enceinte en train de fumer et ne faites rien, ne dites rien, vous êtes juridiquement coupable de non assistance à personne en danger. Et coupable de complicité d'empoisonnement de fœtus. Y aviez-vous jamais pensé ?
Qui n'a jamais vu un adulte, cigarette en main, exhalant sa fumée, penché au dessus d'un berceau : « oh, tu tousses mon bébé, tu as pris froid » ? Les campagnes de prévention contre le tabac ont au moins réussi à sensibiliser certains parents pour que ce genre de scène lamentable devienne moins fréquent. Mais l'égoïsme aveugle de nombre de fumeurs les perpétue malheureusement encore de trop. J'attends le jour où un enfant fera un procès à ses parents pour empoisonnement ! Peut-être d'ailleurs cela est-il déjà arrivé mais sans bénéficier de la publicité qu'il faudrait y réserver ?
La société a le devoir de protéger ses membres, y compris les mineurs, et y compris de leurs propres parents lorsque nécessaire. Si nous décrétons légitime de protéger leurs voies génitales de la pédophilie, il me parait totalement illogique de ne pas aussi protéger leurs voies respiratoires du viol par enfumage. Alors sanctionner de tels comportements irresponsables me parait une nécessité. Et tout particulièrement les fumeuses enceintes, car le fœtus n'a même pas la possibilité de changer de pièce pour échapper à cet égoïsme maternel inconséquent.

Quidam :
Tout en vous comprenant, il m'apparaît un tantinet contradictoire de proclamer le droit à l'avortement, donc le droit de la mère à disposer de la vie du fœtus, mais de prétendre la sanctionner si elle l'empoisonne par sa fumée.

PG :
Ce n'est nullement contradictoire. Paradoxal tout au plus, ce qui veut dire que la contradiction n'est qu'apparente et non réelle. Car c'est une chose très différente de reconnaître le droit de refuser d'avoir un enfant, que d'accorder le droit de lui pourrir la vie avant même sa naissance. Vous êtes libre d'avoir ou pas un enfant. Mais si vous choisissez d'en avoir un, vous avez le devoir de lui offrir les meilleures conditions possibles pour son existence. L'enfant n'est pas une chose dont vous pouvez disposer à loisir. Il a droit au respect de sa personne. Alors les mères qui décident d'accueillir la vie doivent prendre conscience de leur devoir de ne pas lui transmettre d'emblée des handicaps de santé en fumant, ni d'ailleurs en buvant de l'alcool.
Cette prise de conscience est d'autant plus importante que si les hommes, progressivement, ont tendance à moins fumer, les femmes au contraire, probablement pour ne pas laisser aux hommes le monopole de la bêtise, s'y mettent davantage, au point que leur espérance de vie s'est mise à diminuer. Comment peut-on voir un symbole de liberté et d'affranchissement dans le fait de fumer ? Ca me dépasse. Mais c'est leur droit.
A chacun de vivre selon son niveau de conscience.

Quidam :
Mais si se détruire par le tabac et l'alcool est un droit, quelle logique y a-t-il à interdire la drogue ?

PG :
Aucune.
Du moins pour les drogues douces. Le cannabis, de l'avis des experts de la science officielle, ou du moins de certains car je suis bien sûr qu'on pourrait en trouver d'autres tout aussi officiels pour affirmer le contraire, est moins addictif que l'alcool. Pour la nocivité par contre, c'est en débat entre ceux qui disent qu'elle est moindre et ceux qui la considèrent pire. Mais moindre, équivalente ou légèrement pire, à quoi rime d'interdire l'un pendant qu'on autorise l'autre ? A rien.
Je suis donc favorable à la légalisation de la vente et de la consommation du cannabis et autres appellations associées. Non seulement parce que c'est dans la logique de la légalité de l'alcool et du tabac, mais aussi parce que ça résout plus de problème que ça n'en crée. Il y aura une diminution de la petite délinquance liée au deal de shit puisque remplacée par des ventes officielles qui en plus généreront des recettes fiscales. Pareto, notre théoricien de l'amélioration, s'en frottera les mains dans sa tombe. Car il n'y aura pas plus de problèmes pour autant. L'accidentologie routière demeurera, mais en restant bien moins fréquente que celle engendrée par l'alcool, les dégâts pulmonaires sont parait-il même moindres que ceux engendrés par le tabac, tandis que pour les dégâts sur les neurones, le débat ne semble pas encore tranché. Alors, clairement, même si, à titre personnel, je suis contre l'usage de ce genre de produits, tout comme je suis contre le fait de fumer ou de boire de l'alcool, je suis résigné à ce que la légalisation soit inévitable. Et on voit bien que la France est sur un chemin qui l'en rapproche doucement.
Mais ce qui est vrai pour les drogues dites douces, ne l'est pas pour les drogues dites dures. Je défends le droit à s'autodétruire doucement, comme d'ailleurs le droit au suicide immédiat, mais dans la limite où ça ne nuit pas à autrui. Or les drogues dures sont bien davantage enclines à entraîner des nuisances pour autrui. Bien que cela puisse aussi s'appliquer à l'alcool, les consommateurs peuvent perdent le contrôle réel d'eux-mêmes et donc être amenés à faire n'importe quoi, y compris tuer ou blesser quelqu'un sans même en avoir conscience. On pourrait toutefois débattre de la possibilité d'autoriser des établissements spécialisés de consommation, à l'instar des fumeries d'opium d'antan en orient, avec obligation de garder le consommateur tant qu'il n'a pas digéré et dépassé son trip, tant qu'il n'a pas recouvré tous ses moyens pour pouvoir retourner dans les espaces publics sans risques pour autrui. Pourquoi pas ? Ce serait une option.
Par contre, il semble que ces drogues dures engendrent des dépendances plus sévères qui font que la consommation régulière devient nécessaire et que la déchéance physique et psychique se développe plus rapidement. Ces cocktails chimiques sont également beaucoup plus nocifs, avec des effets sur la santé plus aigus qu'il n'est pas question que la société ait à prendre en charge. Encore une fois, le droit à l'autodestruction ne doit pas devenir une charge pour la collectivité. Donc au final, non, je ne crois pas qu'il faille autoriser les drogues dures, même dans des établissements spécialisés. Et si jamais le choix collectif penchait en faveur de cette pratique, ce serait forcément avec exclusion de la prise en charge des effets de santé, si tant est qu'on puisse les identifier avec une suffisante certitude…

Quidam :
Et que faire contre cette nouvelle drogue, celle des paradis virtuels, si en vogue chez ces jeunes parmi lesquels s'est développé le phénomène des no-life ?

PG :
On pourrait envisager d'imposer aux fournisseurs d'accès Internet une déconnexion de ces sites de jeux en ligne d'au moins trois heures toutes les trois heures pour lutter contre la cyberdépendance, mais au final se développeraient les mêmes parades que celles que l'on voit se mettre en place pour déjouer la lutte contre le piratage, et notamment la connexion via serveur proxy et la multiplication des profils utilisateurs. Alors l'action serait essentiellement inefficace.
Et de toute façon, nous nous butterions de nouveau sur la question du droit à interférer avec la liberté d'autodestruction d'un individu. S'il s'agit d'une personne majeure, c'est son problème. S'il s'agit d'un mineur, c'est celui de ses responsables légaux. La société n'a à intervenir que si elle constate l'incapacité de ceux-ci à tenir leur rôle éducatif. Par exemple lorsque le comportement d'un élève à l'école démontre qu'il y a un malaise suffisamment sérieux pour que s'en inquiètent les services sociaux. Et ça doit alors pouvoir aller jusqu'à retirer le jeune de sa famille pour le placer soit en famille d'accueil soit en foyer éducatif. Bref, rien qui soit bien satisfaisant humainement, mais si ça peut permettre de limiter les dégâts que peut engendrer une démission parentale, il faut s'y résoudre.
Alors mieux vaut donner envie aux jeunes de vivre dans le présent plutôt que de le fuir, en construisant une société attractive plutôt que répulsive. Au final, quel que soit l'âge de la personne et quelle que soit la drogue, c'est la meilleure des solutions.
En attendant, on peut déjà alléger les problèmes sociaux de la question du trafic de cannabis, et on peut agir auprès des jeunes cyberdépendants. Par contre, sauf à décider d'encadrer l'usage des drogues dures pour en couper le trafic, la justice et la police auront malheureusement encore du travail pendant un certain temps.


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