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 RESPECT ET VERITE
Ch.12: Sexe et prostitution

12 : sexe et prostitution

Quidam :
Il est un autre domaine qui donne souvent du souci à la police, c'est celui de la prostitution. La solution n'est-elle pas dans l'interdiction de cet avilissement de la femme ?

PG :
Que d'étroitesse formulée en une seule question !
D'abord la prostitution ne concerne pas que les femmes, car il y a aussi des hommes prostitués. Ensuite avant de parler d'avilissement, ce qui est un jugement de valeur, il serait bon de s'assurer que le sujet est abordé libre des conditionnements moraux martelés par certains courants de pensée. Et enfin avant d'envisager d'interdire, il faut commencer par analyser les conséquences sociales de cette pratique.

Quidam :
Alors par où commence-t-on ?

PG :
Par le sexe, bien sûr.
Les religions chrétiennes, mais aussi la musulmane, ont propagé un fort conditionnement visant à diaboliser le sexe. Alors que, au fond, qu'y a-t-il de plus naturel ? Il est omniprésent dans la nature. Il est capital dans la reproduction puisque nous en sommes tous le fruit. Les études scientifiques démontrent qu'il est très favorable à la santé en général, et ce sous bien des aspects différents allant du purement physique au purement psychologique. Et pourtant, le sexe reste un tabou dans la société. Et les églises continuent de prêcher leurs principes d'un autre âge afin d'entretenir ce tabou. Les jeunes qui sont, à la puberté, naturellement travaillés par la curiosité sur ce sujet en sont réduits à le découvrir par l'entremise de magazines ou de vidéos pornographiques encore plus facilement accessibles depuis l'avènement d'Internet, et qui favorise le développement d'une conception erronée de la sexualité. Je considère tout cela comme très néfaste.
J'ai souvenir d'avoir vu sur Arte, un jour, un documentaire filmant en détail, et cela allait jusqu'au in vagino, un couple faisant l'amour. Ce documentaire remarquable présentait cet acte de la façon la plus naturelle qui soit, expliquant tout ce qu'il y a à en savoir, de la première stimulation des zones érogènes jusqu'à l'orgasme féminin et au coït masculin. C'était hautement pédagogique. Je regrette que ce documentaire ne soit pas systématiquement projeté dans les lycées dans le cadre de l'étude de la sexualité, car ce serait extrêmement positif et éviterait biens des dérives liées à une découverte via la pornographie.
Il est symptomatique, dans certaines émissions médicales de vulgarisation, de voir surgir des questions de téléspectateurs s'inquiétant par exemple d'avoir un éjaculat de petite quantité. Voilà bien une question que nul ne se poserait spontanément s'il n'était marqué par ces lâchés de béchamel dignes de compresseur haute pression que l'on peut voir dans les vidéos porno. Ce qui donne d'ailleurs lieu a un juteux business générant l'essentiel des spams en circulation sur le mail : augmenter la taille de son pénis ou éjaculer comme un acteur de porno. Le porc a un éjaculat de l'ordre d'un quart de litre. Messieurs, si vous voulez de grosses éjaculations, faites-vous greffer des testicules de porc. Mais ne vous étonnez pas si vous vous retrouvez durablement célibataire faute de partenaire férue de telles douches vaginales. Un gros phallus ? Rencontrez une petite madame aux organes génitaux en rapport avec sa menue constitution et vous vous trouverez bien embarrassé au moment de l'entrée en matière. La bonne taille d'un phallus ne peut se déterminer que de façon relative, par rapport à ce qui est adapté à sa, ou son, partenaire. Le reste relève du niveau de qui pisse le plus loin. Mais cette réalité est totalement occultée par la pornographie où le besoin de sensationnel établit le règne des gros membres. Une approche pédagogique adaptée de ce sujet est nécessaire pour effacer cette source de complexe qui n'a pas lieu d'être.

Quidam :
Donc vous souhaitez renforcer la pédagogie de la sexualité dans les écoles ?

PG :
Bien sûr. C'est le moment où les jeunes sont titillés par la question, et c'est le lieu le plus propice pour leur en donner une présentation objective. La découverte pratique dépendra ensuite de chacun, n'allez pas me prêter des propos que je n'ai pas dits et que je ne pense pas non plus. Je parle de théorie. La pratique doit rester du domaine de l'intimité de chacun et de son expérience de vie propre.
Il me semble évident que si le sexe retrouvait la place naturelle qu'il aurait toujours dû avoir, la société se libèrerait d'une quantité formidable de frustrations et de dérives qui lui sont très néfastes. Entre le puritanisme castrateur et le libertinage, il y a une juste mesure à retrouver : celle de la nature.
Prenons l'exemple de nos proches cousins les singes. Les bonobos s'envoient en l'air à tout va, avec n'importe qui, dans n'importe quelle position. Résultat : pas de conflits, pas de violence dans leur société. A l'inverse, les babouins hamadryas ont une société d'exclusivité sexuelle au profit du mâle dominant, et leurs relations sont hyper- violentes. A choisir, je préfère une société de bonobos à celle des babouins. Non pour la débauche sexuelle, mais pour l'absence de violence. « Faites l'amour, pas la guerre », disait le slogan hippie des sixties. Tout l'enjeu est là. Une sexualité bien vécue participe de manière très conséquente à l'équilibre de l'individu. Alors que la frustration découlant d'une sexualité mal vécue va générer, selon les cas, des déviances sexuelles genre viol et pédophilie, ou de la violence, voire de l'autodestruction pour ceux qui auront la pudeur de retourner cette violence contre eux-mêmes plutôt que d'en faire « profiter » autrui.
L'enjeu de la normalisation de la sexualité pour la société est majeur. Ce n'est pas une simple question de valeurs morales plutôt que d'autres. Ne croyez-vous pas qu'il y a un problème lorsque montrer une pénétration à l'écran est considéré obscène et sera interdit aux moins de 18 ans, alors qu'une cervelle qui explose sous l'impact d'une batte de baseball sera juste considéré un peu violent et au mieux déconseillé au moins de 12 ans ? Le second est pourtant certainement plus nocif que le premier, ne pensez-vous pas ? Mais notre société prône la violence, et l'entretient au moyen de la frustration sexuelle. Libérons-nous de cette frustration, vivons notre sexualité de façon plus naturelle, et notre monde deviendra moins violent et imperméable à la pornographie.

Quidam :
Je comprends bien votre approche. Mais par où commencer ? Inciter les gens à pratiquer le sexe à tout va comme chez les bonobos ?

PG :
Non. Ce serait là passer d'un extrême à l'autre. Certaines communautés prêchent l'amour libre. Libre à eux. Certains groupes à prétentions spirituelles organisent des partouzes qu'ils rebaptisent méditations sensuelles. Libre à eux également. Qu'ils vivent les expériences qu'ils souhaitent vivre.

Quidam :
Mais alors, où situez-vous la limite ?

PG :
Tout ce qui se passe entre adultes consentants est respectable. Là est la limite. Le reste n'est que jugement de valeur des uns ou des autres et n'a pas de relevance vis-à-vis de l'intimité d'autrui.

Quidam :
Mais quand même, cela ressemble à encourager une sexualité très libre. Ne serait-ce pas favoriser la fin des couples, de la famille, qui reste un pilier de la société ?

PG :
Que voilà encore une question empreinte de conditionnements étroits. La famille, du moins celle où il y a une progéniture parce que sinon ce n'est qu'un couple, a été la cellule sociale de base jusque dans le courant du siècle passé, le 20ème donc, mais a montré toutes ses limites depuis des décennies. Aujourd'hui, elle se fragmente, se décompose, se recompose, se délite à nouveau, bref fluctue et surtout vacille avec la multiplication des divorces, des familles monoparentales, des familles recomposées, etc. Elle a aussi démontré toutes ses limites avec le nombre croissant d'enfants dont les géniteurs, parents incompétents, ne s'occupent pas, se contentant de les nourrir et de les héberger, mais laissant la rue leur transmettre une éducation qui n'est pas forcément la meilleure. Et encore le divorce limite-t-il les dégâts. Qu'y a-t-il de pire pour élever un enfant qu'un couple qui se déchire en permanence parce qu'il s'est précipité à se reproduire avant de s'assurer d'être capable de vivre ensemble ? La violence physique ou verbale remplace l'amour dans le quotidien, l'adultère éventuel favorise le secret, le non-dit, la fermeture.
Alors la famille pilier de la société, voilà qui relève de valeurs totalement obsolètes, surtout dédiées à institutionnaliser le règne patriarcal du tout puissant chef de famille. Or ce règne est caduc. L'éclatement de l'institution familiale met l'individu face à lui-même et en prise directe avec la société, sans le cocon protecteur ou castrateur qu'elle représentait. Cela se fait donc au profit de l'individu qui arrive au devant de la scène et doit s'y comporter en adulte responsable. Cette évolution naturelle appelle à urgemment migrer du droit du sperme au droit du cœur. Car c'est aussi ça que nous enseigne le jugement de Salomon rapporté dans l'Ancien Testament : qu'importe la mère biologique, l'enfant est donné à celle qui l'aime. L'individu ne doit donc plus s'effacer derrière la famille-carcan de ces derniers millénaires. Il doit vivre, aimer, et se réaliser, chose qu'aucune famille ne pourra faire pour lui.

Quidam :
Secret, non-dit, fermeture, ce sont là des mots assez négatifs du point de vue psychologique. J'en conclus que vous n'êtes pas favorable à l'adultère ?

PG :
« Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire », comme disait un célèbre humoriste. Je considère que l'adultère n'est pas une fin en soi. On ne se marie pas dans le but de pouvoir avoir des relations adultères. Mais quand cela se passe, je pense qu'il n'y a pas matière à jeter la pierre. Cela ne regarde que les personnes concernées. Et dans les personnes concernées, je ne suis même pas sûr qu'il y ait lieu d'inclure le ou les conjoints supposément trompés.
Le ferment d'un couple, c'est l'amour, pas le sexe. Et il faut cesser de confondre les deux. Parfois ils se rejoignent, parfois non. Imaginez deux personnes qui s'aiment, mais ont des besoins très différents au niveau sexuel. L'un a besoin de sexe fréquent et intense, l'autre au contraire se sent débordé par cette demande qui ne correspond pas à ses aspirations. Alors celui qui a de gros besoins sexuels va chercher à les satisfaire hors de son couple. Est-ce « tromper » son conjoint ? Où simplement reconnaître la réalité d'une différence entre eux à ce niveau particulier de fonctionnement de leurs êtres respectifs ? Car il faut bien reconnaître cette réalité : nous ne sommes pas égaux non plus face à la sexualité.
Tromper, ce n'est pas s'autoriser du sexe hors mariage, mais rester en couple avec quelqu'un qu'on n'aime pas ou plus. Là oui, il y a mensonge. Il y a tromperie. Satisfaire des besoins physiques hors de son couple alors que l'amour demeure, est-ce réellement tromper ? Considérez-vous que vous trompiez votre conjoint lorsque vous allez faire une partie de tennis avec quelqu'un d'autre ?

Quidam :
Enfin il y a quand même une différence entre le sport et le sexe.

PG :
Partie de tennis ou partie de pénis, je crois surtout que la différence est dans votre tête. Du moins tant qu'une contraception efficace est assurée, c'est une activité physique comme une autre, à la croisée des sports de contact et des activités de massages et de bien-être. Je retrouve dans votre réflexion tout le conditionnement moral et religieux que véhicule notre éduction au sein de cette société. Changez l'éducation et vous changerez le conditionnement. Changez le conditionnement et vous changerez votre point de vue sur bien des sujets. Prenez conscience que la justesse de votre appréciation est toujours limitée par la distance que vous êtes capable de prendre par rapport à votre subjectivité.
Dans l'absolu, ce qui compte, ce n'est pas l'exclusivité sexuelle, mais la vérité des sentiments. Si vous avez besoin d'assouvir des pulsions sexuelles hors de votre couple, la seule vraie question est : « comment vivre ce que j'aspire à vivre sans faire souffrir mon conjoint » ? Si le conjoint a les idées larges et ouvertes, peut-être que vous pourrez le vivre ouvertement sans que ça ne pose de problème. Certains n'ont même aucun problème à vivre à plusieurs, que ce soit en polygamie, en polyandrie car ça existe aussi, ou en communauté très libre de plusieurs couples. Le cœur n'est pas limité à aimer une seule personne : il a vocation à aimer le monde entier. Ce sentiment peut s'accompagner de sexe comme il peut le transcender. L'exclusivité sexuelle n'est qu'une option. L'acte sexuel et le sentiment amoureux sont deux choses bien distinctes dont la pratique nous confirme qu'il est plus épanouissant de les réunir, mais qui peuvent aussi avoir chacun leur existence propre. Encore une fois, tout est respectable et il faut se garder de juger. Par contre, ce qui est le cas le plus fréquent dans notre culture, si les idées de votre conjoint officiel ne sont pas aussi larges que ça, peut-être devrez-vous vous assurez de demeurer discret, non dans l'objectif de tromper, mais dans celui de ne pas faire souffrir. Et si vous vous apercevez avec le temps que vos sentiments pour votre conjoint s'étiolent, alors vous prendrez simplement conscience que votre amour n'était que passager et que vous n'êtes pas le complément idéal l'un de l'autre. La question sexuelle n'aura servi que de révélateur.

Quidam :
Le fameux mythe de l'âme sœur.

PG :
En quelque sorte. Dans l'absolu, je pense que quand une personne rencontre celui ou celle qui le complète suffisamment adéquatement, même sans aller jusqu'à la béatitude du concept d'âme sœur, la question sexuelle se vit naturellement sans problème et sans besoin d'aller voir ailleurs. Si la relation n'est pas aussi complémentaire que ça et qu'il demeure des inadéquations au niveau sexuel, dans l'absolu, je considère que la voie spirituelle doit inciter à chercher à transcender ces besoins pour vivre l'amour au niveau du cœur plutôt qu'au niveau de la culotte. C'est le principe des vœux d'abstinence, comme l'avait fait Gandhi alors même qu'il était marié. Mais cela n'est pas donné à tout le monde et ne doit résulter que d'un choix volontaire.
En fonction de ses aspirations propres, chacun doit suivre la voie qui lui convient. Certains voudront œuvrer à sublimer leur sexualité, d'autres simplement à l'équilibrer, et d'autres encore à y satisfaire sans se poser plus de questions que ça. Encore une fois, tout est respectable, du moment que ça n'entraîne rien de néfaste pour autrui. Donc, très clairement, si je comprends fort bien le principe sous-jacent dans l'exigence de célibat et d'abstinence des prêtres catholiques, je considère qu'il est profondément malsain de l'imposer comme le fait le Vatican. L'attitude d'autres églises sur ce point, comme les protestants, les bouddhistes, les musulmans, et bien d'autres, qui autorisent le mariage de leurs prêtres, me parait autrement plus constructive. Non seulement cela évite aux prêtres qui n'arrivent pas à transcender leurs pulsions sexuelles de fantasmer sur les enfants-de-cœur, mais en plus ils peuvent ensuite parler à leurs ouailles à partir d'une expérience vécue de la vie de famille, donc être bien plus proches d'eux et mieux les comprendre.
Alors le sexe, il faut cesser de le charger de restrictions morales et simplement le vivre selon sa nature et ses aspirations propres, au risque que ne se développent des frustrations génératrices de déviances et de violences. C'est une réalité de l'être humain qu'une société ne peut se permettre de nier, sous peine de favoriser les problèmes de criminalité sexuelle que nous constatons aujourd'hui.
Et c'est là que la prostitution prend tout son rôle au niveau social. Car si vous êtes travaillé par des pulsions sexuelles que vous ne pouvez satisfaire au sein de votre couple, que vous ne parvenez pas non plus à transcender, mais que vous n'êtes pas suffisamment dragueur pour trouver un amant ou une maîtresse en complément, ou encore que vous considérez le paiement comme l'assurance de préserver vos sentiments pour votre conjoint, diminuant donc la culpabilité inculquée par le conditionnement contre l'adultère, la prostitution vous offre l'exutoire qui vous permettra d'assouvir vos besoins sans que ceux-ci ne se transforment en nuisance pour autrui. Et c'est encore plus vrai pour un célibataire ayant des difficultés à trouver des aventures amoureuses pour satisfaire ses besoins sexuels.

Quidam :
Pourtant, ne peut-on considérer la prostitution comme une nuisance pour ceux qui sont forcés de la pratiquer ? Positiver ainsi la prostitution comme vous le faites n'est-ce pas la porte ouverte à l'exploitation de la pauvreté ?

PG :
Ne mélangeons pas tout. Pour ce qui est de l'exploitation de la pauvreté, elle est omniprésente dans ce monde. Mais vous le savez et je pense que vous pensiez en fait à « exploitation sexuelle » de celle-ci. Et là encore, vous faites une différence vis-à-vis du caractère sexuel de cette exploitation, du fait de votre conditionnement culturel. Il faut cesser de considérer les prostituées et prostitués comme des victimes. La plupart, du moins dans notre pays, le font parce qu'ils veulent bien le faire. Certains parce que leurs pulsions sexuelles correspondent à cette activité qui leur permet alors de joindre l'utile à l'agréable. D'autres parce qu'ils considèrent que c'est un moindre mal par rapport à un travail à la chaîne en usine. D'autres encore parce que c'est une activité à temps partiel qui peut avoir un rapport suffisant pour financer une autre vie à côté, que ce soient des études, des tentatives artistiques, etc. On peut trouver tous les cas.
Et effectivement, on trouvera aussi le cas de personnes exploitées de force. Mais cela n'est pas l'apanage du travail sexuel. On trouve ça aussi dans les ateliers clandestins où sont exploités des semi-esclaves, et ce n'est en rien moins critiquable. Alors la question n'est pas pour ou contre la prostitution, mais de traquer de façon effective le proxénétisme. Voilà ce qui n'est pas acceptable : que certains exploitent ainsi le travail d'autrui. Mais être proxénète ou patron esclavagiste d'un atelier clandestin, j'avoue que je ne fais guère de différence.

Quidam :
Admettons. Mais pour ce problème spécifique de la prostitution, quelle solution verriez-vous ?

PG :
La solution est relativement évidente et est la même que pour le cannabis dont nous venons de discuter : légaliser ! Alors ici, ce n'est pas tant que la prostitution soit interdite, mais plutôt que lui sont imposées des conditions favorisant la clandestinité et donc qui en augmentent les dangers. Or les personnes qui se prostituent sont des citoyens comme les autres et ont droit à ce titre de choisir le métier qu'elles veulent pratiquer autant que de le pratiquer dans de bonnes conditions de sécurité. J'approuve l'interdiction du racolage dans la rue, que ce soit pour la prostitution comme pour tout autre démarchage commercial. Mais quand sous prétexte de cette interdiction, la prostitution est repoussée vers des zones à risque, telles des terrains vagues, des bords de route isolés, des bois sombres, etc., forcément se mettent en place des contextes favorables au développement de la criminalité, que ce soit de la part de clients dérangés et dangereux ou que ce soit de la part de proxénètes. Et dans le système actuel, il ne faut pas négliger le fait que le proxénète certes exploite, mais aussi qu'il apporte une certaine protection vis-à-vis des clients dangereux. Alors force est de reconnaître que la position de la société, dans sa volonté encore une fois de faire l'autruche, crée le problème et légitime en partie le proxénétisme.
La solution est donc de rouvrir les maisons closes. D'accord, je connais la boutade pointant la contradiction qu'il y a à vouloir rouvrir des maisons qui ont vocation à être closes plutôt qu'ouvertes. Mais les paradoxes linguistiques, pour amusants qu'ils puissent être, ne doivent pas faire obstacle au bon sens. La réouverture des maisons closes, c'est la possibilité pour les travailleurs du sexe d'exercer dans de biens meilleures conditions, tout en assurant une bien meilleure lutte contre le proxénétisme qui n'a alors plus aucune raison d'être.
A ce titre, d'ailleurs, il faut aussi bien accepter le fait que le conjoint d'une personne qui se prostitue n'est pas pour autant nécessairement un proxénète. Pourquoi un ou une prostitué(e) n'aurait-il ou n'aurait-elle pas droit à une vie de famille comme tout un chacun ? La nuance proviendra de ce que le conjoint force à la prostitution pour son intérêt propre ou que c'est librement choisi par la personne qui la pratique.
La prostitution doit donc devenir une activité professionnelle comme une autre, et les maisons closes des établissements entrepreneuriaux comme les autres. D'ailleurs cela rendra plus facile aussi pour les clients d'éviter la confusion des genres : ils iront au salon de massage pour les papouilles, et à la maison close pour les bisouilles.

Quidam :
Mais certains pensent que la réouverture des maisons closes est avant tout une façon de mieux surveiller les prostituées pour mieux taxer leurs revenus. Qu'en pensez- vous ?

PG :
Qu'il y a bien mieux que ça pour lutter contre le travail au noir dont la prostitution n'est qu'une petite partie. D'ailleurs, rouvrir les maisons closes ne veut pas dire interdire la prostitution en dehors de celles-ci. Certains préfèreront recevoir chez eux, ou se déplacer chez leur client, ou rester au bord d'une route. Libre à eux. La sécurité y sera moindre, et je ne parle évidemment pas de la sécurité relative aux maladies sexuellement transmissibles qui relève dans cette profession essentiellement de l'usage du préservatif, mais de la sécurité contre la violence physique. Autre que les prestations demandées et consenties de jeux sado-maso évidemment. Eh oui, il y a de tout dans ce monde, mais tant que c'est entre adultes consentants, cela ne concerne personne d'autre.

Quidam :
La lutte contre le proxénétisme ne sera pas résolue pour autant par la simple réouverture des maisons closes, vous en êtes bien conscient, je pense. D'ailleurs, en assurant la taxation des revenus de la prostitution, l'Etat ne deviendrait-il pas le premier maquereau de France ?

PG :
Dans la mesure où je ne fais guère de différence entre la prostitution et une autre activité libérale de services à la personne, engranger les contributions liées à ces revenus ne fait pas plus de l'Etat un proxénète que lorsqu'il taxe les médecins ou les jardiniers. C'est la simple collecte de la contribution de chacun au fonctionnement commun.
Pour ce qui est de la lutte contre le proxénétisme, favoriser des ateliers légaux ne signifient pas que les illégaux vont disparaître. De même, les maisons closes n'empêcheront pas des gens sans scrupules de tabasser une fille, peut-être enlevée à l'étranger, pour la mettre dans une cabane de chantier où des ouvriers, peut-être immigrés clandestins travaillant au noir et en manque de vie familiale autant que de relations féminines, vont s'y vider les burnes à la chaîne. L'horreur n'a de limite en ce monde que dans les limites de l'imagination des humains. Et comme celle-ci est très développée, il faut aussi se donner les moyens de la contrer.
Des mesures de contrôle financier pour lutter contre le travail au noir seront aussi de nature à réduire voire à supprimer ce genre de situation. Mais il ne faut pas être naïf : dans notre société, que ce soit contre les trafiquants ou contre les proxénètes, qui ne sont jamais que des trafiquants de chair fraîche, la lutte contre ces dérives criminelles passera forcément et encore pour longtemps par des institutions policières et judiciaires performantes.


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