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 RESPECT ET VERITE
Ch.22: Travail et chômage

22 : travail et chômage

Quidam :
Alors que préconisez-vous en matière d'organisation du travail pour que les gens n'aient plus autant envie de vivre sans travailler ?

PG :
Je vois deux problématiques distinctes sur ce sujet. Le rythme de travail et la mobilité interprofessionnelle. Commençons par le premier : le rythme de travail.
Partant du principe qu'il vaut mieux profiter de l'existence un peu tout au long de celle-ci plutôt que seulement un peu avant sa fin, ce n'est pas profiter de la retraite qu'il faut promouvoir mais alléger le rythme de travail hebdomadaire pour dégager davantage de temps libre en marge de la vie professionnelle.
Partant du principe que la pression excessive au travail est un élément clé de l'usure ressentie à la longue et donc un élément décisif dans l'envie d'arrêter de travailler, alléger la charge de travail hebdomadaire permet de réduire le stress et donc le désagrément engendré par ce travail. Accessoirement, mais pour effet secondaire que ce soit ce n'en est pas moins un effet capital, nous constaterons aussi une amélioration de la santé générale de la population française actuellement championne du monde de consommation d'antidépresseurs. Pour paraphraser le Dalai Lama, « il est quand même assez curieux de se rendre malade pour gagner de l'argent qu'il faut dépenser ensuite à se soigner ». Travaillons pour gagner de l'argent, et dépensons-le plutôt à nous épanouir qu'à essayer d'être moins malades.
Partant du principe que le travail n'est pas assez abondant pour que tout le monde en ait, jeunes, seniors, et tranches d'âge intermédiaires trop souvent oubliées mais tout aussi concernées par ce problème, réduire la durée du travail permet de le répartir entre tous, comme il faut le faire d'une ressource limitée. C'était la logique avancée par le gouvernement qui a mis en œuvre le passage de la semaine de 39 heures à celle de 35. Et c'est une bonne logique, sauf que cela a été fait avec tant de maladresses et en avançant à reculons, pris entre le désir de ne pas braquer le patronat et celui de forcer la réimplantation des syndicats dans le monde du travail en leur octroyant le monopole de signature des accords d'entreprise sur la question, que le résultat a été très contreproductif. D'un côté, les entreprises n'ont pas davantage embauché puisque la diminution d'heures travaillées ne s'accompagnait pas d'une diminution concomitante de la masse salariale. De l'autre, seules les grandes entreprises pouvaient envisager de créer de nouveaux emplois en accolant plusieurs morceaux de 4 heures non travaillés ensemble dans une même fonction. Mais elles ne l'ont guère fait vu qu'elles se considéraient déjà plutôt en sureffectif. Alors parce que réduire de 4 heures n'était pas suffisant, et parce que la quasi-totalité des accords signés prévoyaient le maintien des salaires mensuels malgré cette baisse horaire, le chômage n'a pas diminué et la réduction des heures travaillées s'est compensée par une augmentation de la pression ressentie par les salariés.
C'est une journée entière de travail qu'il aurait fallu supprimer ! Et avec diminution proportionnelle des salaires. Et là vous auriez vu le chômage fondre, et les salariés « profiter » de l'existence. Et comme les chômeurs aussi consomment des antidépresseurs, moins de chômage implique une meilleure santé globale.
Bref, tous ces points aboutissent à la même conclusion : travaillons moins pour vivre mieux ! Et tant pis pour ceux qui prêchent le contraire.

Quidam :
Bon, je comprends bien que lorsque vous dites « travaillons moins », ça ne veut pas dire plus du tout.

PG :
Effectivement laissons aux humoristes le soin de déformer les propos et sortir de bons mots de type « si le travail c'est la santé, sois généreux, laisse-le aux autres ». Certains métiers ne sont pas particulièrement vecteurs de bonne santé, c'est vrai, mais l'oisiveté, par contre, est certainement mère de biens des maux sinon de tous les vices.
Et puis aussi, travaillons moins pour travailler mieux. C'est une chose reconnue que le travailleur à temps partiel est plus productif et globalement en meilleure forme, voire plus agréable et de meilleure humeur, que le travailleur à temps plein. Et ça tombe sous le sens. Les Pays-Bas l'ont bien compris qui ont fait un réel effort pour promouvoir le travail à temps partiel.

Quidam :
Pourtant, malgré tout ce qui se dit sur la cherté du travail dans notre pays, une étude a établi que les cadres français sont parmi les plus productifs au monde. Et il est précisé qu'ils sont parmi ceux qui quittent le bureau le plus tard le soir, souvent aux environ de 19 heures, contre 18 pour leurs homologues allemands, voire 17 pour les suédois. C'est donc plutôt l'inverse du temps partiel.

PG :
Certaines études faites depuis le petit bout de la lorgnette peuvent arriver à des conclusions très trompeuses. Une étude plus ouverte, départie des œillères propres à un sujet trop étroit, vous aurait probablement aussi fait ressortir qu'en contrepartie nos cadres français subissent davantage le burn-out, et que c'est aussi parce qu'ils se sentent ainsi usés à l'excès qu'ils veulent partir en retraite plus tôt que leurs collègues des autres pays. Alors…

Quidam :
Je vous le concède. Et puis, c'est vrai que le temps partiel, ça peut être sympa. Mais encore faut-il préciser temps partiel « choisi ». Ce qui est un choix déjà de privilégié, car bien peu de salariés peuvent se permettre une diminution de leur salaire. Et c'est pourquoi le temps partiel est rarement choisi en France, mais bien davantage subi. Si on réduit, ainsi que vous le suggérez, le temps de travail d'une journée par semaine, soit un passage aux 28 heures au lieu de 35, et que les salaires baissent en proportion, c'est à dire de 20%, il va falloir embaucher massivement des CRS pour contenir les émeutes.

PG :
Je commençais à me dire que si vous ne me posiez pas rapidement la question il allait falloir que j'aborde le sujet spontanément. Ce que vous dites découle d'un raisonnement sur la partie émergée de l'iceberg. Il faut élargir votre point de vue. Et commencer par comprendre comment fonctionne un salaire.
Supposons que vous gagniez un salaire brut de 100. L'employeur retient les charges salariales d'environ 20%, pour faire simple dans un système qui ne l'est pas du tout vu que ça varie selon le niveau de salaire et le statut cadre ou non cadre. Mais il ne les conserve évidemment pas pour lui, puisqu'il les verse pour votre compte aux diverses caisses de cotisations sociales. Et vous, vous touchez donc un net de 80. Mais l'employeur, lui, paye non seulement ces 80 et ces 20, mais aussi les charges patronales que, pour simplifier dans cet exemple, je situerai forfaitairement à 35%, sachant que ça varie encore plus sauvagement de moins de 30% à près de 45%, selon les tranches de salaires, les réductions de charges sur bas salaires, la cotisation à des caisses cadre ou pas, les taux d'accident du travail spécifiques à chaque activité et qui ne sont pas forcément les mêmes au sein d'une même société, l'existence d'une mutuelle d'entreprise ou pas, la prise en charge ou pas d'une partie de l'abonnement transport en commun, l'effectif de l'entreprise qui conditionne la taxe d'apprentissage, la formation, et le versement au comité d'entreprise, les éventuels tickets restaurants, etc., etc. Ce n'est pas rien d'être technicien de paye en France, bien que ce soit un job généralement mal payé. Et les services de ressources humaines des grands groupes étrangers pâlissent quand ils découvrent ça, s'empressant de déléguer cette tâche ardue à des cabinets spécialisés. Mais passons. Donc ce qu'il faut retenir c'est que le salaire brut n'est rien. Ces 100 n'existent pas. Ce qui existe, c'est d'un côté les 80 que vous gagnez, et de l'autre les 135 que paye l'employeur au global pour votre travail. Si nous décidons que la durée légale du travail à temps plein n'est plus de 35 heures mais de 28, l'employeur, pour s'y retrouver, doit avoir une baisse correspondante de votre coût salarial, et va donc vouloir qu'il passe de 135 à environ 80% de ce montant, soit 108. Ceteris paribus, ce qui, je vous le rappelle, veut simplement dire, mais en y rajoutant un petit côté pédant taquin, « toute chose égale par ailleurs », votre net baisserait aussi dans la même proportion et deviendrait 64. Et alors là vous descendriez dans la rue au motif de ne pas pouvoir boucler vos fins de mois, et je vous comprendrais. Mais si au contraire, le ceteris paribus latin est envoyé se faire voir chez les grecs, et que l'on prend en compte le fait qu'est générée une baisse considérable du chômage et donc du besoin en cotisations correspondant, que le coût des retraites baisse également considérablement et donc itou les cotisations rattachées, que la santé générale va s'améliorer et donc aussi les cotisations de sécurité sociale, etc., alors là, ce n'est plus du tout le même tableau. Avec le coût de 108 payé par l'employeur, on peut vous maintenir votre 80. Car la différence de 28 de cotisations diverses suffira pour faire face aux besoins de la solidarité sociale. Et alors là, est-ce que vous descendez toujours dans la rue ?

Quidam :
Non, là, bien sûr, payé autant pour moins de travail, je ne descends plus dans la rue et je vote pour vous.

PG :
C'est gentil de votre part.
Mais le raisonnement ne s'arrête pas là. Croyez-vous que les employeurs seront toujours aussi tentés de délocaliser si, sans changer le coût salarial, ils bénéficient d'employés plus performants et plus agréables à vivre ? Le résultat en sera, là encore, un facteur de dynamisation naturelle de l'économie. Et qui dit naturelle dit durable et saine. Contrairement à toutes ces mesurettes fiscales, exonérations temporaires, subventions diverses, qui font autant d'effet que des feux de paille tout en coûtant très cher.

Quidam :
En fait, ce que vous exposez se présente comme un cercle vertueux, contrairement aux cercles vicieux dans lesquels nous sommes pris actuellement.

PG :
C'est exactement ça. Quand le système est sain, il fonctionne naturellement et durablement bien. Quand il est boiteux, il hoquettera jusqu'à ce qu'il explose. C'est ce que fait actuellement le système rigide et mal pensé mis en place voici plusieurs décennies. Alors il est utile de penser à faire rapidement la transition vers une nouvelle organisation, plus saine parce que plus vivante, c'est à dire flexible et évolutive, avant que n'arrive l'explosion. Car cette dernière ne sera pas indolore. Rappelez-vous, et je crois l'avoir déjà dit : un changement subi dans l'urgence est toujours plus douloureux qu'un changement volontaire et anticipé.

Quidam :
Mais on peut imaginer que tout ne soit pas favorable dans les effets de ce cercle vertueux. Par exemple, si la durée du travail est facteur du taux de chômage, mais que beaucoup d'employeurs s'établissent en France, créant beaucoup d'emplois et donc faisant remonter la durée du travail, on risque de se retrouver à 60 heures semaine.

PG :
Effectivement, c'est un aspect à prendre en compte. Mais il y a deux parades faciles à ce problème. D'une part maintenir une durée normale maximale de 35 heures comme actuellement, et d'autre part agir sur le levier de l'immigration. Actuellement, nous laissons rentrer des immigrés qui ne font que créer davantage de chômage et de problèmes sociaux divers. S'il y a pénurie de travailleurs, il sera facile d'en trouver parmi les candidats à l'immigration afin de viser le maintien d'un taux de chômage d'ajustement d'environ 5%, niveau généralement assimilé à du plein emploi. Mais je parle de 5% réel, pas juste des 5% que les statistiques ne sont pas arrivées à expulser de leurs faux chiffres. Et si ce facteur d'ajustement doit rester limité de par l'objectif de réduction de la démographie nationale, alors il s'ensuivra simplement, naturellement, une pression à la hausse sur les salaires qui dissuadera l'implantation de nouvelles entreprises jusqu'à ce que s'installe un équilibre.
Par contre, il y a un vrai bémol à souligner dans ce que je viens d'exposer : le vase communiquant vertueux permettant de maintenir le net par abaissement des cotisations sociales n'est vrai que dans un système à l'équilibre. Or notre système social actuel est tout sauf en équilibre. A peu près tous les régimes sociaux, qu'ils soient de retraite, de santé, d'allocations familiales ou de chômage, sont en déficit. Alors il faudra bien intégrer ces déficits dans le rétablissement d'un système équilibré. Et cela veut dire que le passage à ce nouveau système ne sera pas un simple glissement naturel et indolore, mais devra être le résultat d'une volonté de retour à un équilibre. Et qui dit volonté dit effort. Il y a forcément un moment où il faut aussi payer le prix de son inconséquence passée. C'est pourquoi à un moment donné, il va falloir cesser de raisonner en cloisonnant les problèmes, ici la retraite, là la maladie, etc., parce que au final, ce sont les impôts directs et indirects qui font l'ajustement des déséquilibres. Et tous ces déficits sociaux, ne sont jamais que des filialisations comptables à intégrer au déficit budgétaire national. Mais laissons ce problème d'une réorganisation plus complète de ce domaine pour le sujet plus global de la contribution et de la solidarité.

Quidam :
Eh bien soit, nous y reviendrons donc plus tard. Mais un mot peut-être sur ces métiers où les gens travaillent traditionnellement beaucoup. En quoi seraient-ils affectés ?

PG :
Vous pensez, je suppose, aux artisans, aux agriculteurs, à certains consultants, médecins ou autres professions libérales, à ces chefs d'entreprises, bref à tout ces gens qui sont maîtres de leurs heures de travail et ne les comptabilisent donc pas. Le temps de travail légal est une variable qui affecte les salariés. Toute personne indépendante reste libre de travailler comme elle le souhaite, et même de se tuer au travail si telle est l'expérience de la vie qu'elle veut faire. Certains ont besoin de se réaliser dans leur travail et s'y investissent corps et âme. Ce sont d'ailleurs souvent ceux qui supportent le moins bien le passage à la retraite et à l'inactivité. La société se doit de permettre cette liberté. Je ne prône absolument pas une organisation sociale qui empêche les gens qui veulent s'éclater au travail de le faire. Ils le pourront en se prenant en charge, comme indépendants ou patrons d'entreprise. Mais cela n'empêche pas qu'un gouvernement ait le devoir de gérer les données macro-économiques telles que le taux de chômage et qu'il ajuste la durée légale du travail salarié en conséquence. Ce n'est nullement incompatible.
Et je vais même plus loin : cette durée légale du travail ne doit pas être rigide. Elle est un levier d'ajustement macro-économique piloté par le Gouvernement, mais le système doit aussi conserver au niveau micro-économique la souplesse dont a besoin une entreprise pour fonctionner. Imaginez une entreprise dont l'activité s'accroît temporairement. Si c'est un petit accroissement, elle peut avoir besoin de demander des heures supplémentaires à ses salariés. Si c'est un gros accroissement, peut-être demandera-t-elle plus d'heures supplémentaires ou peut-être préfèrera-t-elle recourir à un travailleur temporaire. Et si ça dure, là encore, quel choix fera-t-elle ? L'entreprise doit disposer de la souplesse nécessaire pour faire le choix qui lui semble le plus pertinent en fonction de règles souples et incitatives plutôt que rigides et bloquantes. Avec un système prévoyant que la première heure supplémentaire hebdomadaire soit rémunérée avec une majoration de 10% du salaire horaire, la deuxième 20%, la troisième 30%, etc., l'entrepreneur aura vite fait d'intégrer ces paramètres pour faire ses choix. Un petit accroissement impliquera des heures sup. parce que le personnel présent et formé sera plus efficace. Pour un gros accroissement, il commencera à se poser la question de former un travailleur temporaire. Et en cas d'accroissement durable, là encore il saura faire son choix. Des salariés travaillant en temps normal à un rythme correspondant à du temps partiel actuel n'auront aucun mal à absorber un surcroît temporaire de travail, voire y trouveront une satisfaction de par la rémunération complémentaire qu'ils en tireront. Le système se régulera ainsi tout seul, sans contrainte autre que de faire respecter ces dispositions.
On peut juste se poser la question de fixer une limite absolue au nombre d'heures sup. acceptables dans une semaine. La dixième heure sera déjà majorée de 100%, ce qui est déjà assez dissuasif et incitatif à prendre un salarié temporaire. Mais on sait que tous les excès sont possibles et on peut très bien conserver une limite hebdomadaire absolue, fixe, comme par exemple celle existant actuellement à 48 heures par semaine. Si on se base sur une semaine normale à 28 heures, celui qui en ferait 48, soit 20 heures supplémentaires aurait un salaire multiplié par 2,5 sur la période. Il sera certainement content de recevoir sa paye. Mais pas de faire ça toutes les semaines.

Quidam :
Mais qu'en serait-il pour les cadres, qui font partie de ces catégories de travailleurs dont les heures ne sont pas comptées, et qui fonctionnent souvent plutôt avec des forfaits annuels en jours de travail ?

PG :
J'ai entendu une fois un conférencier donner une définition du mot cadre : « structure rigide entourant du vide ». J'ai une carrière d'une vingtaine d'années maintenant en tant que cadre en entreprise, et, franchement... voilà !
Mais trêve de plaisanterie. Cadre, c'est un statut honorifico-égotique qui ne veut rien dire. Il n'amène que des cotisations sociales supplémentaires spécifiques aux régimes de cadres, le droit de travailler sans compter ses heures et donc au final bien plus qu'un employé, permettant du coup à l'étude que vous mentionniez de les classer comme très productifs puisque non payés pour leur investissement en heures quotidiennes, et j'en passe. Quand j'ai négocié une complémentaire maladie d'entreprise pour les salariés et que j'ai refusé qu'il y ait un taux de cotisation différent pour les cadres et les non-cadres, je me suis fait regarder bizarrement par les représentants des assurances consultées. Et pourtant, pourquoi introduire ce genre de segmentation ? Non, pour moi, ce statut cadre est une incongruité qui doit disparaître. Certaines secrétaires ont plus de pouvoir de décision qu'un cadre. Il faut se détacher de ces considérations statutaires et se préoccuper davantage du contenu du poste et des responsabilités réelles qui lui sont rattachées, de l'autonomie décisionnelle, etc., car c'est ça qui importe pour le fonctionnement de l'entreprise autant que pour le salarié. Le reste, c'est juste bon pour se caresser le nombril.
Alors exit le statut cadre, ce sont des salariés comme les autres, à soumettre aux mêmes règles que les autres. La seule exception à cela pouvant se situer au niveau de collèges spécifiques pour élire des représentants du personnel, les différences de responsabilités pouvant induire un point de vue différent sur diverses questions de la vie de l'entreprise. Et il importe que tous les points de vue puissent être représentés. Mais une telle segmentation doit se baser sur les responsabilités réelles et l'autonomie de travail, pas sur un simple statut. Et alors là, on constatera que bien des chefs de service au statut d'agent de maîtrise sont plus cadres que des soi-disant cadres.
Bref, les cadres, aux 28 heures comme les autres, sous peine de les préparer au burn-out et à la dépression, en plus de créer des pénuries d'emploi à responsabilité alors que nos universités produisent régulièrement des flots d'individus diplômés en recherche de tels postes.

Quidam :
Justement, pensez-vous qu'une semaine de travail à 28 heures soit réaliste ?

PG :
Pour être tout à fait honnête, je n'en sais rien. Je n'en sais rien parce que je ne connais pas les données réelles du vrai chômage. Des chiffres sont annoncés qui sont de toute évidence manipulés pour les besoins politiques et régulièrement décriés par divers organismes estimant qu'on en est plutôt au double des données officielles. Ces dernières excluent en effet des catégories entières de travailleurs qui sont pourtant en recherche d'emploi : les chômeurs ayant commencé une formation en sont l'exemple le plus évident. Mais il y a aussi nombre de gens qui ne cherchent plus ouvertement d'emploi, souvent de guerre lasse, et ne sont donc plus inscrits au Pôle Emploi faute d'en percevoir quelque allocation, mais seraient néanmoins intéressés à en trouver, surtout avec des horaires allégés comme ça. Je gage qu'il existe encore une bonne réserve de femmes au foyer que la situation actuelle frustre de leur envie d'aller gagner leur propre argent et de contribuer ainsi à l'entretien du foyer autant qu'à ouvrir leur horizon personnel. Alors je ne sais pas si 28 heures est la bonne mesure. Peut-être est- ce 30 ? Peut-être même 25 ? Il faudra une étude complémentaire sérieuse et honnête sur ce point pour le déterminer. Le Gouvernement dispose des services nécessaires pour ce faire. Ce n'est absolument pas un problème. Il faut juste un peu de volonté politique et de transparence. Mais je pense que 28 ne doit pas être loin de ce qui convient.

Quidam :
Quand vous parlez de l'horaire légal du travail comme d'un levier ajustable par le gouvernement, comment l'envisagez-vous ? Parce que des ajustements fréquents rendraient très compliquée la gestion du personnel des entreprises. Augmentez le quota d'heures légales et l'entreprise se retrouve en sureffectif.

PG :
D'où l'importance de faciliter les licenciements afin de rendre aux entreprises la nécessaire souplesse en la matière. Ainsi que je vous le disais, de nombreuses mesures que je préconise sont liées à divers niveaux et prennent tout leur sens les unes par rapport aux autres. Il est parfois difficile, voire insensé, de les isoler et de n'en prendre qu'une sans celles qui la complètent. C'est un tout. Et vous en voyez un exemple supplémentaire ici.
Mais il n'empêche que votre remarque est pertinente et permet de clarifier qu'il n'est bien entendu pas question pour le gouvernement de modifier chaque début d'année la durée légale du travail hebdomadaire. Il ne faut le faire que lorsque le taux de chômage varie de façon significative et durable. De plus, ce n'est pas parce que la durée légale du travail augmente que l'entreprise doit nécessairement augmenter les horaires de ses salariés si son activité ne le justifie pas. Car il ne faut pas être rigide. Et un salarié peut très bien avoir un horaire de travail inférieur à l'horaire légal : c'est alors du temps partiel. Libre à lui, s'il veut gagner plus mais que son entreprise n'a pas davantage d'heures à lui proposer pour augmenter son salaire, d'aller chercher un autre travail ailleurs. Tout comme il est libre de cumuler deux emplois s'il en a envie, et de se tuer au travail si tel est son souhait.
C'est d'un système souple et libre dont nous parlons. Pas d'un carcan.

Quidam :
Et qu'en est-il du second volet de ce programme sur le travail que vous mentionniez tout à l'heure : la mobilité interprofessionnelle ?

PG :
Eh bien, ainsi que je vous le disais voici peu, même un travail qui vous plait, au bout de quarante ans à le faire, vous en serez lassé et aspirerez à passer à autre chose. Mais ne nous voilons pas la face, il y a beaucoup de métiers nécessaires qui ne sont un plaisir pour personne. Et il y a de nombreux métiers intéressants et utiles qui sont fatigants parce que physiquement difficiles ou nerveusement stressants. Alors évidemment, en diminuant le temps de travail hebdomadaire, l'usure physique va diminuer aussi, et ces métiers intéressants mais un peu durs pourront être pratiqués plus longtemps par ceux qui les apprécient. Toutefois cela est anecdotique et appartient à chacun. Ce qui est important, c'est de favoriser pour ceux qui le souhaitent la possibilité de changer de métier en cours de vie professionnelle, que ce soit lorsque celui que nous exerçons devient physiquement trop difficile pour notre corps prenant de l'âge, ou que ce soit simplement parce que nous avons envie de découvrir autre chose. Il est paradoxal de constater que l'humain a tendance à avoir peur du changement, alors même que c'est ce changement qui lui permet d'avancer, d'évoluer, bref de vivre pleinement au lieu de seulement survivre.
Quand j'entends à la télé, généralement à l'occasion de fermetures d'entreprises, des salariés catastrophés déclarant « j'ai cinquante ans, je travaille ici depuis que j'en ai seize, et mon père et mon grand-père ont travaillé ici aussi toute leur vie avant moi ; qu'est-ce que je vais faire maintenant ? », forcément, je ne peux que compatir au choc qu'ils ressentent. Mais en même temps, je me dis que cette fermeture d'usine est une formidable opportunité pour découvrir autre chose. Ce qui peut sembler être un malheur au premier abord est peut-être en fait la chance de leur vie. Il n'est question que de se donner la peine de saisir cette chance pour passer à autre chose. Et il est donc question que la société rende plus facile de saisir cette opportunité de changement.
Seulement si nous regardons la société française, nous constatons qu'elle est complètement cloisonnée. Ce que vous avez commencé à faire au début de votre carrière, il y a de forte chance pour que vous le fassiez toute votre vie. Bien sûr, il y a toujours des exemples de gens qui se sont reconvertis dans d'autres activités. Mais d'une façon générale, cela ne touche que les secteurs en manque de main d'œuvre comme le bâtiment par exemple, ou le passage à des activités autonomes comme quelqu'un qui reprend un bar ou un petit hôtel. La reconversion reste l'exception dans notre société. Et d'un autre côté, quand une annonce d'emploi attire plus d'une centaine de CV, pourquoi le recruteur irait-il embaucher celui qui cherche à se reconvertir plutôt que celui qui a déjà l'expérience du poste ?

Quidam :
C'est déjà cette même raison qui rend l'emploi des jeunes problématique : la concurrence des chômeurs déjà qualifiés et expérimentés.

PG :
Exactement. Dès lors, ce chapitre de la mobilité interprofessionnelle ne peut réussir que s'il y a une diminution conséquente du chômage vers un niveau proche du plein emploi, et donc un ajustement marquant de la durée légale du travail. Mais il faut également que l'Etat soit moteur dans ce domaine.
Il y a de nombreux postes publics qui sont attribués sur concours à des jeunes qui ne connaissent pas grand chose de la vie, donc ni aux administrés qu'ils vont servir ni même simplement au fonctionnement de la société dont ils sont membres. Et on s'étonne ensuite que ces gens n'aient pas le sens du service au public, n'aient pas la maturité nécessaire pour faire face à des situations difficiles, et n'aient pas le sens des réalités auxquelles sont confrontés leurs concitoyens.
Prenons le cas d'un jeune enseignant, sorti tout droit de ses diplômes et qui prétend enseigner. Mais enseigner quoi ? Transmettre du bourrage de crâne ? Quelle maturité et autorité a-t-il face à des élèves de lycée parfois plus grands que lui et à peine plus jeunes ? Que connaît-il de la vie à même pas 25 ans ? Comment s'étonner de toujours retrouver les mêmes privilégiés dans les grèves et manifestations diverses ? Outre les effets corporatistes, il y a cette façon de mettre à des postes publics, bénéficiant de statuts particuliers, des gens immatures. Dans les manifestations de professeurs, ou de fonctionnaires en général, il est tout à fait symptomatique de constater la différence de point de vue et de véhémence entre les enseignants en couple avec un collègue ou autre fonctionnaire, et ceux vivant avec un conjoint qui travaille dans le privé. C'est tellement criant de différence que ça frise la caricature.
Alors que si ces postes d'enseignants, ou d'employés en général dans les services de l'Etat, ne sont ouverts qu'à des gens ayant une expérience d'au moins dix ans dans le privé, je suis bien persuadé que l'administration fonctionnera mieux et avec bien davantage de sens du service aux administrés. Je suis bien persuadé que les enseignants, forts d'un vécu, seront plus aptes à transmettre des valeurs humaines éducatives au lieu d'un simple savoir. Et enfin, s'ils deviennent enseignants vers quarante ans plutôt que dès la fin de leurs études, ils n'auront pas la même lassitude d'enseigner à l'approche de la soixantaine. Et il leur sera beaucoup moins problématique de continuer à le faire en prenant de l'âge. Surtout si on accompagne ce changement de modifications majeures dans le fonctionnement du système éducatif et dans l'attitude de leurs élèves. Mais c'est là un sujet en soi à ne pas mélanger avec celui-ci.

Quidam :
Soit mais c'est un sujet sur lequel nous reviendrons forcément tant il est, lui aussi, régulièrement au cœur du débat dans notre société. Alors pour en rester à la reconversion professionnelle : certains sociologues et politologues considèrent que la société française a une structure en nid d'abeille, où chaque alvéole est bien séparée des autres, et où les choses fonctionnent par rapports de force et luttes d'influences plutôt que par ouverture et transparence.

PG :
Effectivement, on peut faire cette analogie. J'ai mentionné plusieurs fois le problème de ces corporations organisées de façon quasi-mafieuse, fortes d'un pouvoir de nuisance leur ayant permis d'obtenir des privilèges et qui ne se privent pas de les défendre malgré la situation difficile de leurs concitoyens dont ils ne se sentent absolument pas solidaires quoi qu'ils en disent. Il y a les niches privilégiées, et le reste de la société qui les entretient. On pense aux cheminots, aux dockers, à la RATP, et bien d'autres dont j'ai déjà parlé.
Alors il faut supprimer tous ces régimes sociaux différents et redonner de la cohésion à la société en les fusionnant tous. On entend toujours tous ces gens parler de solidarité. Mais solidarité, c'est un singulier. Alors ça doit être la même pour tous. Ceux qui veulent maintenir les petits privilèges de leurs régimes sociaux spéciaux devraient avoir le courage de commencer à parler des solidarités, au pluriel, pour que soit bien clair le fait qu'elle n'est pas la même pour tous actuellement. Plus libres et plus égaux, disait Orwell, mais on peut rajouter aussi plus solidaires que d'autres... puisque c'est aux frais de ces mêmes autres.

Quidam :
Mais en quoi la mobilité interprofessionnelle, puisque c'est notre sujet pour le moment, apporte-t-elle une réponse à ces problèmes corporatistes ?

PG :
La mobilité interprofessionnelle n'est pas la réponse mais une partie de la réponse à ce problème. Parce qu'elle permet d'ouvrir les horizons et donc l'esprit. Elle favorise l'empathie parce que, en permettant de pratiquer des métiers différents au lieu de s'enfermer dans un seul, elle aide à mieux comprendre autrui et les problèmes spécifiques auxquels il est confronté. Elle favorise une vision un peu plus large que lorsqu'on louche sur son petit nombril.
Prenez l'exemple des cheminots qui revendiquent sur la pénibilité de leurs métiers pour partir en retraite plus tôt que le reste des travailleurs. Laissons de côté le fait qu'ils oublient de constater que cette pénibilité a considérablement diminué depuis le milieu du siècle dernier où ils semblent encore puiser leurs revendications, et posons-nous simplement la question : pourquoi devraient-ils rester cheminots toute leur existence ? Il y a forcément d'autres métiers moins difficiles physiquement vers lesquels ils pourraient, selon les talents et souhaits de chacun, être reconvertis. Pareil pour les pompiers, les agriculteurs, le BTP, etc. Il y a de nombreux métiers dont la pénibilité physique et/ou nerveuse est bien réelle. Il faut simplement s'organiser pour ne pas faire un tel travail pénible toute sa vie. Ce qu'on peut faire à 20 ans n'est pas ce qu'on peut faire à 60. Et quand on voit que de nombreux seniors américains continuent de travailler au-delà de 70 ans, bien après leur retraite, c'est bien que troisième âge n'est pas synonyme d'incapacité. Ce n'est qu'une question d'aménagement de la carrière pour ne pas arriver sur les rotules ou à bout de nerfs dès 50 ans.
Permettre cet aménagement nécessite de développer et généraliser la formation continue. Il y a actuellement des outils formidables dans ce domaine, que ce soient les GRETA, l'AFPA, ou d'autres organismes. Mais il faut aussi ouvrir et adapter davantage l'enseignement supérieur pour favoriser les reprises d'études après des périodes d'expériences professionnelles. Il est probable qu'après une vingtaine d'années à faire autre chose, quelqu'un qui souhaite devenir prof de math ou juge ait besoin de réviser ses bases. Là encore, le syndrome français du cloisonnement doit être combattu.
Il existe actuellement des sommes colossales dédiées à la formation continue. Et comme trop souvent, une bonne partie est bien mal employée. Car aux côtés des bons outils déjà cités, bien qu'ils aient encore une large marge de progression, il y a aussi de nombreux organismes à la qualité très discutable, voire aux objectifs parasitaires très clairs. Dans ce domaine comme dans tous les autres, dès qu'il y a des fonds publics à distribuer, il y a des profiteurs. Alors dans ce domaine comme dans tous les autres, il faudra faire le ménage qui s'impose.

Quidam :
Mais croyez-vous qu'une personne soit aussi productive à 75 ans qu'à 60 ? Pensez-vous que les entreprises vont vouloir de travailleurs aussi seniors que ça ?

PG :
Il est bien entendu qu'à partir du moment où la retraite, c'est à dire le retrait de la population active, se fait sur motif médical, celui qui est encore au travail est quelqu'un en bonne santé. Ceci dit, effectivement, on ne pourra pas s'attendre au même dynamisme que de la part de quelqu'un moitié moins âgé, encore que la nature des uns ou des autres réserve de nombreux contre-exemples. Mais si les demandeurs d'emploi sont rares, cela favorise les postes pour ces seniors. Et si l'employeur estime que cette personne est moins productive, il en discute avec elle pour s'accorder sur une réduction de salaire en conséquence. Si autant de seniors ont du mal à trouver du travail en 2010, ce n'est pas seulement à cause du chômage mais aussi parce qu'ils ont tendance à se survaloriser. Là encore, la mentalité française qui veut que le salaire ne peut jamais qu'augmenter doit être remise en cause. Il est de nombreux postes pour lesquels avoir vingt ans d'ancienneté ne confère aucun avantage par rapport à celui qui en a seulement cinq. Alors pourquoi un salaire plus élevé sous prétexte d'ancienneté ? Il est une période pendant laquelle le salarié se bonifie du fait de l'augmentation de son expérience. Mais à un moment, ça commence à stagner, l'ancienneté n'apportant plus d'avantages particuliers, jusqu'à ce que ça finisse par s'inverser, l'âge commençant à réduire la capacité de travail. Cependant, ce n'est pas parce qu'on est moins capable pour un certain poste à 60 ans qu'à 40, qu'on ne vaut plus rien pour ce poste, ni pour d'autres. C'est tout l'enjeu de la mobilité interprofessionnelle. Si on préfère rester dans le même travail, bien qu'on y perde progressivement de l'efficacité, ce n'est pas un problème, mais il faut en accepter la contrepartie : la réduction progressive de salaire. Savoir faire preuve d'une telle humilité est d'ailleurs très révélateur de richesse intérieure. Mais si on ne l'accepte pas, estimant qu'on vaut davantage, eh bien qu'on le prouve en allant décrocher un poste plus valorisant.
Et puis il y a encore une chose à mentionner : un senior perd progressivement sa capacité à maintenir une bonne productivité sur toute une journée de travail, mais, si la journée devient trop longue pour lui, pourquoi ne pas simplement la raccourcir ? Rester efficace sur des demi-journées est certainement très possible. Dès lors, il faut aussi envisager de favoriser le passage à temps partiel des seniors avant la retraite complète. La baisse de salaire correspondante peut être partiellement compensée par la société, sur la base de l'estimation médicale de ses capacités, de la même façon qu'on attribue un taux d'invalidité à un handicapé. La négociation des seniors avec leur employeur ne portera plus seulement sur l'ajustement du salaire, mais aussi sur celle des horaires. Si des journées moins lourdes permettent de rester plus efficace, le salaire horaire aura moins de raison d'être revu à la baisse. A chacun de trouver le bon ajustement entre ces deux paramètres.
Il a existé dans le passé des mesures de préretraite progressive mais qui ont malheureusement été supprimées voici plusieurs années. C'est bien dommage et il faut en restaurer la pratique. Un tel temps partiel n'est-il pas un excellent moyen pour une entreprise d'assurer la transmission du savoir-faire d'un salarié vieillissant mais expérimenté à un plus jeune encore en train de s'aguerrir dans le métier ?

Quidam :
C'est effectivement logique, présenté comme ça, mais c'est dur à avaler car encore une fois à contre-courant de ce à quoi nous sommes habitués.

PG :
Effectivement. Tout l'enjeu de la rénovation de notre société repose sur un changement de mentalité. Changer de mentalité pour permettre ce renouvellement, mais renouveler pour favoriser le changement de mentalité. S'il n'y a pas suffisamment de gens prêts à se remettre en cause pour entraîner les autres, alors il est inutile d'essayer de renouveler quoi que ce soit par la réforme et il faudra attendre que tout s'écroule pour rebâtir ensuite dans la douleur, et pas forcément avec autant de moyens même si avec moins de contraintes. Mais une chose est sûre : les gens se remettront en question tôt ou tard. Si ce n'est parce qu'ils en comprennent spontanément la nécessité, ce sera quand ils auront faim !


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