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 RESPECT ET VERITE
Ch.27: Finance, bourse et monde

27 : finance, bourse et spéculation

Quidam :
Cette grande finance mondiale, qui semble effectivement complètement affranchie des frontières, inquiète beaucoup de gens et se retrouve régulièrement au banc des accusés. Les crises monétaires et boursières ont démontré leurs capacités à se propager bien plus rapidement que n'importe quelle pandémie virale, et avec des dégâts économiques très réels pour le quotidien des gens.

PG :
Certes, mais je voudrais dire une chose ici avant de continuer l'examen de ce sujet : je ne les blâme pas !

Quidam :
Comment ça ? Vous trouvez ça bien ?

PG :
Non, je ne trouve pas ça bien du tout, c'est pourquoi je suis très critique vis-à-vis de leurs agissements, et je dis même qu'il faut y mettre fin. Mais pour autant je ne blâme pas ceux qui ont joué à ce jeu et se sont engraissés au delà du raisonnable. Est-ce que vous feriez reproche à un autre joueur de vous plumer au Monopoly ? Sauf à être foncièrement mauvais joueur, il gagne, vous perdez, c'est le jeu. Or ce jeu auquel la grande finance internationale joue sur notre dos avec brio, il se joue selon des règles que nous avons établies… ou laissées établir. Si nous prenons conscience maintenant, à retardement, de ce qu'impliquent ces règles et que nous ne voulons plus jouer ainsi, changeons les et changeons le jeu. Il n'y a aucune obligation à continuer à s'enfoncer dans une impasse dès lors qu'on en a pris conscience. Mais jeter l'opprobre sur ceux qui ont été des joueurs plus malins que nous n'apportera rien. La façon dont se déroule ce jeu est notre responsabilité de citoyen. Il ne faut en aucun cas nous en déresponsabiliser. On ne peut pas se désintéresser des choses importantes pour ne s'intéresser qu'aux rubriques sportives et people des média, et ensuite dire « oh, je ne savais pas, on m'a rien dit, on m'a roulé ». Tout comme on ne peut reprocher aux média de vous proposer essentiellement ça si c'est ce que vous demandez. La télévision vit de l'audimat de ses écrans pubs. Pas de la qualité de ses émissions d'information qui n'ont d'autre but que de vous attirer devant ces pages publicitaires. Alors si vous vous désintéressez des émissions sociale, économique et politique de fond, celles qui sont susceptibles de vous aider à comprendre les vrais enjeux de notre époque pour pouvoir vous positionner ensuite en citoyen conscient de ses choix, ne reprochez pas à la télé de vous proposer à la place les analyses éclairées de la Mère Denis, en direct du marché de Trifouilli-les-oies. « Média partout, info nulle part » est un slogan certainement justifié, mais si nous sommes acheteurs de bouses de vache, il est normal que les média nous en vendent. Peut-on porter des accusations de désinformation si on ne cherche même pas au départ à être informé ? Vous voulez de « l'infotainement » ? Les média vous en donnent. La victimisation est tout le contraire de ce qu'il faut ici. C'est de prise de conscience et de responsabilité par tout un chacun qu'il faut.
Alors pour aider à cette prise de conscience, continuons à explorer le fonctionnement de ce système au niveau mondial maintenant.
L'inflation, dans un système fermé, c'est facile à contrôler. Par contre, dans un système ouvert où les échanges extérieurs, imports et exports, sont omniprésents, ce n'est pas le marché domestique qui détermine le prix mais le marché mondial. Une entreprise nationale ne va pas vendre pour 10 dans son pays un bien qu'elle peut vendre 50 à l'exportation, ainsi que je vous le disais à propos des matériaux de construction. Et inversement, les importations se font au prix du marché mondial et non au tarif que l'on aimerait nationalement. Dès lors intervient un élément essentiel qui est la valeur de notre monnaie par rapport aux autres monnaies du monde. Car si cette valeur varie, toutes les importations et exportations le font aussi. Une monnaie qui gagne en valeur va tendre à faire baisser les prix, déflation, tandis que si elle en perd, elle favorisera l'inflation. Bref, « souvent monnaie varie, bien fol qui s'y fie ».
Alors comment fonctionnent ces questions de parité monétaire et de taux de change. Souvenez-vous qu'au départ, le billet de banque représentait un droit sur des valeurs réelles déposées dans les coffres de la banque émettrice. Avec le temps, ces valeurs en vinrent à reposer uniquement sur les réserves d'or de la banque centrale et un billet de banque était donc simplement un droit sur une certaine quantité d'or contre lequel il pouvait être échangé. Dès lors, acheter un bien venant de l'étranger impliquait que des étrangers recevaient des billets de banque de notre pays et pouvait donc réclamer la quantité d'or correspondante pour la déposer dans leur propre banque en échange de billets de leur propre pays. C'est pourquoi les échanges entre pays se compensaient par des échanges d'or entre les banques. Vous imaginez bien qu'en important beaucoup mais en exportant peu, le pays se retrouvait de plus en plus pauvre en réserve d'or, l'inverse, au contraire, l'enrichissant.
Ce système d'étalon-or changea avec les accords de Bretton Woods de 1944 où il fut décidé que les diverses monnaies nationales ne seraient plus définies par une convertibilité en or mais uniquement par un taux de conversion fixe par rapport au Dollar américain, qui seul restait convertible en or. A cette époque, les réserves de métal jaune de la Fed excédaient de loin celles de tous les autres pays réunis et l'économie américaine était largement prépondérante. Et pour cause : les guerres en Europe avaient considérablement dopé les exportations américaines, dont les usines n'étaient touchées ni par les pénuries ni par les bombardements, et avaient donc généré une croissance exceptionnelle des transferts d'or à destination des Etats-Unis. Consacrer ainsi le Dollar comme monnaie mondiale ne pouvait que sembler logique à l'époque. Dans les faits, cela revenait à rendre les diverses monnaies dépendantes de la valeur du Dollar qui servait d'unique référence appuyée par des réserves d'or.
Mais confier une telle responsabilité à quelqu'un sans contrôle relève du marché de dupes. Notamment pendant la guerre du Viêt-Nam, les Etats-Unis imprimèrent librement des Dollars sans se préoccuper de la contrepartie or prévue par le système, et générèrent une inflation mondiale faisant perdre sa valeur à leur monnaie. Divers pays commencèrent à s'en inquiéter, et notamment la République Fédérale d'Allemagne, alors Allemagne de l'Ouest, qui était fortement exportatrice et commença à demander de convertir ses Dollars contre de l'or. Si bien que, pris les doigts dans la confiture, en 1971, les Etats-Unis suspendirent unilatéralement la convertibilité-or de leur Dollar. Parler de hold-up n'aurait pas été injustifié puisque cela revenait à conserver l'or qu'ils auraient normalement dû transférer à divers pays, mais les mots de l'époque du politicien américain John B. Connally posèrent le problème différemment : « le Dollar est notre monnaie mais votre problème ». Les accords de Bretton Woods, eux, prirent fin en 1973. Les parités fixes furent abandonnées et les monnaies devinrent toutes flottantes contre le Dollar. En 1976, les accords de la Jamaïque entérinèrent la fin de l'étalon-or et le fait que le Dollar US devint une monnaie flottante comme les autres. Trois petits joints fumés entre amis sur cette île des Caraïbes et ce qui aurait du constituer le dernier élément de stabilité du système monétaire était balayé.

Quidam :
Vous semblez regretter qu'ait été détrôné l'or comme référence monétaire ultime.

PG :
Que nenni. Faire de l'or la valeur ultime relève purement d'une décision collective, pour ne pas dire d'un déraisonnement de masse. N'importe quoi d'autre peut servir d'étalon monétaire. Ce qui importe pour moi, c'est que la monnaie ne soit pas basée sur du sable mais sur du stable, ce qui est indispensable pour favoriser l'équilibrage naturel de l'économie.
Car dans un système totalement flottant, que se passe-t-il ? Tous ces taux de change flottent, donc varient en fonction de l'offre et de la demande résultant des flux au sein de la balance des paiements de chaque pays. Toutes les opérations de la balance commerciale d'import-export l'impacte lourdement, mais aussi bien d'autres mouvements d'argent qui peuvent se faire. Un touriste japonais vient visiter la Tour Eiffel ? Il doit acheter des Euros, la demande augmente, ce qui en améliore la valeur. Un retraité part habiter hors de la zone Euro dans un pays où le niveau de vie plus faible lui permet de vivre comme un roi avec la pension qui lui est versée par les caisses de retraite ? Il doit vendre ses Euros contre de la monnaie locale, l'offre d'Euros sur le marché des changes augmente donc et pèse sur sa valeur. Et idem si l'endettement du pays requiert de s'endetter en devise pour trouver les capitaux nécessaires, ce qui m'amenait tout à l'heure à insister sur l'intérêt de ne pas dépendre des capitaux extérieurs pour financer sa dette souveraine.
En théorie, tout cela est supposé générer une valeur d'équilibre reflétant les créations de richesse de chaque pays. Mais la réalité peut être très différente et les années 90 ont fourni des exemples édifiants des dérives que permettent les marchés. Un fonds d'investissement a spéculé sur la dévaluation de la Livre Sterling. Il s'est mis à vendre un maximum de cette devise sur le marché à terme. Le principe du marché à terme est de permettre toutes sortes d'opérations pendant un mois pour ne les liquider réellement qu'à la date de clôture de la période. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir des Livres pour les vendre, par contre il faut en racheter suffisamment par la suite pour couvrir sa position au plus tard le jour de liquidation de la période. Donc le fonds vendit du Sterling en masse, sans même les avoir au préalable, créant un afflux d'offre qui ne trouva pas preneur au cours normal. Le cours de la Livre a donc décroché. Il acheta alors les devises nécessaires à couvrir ses ventes, mais à un cours désormais bien plus avantageux, donc lui coûtant bien moins que ce qu'il avait encaissé en vendant. Et pendant que les anglais, sans avoir rien fait, se réveillaient un peu moins riches par rapport aux autres citoyens du monde, ce fonds d'investissement empochait, à ce qu'il s'est dit alors, cinq milliards. Je ne sais plus si cette somme était en Livre Sterling ou en Dollar US.

Quidam :
Dans les deux cas, ça fait un sacré paquet.

PG :
Pire, en 1997, ce même fonds d'investissement remet ça mais contre la monnaie malaisienne cette fois. Le décrochage est encore plus spectaculaire puisqu'il est de l'ordre de 85%. En quelques semaines de spéculation, la Malaisie a vu sa richesse nationale divisée par six ! Et les spéculateurs se sont goinfrés en sextuplant leur mise.

Quidam :
Ca à l'air si simple qu'il est tentant de faire pareil.

PG :
Dans le principe oui, mais restons réalistes : il y a des tentatives de spéculation qui échouent, laissant des spéculateurs sur la paille. Ce qui fait à peu près autant plaisir que de voir le torero se faire encorner par le taureau qu'il asticote. Si celles-ci ont réussi, c'est parce qu'il y avait une surévaluation dans la valeur de ces deux devises que le gestionnaire du fonds d'investissement a perçu et attaqué. Il est plus que probable que si ce fonds n'avait rien fait, l'ajustement de cette survalorisation se serait faite de toute façon, mais beaucoup moins brutalement et vraisemblablement aussi vers une nouvelle valeur d'équilibre bien moins défavorable que celle atteinte dans le mouvement de panique soudain déclenché par la manipulation spéculatrice.
Par les temps qui courent, les marchés des changes sont très agités notamment de par les grosses incertitudes qui pèsent sur la valeur réelle du Dollar. Il semble qu'il n'y ait plus eu d'audit indépendant et fiable des réserves d'or de la Fed depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la publication de l'indice M3, le plus significatif de la masse monétaire de Dollars en circulation, a été suspendue en 2006, et les chiffres économiques fournis par les autorités américaines sont de plus en plus suspectés de ne pas refléter la réalité. Bref, comment valoriser correctement le Dollar sur les marchés si on ne sait ni combien il y en a ni sur quelles bases économique et aurifère il repose vraiment ? Pour une monnaie qui sert de base aux échanges internationaux, ça pose quelques petits problèmes. Et la formule de John Connally est toujours d'actualité : le Dollar est la monnaie des USA mais le problème des autres pays.
Au passage, il faut aussi noter que toutes les données économiques mondiales exprimées en Dollar perdent de facto leur signification puisque la perte de valeur progressive de cette monnaie en érode la réalité.

Quidam :
Mais si cela est avéré, ce n'est plus un problème de système mais un problème de désinformation des marchés. Ce serait quand même énorme.

PG :
Je vous l'accorde. Mais il est un principe que trop de gens négligent en matière de manipulation, qu'elle soit politique ou financière : plus c'est gros, mieux ça marche. Précisément parce que les gens pensent que c'est trop gros pour pouvoir être un canular.
D'ailleurs, même avec un système stabilisé par une masse monétaire fixe ainsi que je le préconise, si les autorités de la banque centrale trichent, vous aurez aussi des problèmes. Et c'est là que revient la question de savoir pour qui roule réellement la banque centrale. Et la réponse est, à l'évidence, pour ceux à qui elle appartient et qui en nomment le dirigeant.
Divers pays cherchent à sortir du piège actuel du Dollar en avançant un projet de création de monnaie mondiale qui soit un panier des principales devises du monde. Un peu sur le modèle de ce qu'était l'ECU au Système Monétaire Européen avant l'entrée en vigueur de l'Euro. Toutefois elle serait réservée aux échanges interbancaires internationaux et n'aurait pas vocation à avoir cours légal dans aucun pays. Ce serait certainement une avancée que d'avoir une telle monnaie mondiale qui ne soit plus tributaire d'un seul pays, ni d'une seule économie, ou d'un seul gouvernement, comme l'est actuellement le Dollar. Et les statistiques internationales diverses auraient plus de sens que celles exprimées sur ce Dollar en naufrage.
Mais j'aspirerais à ce que ça aille encore plus loin. De même que l'Euro a apporté une stabilité et une visibilité d'un pays de l'Euroland à l'autre, de même une monnaie mondiale unique qui ait cours dans tous les pays apporterait un élément de stabilité dans des échanges mondiaux qui en manquent cruellement. Evidemment, je parle d'une monnaie stabilisante, donc exempte du principe amplificateur d'instabilité de la création monétaire par réserve fractionnaire. Donc d'une monnaie mondiale à masse soit fixe, soit indexée, ainsi que nous en avons déjà abondamment discuté. Mais en fait, plutôt à masse fixe parce que l'indexation serait encore plus ingérable qu'au niveau national. Elle pourrait être démonétisée dans les pays qui le permettent, comme par exemple la France et de nombreux autres pays développés, mais conserver un support fiduciaire dans ceux où ce n'est pas envisageable, comme la totalité de l'Afrique et de nombreux autres pays en voie de développement du monde. D'où la complexité d'une éventuelle indexation…
Appelons-là, pour la commodité de la discussion, le Globex.

Quidam :
Pourquoi pas Globix, vous qui affectionnez les appellations gauloises ?

PG :
Parce qu'il s'agit d'une monnaie mondiale et qu'il faut donc s'affranchir du folklore national de nos bandes dessinées, fut-il aussi mondialisé que celui d'Astérix. Globex dérive de Global Exchange, donc échange global exprimé dans la langue internationale actuelle qu'est l'anglais. Car le rôle d'une monnaie est bien seulement de mesurer les échanges.
Qu'est-ce que ça changerait ? Prenons un exemple. Un pays qui aurait une balance des paiements durablement déficitaire finirait par manquer de monnaie. Dans ce pays, la rareté de la monnaie lui donnerait plus de valeur relative et les prix baisseraient donc, ainsi que nous l'avons vu en discutant de la monnaie au niveau national. Or cette monnaie étant la même partout dans le monde, des prix bas attireraient des acheteurs ou des investisseurs, qui amèneraient avec eux la monnaie nécessaire pour acheter et investir, et donc qui commenceraient à améliorer cette balance des paiements. Si la tonne de cacao vaut 3 Globex dans un pays mais 10 dans un autre, il est clair que les opérateurs du marché auront tôt fait de vouloir celle à 3 Globex et que, la demande augmentant, progressivement les Globex afflueront et rétabliront la balance des paiements et le pouvoir d'achat local du Globex. Et progressivement, le cacao à 3 Globex verra son prix augmenter, tandis que celui à 10 diminuera, jusqu'à ce qu'un équilibre mondial ne se crée.

Quidam :
Encore la magie de la fameuse main invisible... Mais en fait, je ne vois pas la différence par rapport au système actuel de monnaies flottantes. Les investisseurs et acheteurs viennent dans le pays à monnaie faible, et donc à prix faible pour eux, cela génère une augmentation de la demande pour la monnaie de ce pays lui permettant de se réapprécier progressivement.

PG :
La différence est dans la stabilité du phénomène d'équilibrage. Comme nous l'aurait dit votre lointain ancêtre Lapalisse, il n'est pas possible de spéculer sur des taux de change au sein d'une seule et même monnaie. Avec le Globex, fin de la spéculation sur les changes. La main invisible poussant à l'équilibre n'est plus dérangée par l'envie d'un spéculateur de faire rechuter la devise faible afin de continuer encore longtemps à profiter de prix bas pour faire plus de profits sur le dos des ouvriers locaux tout en détruisant plus durablement les emplois de ses clients des pays plus riches. A plus ou moins long terme, progressivement, tous les pays ont la possibilité d'améliorer le niveau de vie de leur population. Enfin du moins si les populations en question prennent conscience de la nécessité d'avoir des dirigeants éclairés, ce qui est un tout autre problème.

Quidam :
Mais sur quoi reposerait la valeur de cette monnaie ? Des réserves d'or, l'économie mondiale ?

PG :
Non, sur rien. La valeur d'une monnaie, de nos jours, ne repose plus sur rien. Ou plutôt sur rien de tangible. Car en fait, je vous le rappelle, elle repose uniquement sur la confiance. Sa valeur est bien plus psychologique que logique. A partir du moment où le monde entier accepte d'utiliser cette monnaie commune pour mesurer ses échanges, ce n'est plus que ça : une mesure des échanges. La monnaie n'est qu'un moyen. Pas une finalité, et encore moins un maître.

Quidam :
Donc une monnaie mondiale pour éliminer la spéculation sur les changes. Mais il resterait de multiples autres opportunités de spéculer.

PG :
Il y a spéculation et spéculation.
Chaque fois qu'un commerçant achète une marchandise à un fournisseur, il spécule sur le fait d'être capable de la revendre plus chère plus tard à ses propres clients. Ca n'a rien de néfaste ni de répréhensible, c'est simplement comme ça que fonctionne le commerce et que s'équilibrent les prix. De même, mais à une autre échelle, quand quelqu'un achète des contrats à terme sur du café parce qu'il prévoit d'alimenter une chaîne de supermarché avec, c'est encore de la spéculation parce qu'il n'a aucune certitude que dans un an, quand ce café sera récolté, les gens en voudront toujours. Mais c'est simplement du commerce. Ca fait partie du fonctionnement de la main invisible.
Par contre, quand un fonds spéculatif achète ces même contrats à terme en masse pendant qu'ils sont peu chers pour les revendre quelques semaines plus tard, en faisant monter les prix, à des acheteurs de grande distribution qui n'ont guère d'autre choix que de les prendre sous peine de voir les rayons de leurs supermarchés en pénurie, là, l'intérêt commercial disparaît. Ca devient une pure opération financière visant à s'approprier de la richesse sans contrepartie de valeur ajoutée. Le commerçant apporte une valeur ajoutée dans sa spéculation : celle de vous permettre d'avoir accès à des biens. Le spéculateur, au sens péjoratif du terme, n'apporte aucune valeur ajoutée et ne fait que jouer avec les cours en espérant acheter bas et revendre haut. Ce qui ne marche pas tout le temps. Nombre d'apprentis-spéculateurs font faillite avant de parvenir à une maîtrise suffisante de la discipline, et périodiquement de gros poissons peuvent aussi se rater.
Toute la science du spéculateur consiste à entretenir de l'instabilité sur les marchés. Un marché stable et progressif, prévisible, c'est la mort du spéculateur. Un marché hystérique et très volatile, c'est son paradis. Au point que la grande majorité des ordres passés sur les marchés ne proviennent même plus d'opérateurs physiques, mais d'algorithmes informatiques programmés pour réagir aux variations de cours et déclencher leurs ordres en une fraction de seconde. C'est vrai sur les marchés des changes, c'est vrai sur les marchés de matières premières, c'est vrai en bourse. On entend même parler de fonds voyous qui appuient leurs spéculations d'opérations de manipulations des marchés. La recette est simple. Prenez l'exemple d'une matière première dont un pays est un producteur mondial majeur et qui a une certaine instabilité politique. Ce n'est pas difficile à trouver vu que cette instabilité dans les pays producteurs est entretenue sciemment de longue date par les pays riches et consommateurs. Vous achetez une bonne quantité de contrats à terme de la ressource en question. Ensuite vous payez un groupe mi-rebelle mi-mafieux pour déclencher des émeutes et donner l'impression d'une révolte populaire. Et les marchés s'inquiètent, les cours s'envolent, et vous n'avez plus qu'à revendre vos contrats à terme avec un confortable profit.

Quidam :
Mais alors que peut-on y faire ? On entend les politiques parler de réglementer les marchés pour éviter ce genre d'excès.

PG :
La réglementation des opérations qu'ils envisagent ne marchera pas. Et ce d'autant moins que ces fonds de spéculation font partie de cette grande finance mondiale qui fait et défait les gouvernements. Les mesures ne seront donc jamais poussées jusqu'au bout de leur logique. Et quand bien même elles le seraient, si l'incitation à la vertu doit reposer sur les contrôles d'un gendarme des marchés, les spéculateurs trouveront toujours un moyen de contourner les barrières qu'on cherchera à leur mettre. Il n'est qu'à voir la bourse américaine et les affaires Enron, Madoff, et autres subprimes. La SEC, le gendarme de Wall Street, n'y a vu que du feu jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard. A moins qu'ils aient vu mais préféré ne rien dire… car il est établi que diverses personnes ont donné l'alerte pour tenter de prévenir la catastrophe, mais ont été saquées pour les réduire au silence. D'ailleurs, l'Europe n'est pas en reste avec l'affaire Parmalat et autres cas assimilés. Non, les politiciens parlent pour faire croire qu'ils vont faire quelque chose, mais rien n'est à attendre des impasses dans lesquelles ils se complaisent. Avez-vous constaté une évolution quelconque sur le front des paradis fiscaux mondiaux dont pourtant les gouvernements du G20 prétendaient faire une cible prioritaire ?
Alors mieux vaut, fidèle à mon principe, réformer le cadre pour réduire naturellement les possibilités de dérives. Et pour trouver le bon axe de réforme, il faut bien intégrer le fait qu'un investisseur recherche un rendement à long terme, alors qu'un spéculateur recherche des coups à court terme.
Penchez-vous sur le cas de la bourse. Une entreprise va en bourse soit pour lever des fonds, soit pour permettre aux propriétaires d'une entreprise, généralement ses créateurs ou leurs successeurs, de se dégager progressivement de celle-ci pour passer le relais, soit encore pour gagner en notoriété, ou soit, plus généralement, pour une combinaison de tout ça. Mais une fois que les actions sont en bourse, il n'y a plus guère que la notoriété qui puisse encore apporter un effet bénéfique. Tout le reste n'est que contraintes : les informations financières périodiques, la pression des objectifs de rentabilité, etc. La vie du titre en bourse n'intéresse plus guère que ceux qui en possèdent et le président de l'entreprise, dont le siège est conditionné par la satisfaction de ces actionnaires, donc par la progression du cours de l'action et le versement de dividendes. Mais pour la vie de l'entreprise en elle-même, une fois les capitaux investis, ça fait lourd pour le peu de notoriété que ça apporte. On peut dire, en caricaturant, que l'entreprise et ses actions mènent deux vies distinctes. Et on peut même dire, à ce stade et compte tenu de la pression sur le résultat que connaissent les entreprises cotées, que ce n'est plus l'actionnaire qui finance l'entreprise, mais l'entreprise qui finance l'actionnaire. La fonction première de la bourse se retrouve donc inversée.
Mais revenons à la différence entre notre investisseur et notre spéculateur. L'investisseur va acheter des titres de cette société en espérant percevoir des dividendes et que globalement la valeur se maintienne voire progresse légèrement. Il va donc être intéressé tout de même à ce que l'entreprise soit saine et bien gérée, avec des marchés durables, etc. Le spéculateur au contraire se moque éperdument de tout ça. Seule l'intéresse la volatilité du cours pour y caler ses algorithmes et engranger des profits à chaque effet de yoyo. L'investisseur achète ses actions pour au moins un an, mais souvent bien plus. Le spéculateur pour quelques fractions de secondes.
Alors la solution est évidente : supprimer la cotation en continu des marchés ! Elle n'apporte rien aux investisseurs qui voient à long terme, et ne sert qu'à permettre le jeu de la spéculation au quotidien.

Quidam :
Mais il faut bien que les transactions puissent s'effectuer.

PG :
A l'évidence. Mais je n'ai pas dit de supprimer le marché, j'ai dit de supprimer la cotation en continu qui permet au spéculateur de jouer de l'ouverture à la fermeture tous les jours ouvrés de la semaine. Pour l'investisseur, avoir la possibilité de vendre ses titres une fois par mois sera certainement très suffisant. Et nous coupons l'herbe sous le pied du spéculateur. Nous ne voulons plus jouer à ce jeu ? Nous changeons les règles et mettons la spéculation hors jeu.
De la même manière, pour les marchés de matières premières, acheter et vendre plusieurs fois dans la même journée ne présente aucun intérêt. Pour les vrais acheteurs, ceux qui achètent pour utiliser la ressource, une cotation mensuelle suffit également. Il n'y a que pour les devises où les échanges permanents, tant que nous ne serons pas passés au Globex, nécessitent des cotations plus fréquentes que mensuellement. Mais que faut-il vraiment pour que ces échanges fonctionnent ? Un cours par jour ? Peut-être simplement par semaine ? Mais en tout cas plus en continu, jour et nuit, en passant d'une bourse à une autre au fur et à mesure de la progression du soleil au travers des fuseaux horaires.

Quidam :
Je vous le concède. Il est vraisemblable qu'une telle mesure apporterait davantage de sérénité et de sérieux à des marchés qui semblent avoir oublié leur vocation première.

PG :
Probablement aussi que les banques seront moins tentées d'aller y risquer l'argent de leurs déposants en essayant de capter leur part du gâteau spéculatif. Mais si elles souhaitent néanmoins s'y essayer, il suffit d'édicter une règle les obligeant à le faire par le truchement exclusif d'une filiale fondée à cet effet, donc sur leur capitaux propres uniquement, et dont les titres ainsi détenus doivent être préalablement provisionnés à 100% dans leur bilan. Dès lors, que la filiale se plante ou même fasse faillite, les dépôts des clients ne sont plus menacés par les crises financières d'Ubu-joue-en-bourse.
Le summum de la finance, c'est d'arriver à faire de telles opérations tout en faisant croire qu'on a une importance telle que si on tombe, tout le système s'effondre avec nous. Et alors là, on peut jouir du Graal du capitalisme : privatiser les profits mais mutualiser les pertes, ainsi qu'on l'a vu avec le scandaleux renflouement des banques et assimilés par des fonds publics suite à leurs errements dans la crise des subprimes. Alors qu'avec la simple mesure de dissociation des activités, leurs filiales auraient tranquillement fait faillite, sans que ça ne mette aucunement le système en péril.
Une règle analogue doit d'ailleurs être imposée à toute personne morale investissant dans un placement à risque. Pour une entreprise ou une association désireuse de s'essayer à la spéculation, une filiale dédiée n'est pas indispensable, mais le provisionnement à 100% des fonds engagés, oui. Et les activités normales d'exploitation ne seront alors plus mises en péril par de possibles errements. Sauf à ce que la trésorerie ne se révèle ensuite insuffisante, par exemple pour cause de variation saisonnière, mais cela relèverait alors de la faute de gestion rendant possible l'extension de la responsabilité du passif au patrimoine personnel du dirigeant, ce qui est relativement dissuasif.
Mais il y a gros à parier qu'avec la suppression des cotations permanentes, la spéculation se dégonflera comme un soufflet sortant du four. Et les sommes colossales actuellement engagées dans les bulles financières, qui participent à miner l'économie plutôt qu'à la soutenir, trouveront à se repositionner dans un rôle plus constructif.
Seulement voilà. Un pays peut s'efforcer de se prémunir contre la folie du système mondial, préconiser des solutions, montrer l'exemple, mais il ne peut imposer sa solution aux autres contre leur volonté.


Continuez avec le chapitre 28