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 RESPECT ET VERITE
Ch.16: Incivilité et sécurité routière

16 : incivilité et sécurité routière

Quidam :
Je suis quand même assez réservé vis-à-vis de ce tout sécuritaire.

PG :
Ah, mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne suis pas du tout pour ce que vous appelez le « tout sécuritaire ». Je pense que ce serait le meilleur moyen de créer de nouvelles explosions sociales. Non. Je parle d'augmenter la transparence et de donner les moyens physiques et informatifs à la police pour bien faire son travail, pas pour brider notre vie. Le tout sécuritaire, c'est la dictature des bien-pensants qui vous empêche de vivre les expériences que vous souhaitez vivre. Rappelez-vous ce que je disais à ce sujet lorsque nous parlions de la mort. Oui, la société a le devoir de protéger ses membres contre les menaces qu'ils peuvent représenter les uns pour les autres, mais non, elle ne doit pas les empêcher d'être une menace pour eux-mêmes si c'est ce qu'ils souhaitent. C'est leur liberté inaliénable de se mettre en danger, du moment que cela n'entraîne pas de danger pour autrui.
Prenons un exemple : l'adolescence. C'est un âge difficile où les jeunes ont besoin, pour se trouver, de tester certaines limites. C'est un processus normal et nécessaire de construction de soi. Ils s'opposent d'abord à leurs parents, puisque ce sont leurs premiers repères, mais ont aussi besoin de se mesurer les uns aux autres pour se situer dans le groupe, tout en se mesurant avant tout à eux-mêmes pour découvrir leurs propres limites. Alors faut-il, sous prétexte que quelques uns resteront effectivement sur le carreau, interdire tout ce qui leur permet de franchir cette étape essentielle de l'existence ?
A vouloir aseptiser la société, on voit le résultat. Certains jeunes, notamment dans les banlieues, se groupent en hordes de hyènes prédatrices, tandis que d'autres, moins portés à la violence, s'essayent à l'ivrognerie ou aux paradis virtuels jusqu'à devenir des zombies décérébrés, et j'en passe. Bravo, beau résultat ! Jusqu'où faudra-t-il pousser l'expérience pour s'apercevoir que c'est un non-sens humain et social ?
En passant, il faut quand même noter la contradiction patente de notre société qui prétend protéger les individus, y compris contre eux-mêmes, mais leur laisse le soin de se détruire avec nombre de substances très officiellement reconnues comme addictives et destructrices mais parfaitement légales et en vente libre. Mais nous en avons déjà parlé et n'allons pas y revenir ici.
Dans les sociétés dites primitives, il existait des rites de passage à l'âge adulte, et qui n'avaient rien à voir avec de dégradants bizutages. Aujourd'hui, au contraire, tout est fait pour proposer à nos jeunes une existence terne et lisse. Allez vous étonnez après qu'ils fuient la vie et s'opposent à la société. Elle les empêche de devenir adultes ! Et ne leur laisse d'autres choix que de se chercher eux-mêmes des rites de passage autrement plus destructeurs.
Il fut un temps où le service militaire avait plus ou moins cette fonction de transition entre l'âge adolescent et l'âge adulte. Si dans la pratique on pouvait émettre de nombreuses critiques sur cette institution souvent abêtissante, sur le fond, elle avait aussi son intérêt et de nombreux aspects positifs. Maintenant qu'elle a été supprimée, on s'en rend encore plus compte.
Donc le tout sécuritaire, clairement non ! Mais une politique de maintien de l'ordre ferme et à visée éducative, oui.

Quidam :
Qu'entendez-vous par « éducative » ? Comme ce que vous expliquiez sur le côté pédagogique d'une fessée ?

PG :
Absolument. Un trop grand nombre de gens n'ont pas appris une valeur de base de la vie avec autrui : le respect. Ils ne l'ont pas apprise parce que leurs parents ne la connaissaient pas et ne pouvaient donc la leur transmettre. Alors à leur tour, ils ne pourront non plus la transmettre à leurs enfants. Et l'irrespect de notre espace commun, de notre cadre de vie, se perpétue de générations en générations, voire se développe, chaque génération allant plus loin que la précédente. S'il faut attendre suffisamment d'éclosions spontanées de conscience pour que les choses s'arrangent, il risque de se passer quelques siècles. Alors je suis d'avis que lorsque l'éducation parentale est défaillante, la société, pour le bien de tous, prenne le relais.
Ici, cet irrespect de notre espace partagé est ce que l'on nomme couramment les incivilités. La crotte du chien dont le maître ne fait pas l'effort de ramasser les besoins naturels. Le chewing-gum jeté sur le trottoir qui va ensuite se coller sous la semelle de quelqu'un en plus de pourrir l'effort fait par une ville d'offrir un beau dallage à ses habitants en guise de trottoir. Le mégot de cigarette, lui, ne colle pas sous la semelle, mais a une très forte propension à se retrouver jeté n'importe où et à s'accumuler parmi d'autres détritus, quand il n'est pas jeté par la fenêtre de la voiture pour aller déclencher un incendie dans les herbes sèches du bas-côté. Certes les cendriers sont maintenant en option dans beaucoup de voitures, mais les véhicules qui en sont équipés n'ont pas souvent besoin de les vider pour autant. Pourquoi faire puisque le monde n'est qu'un vaste cendrier qui vous tend les bras ! Et puis, le paquet de cigarette… Ah, lui, il est redoutable. Non content de générer un nombre considérable de stationnements en double file fort gênants, il contient d'abord un film plastique qui va assez systématiquement par terre dès la sortie du bureau de tabac, puis encore un petit bout de papier aluminisé, qui suit le même chemin tout aussi rapidement. Ce n'est pourtant pas faute de poubelles : il y en a un peu partout dans les villes et villages. Et de toute façon, on constate trop souvent que même à deux pas d'une poubelle, trop de gens ne considèrent même pas cette alternative. Ce n'est pas par flemme, c'est juste parce que ça ne leur traverse même pas l'esprit. Si tant est qu'esprit soit le mot approprié…
Eh bien ce manque de conscience, cet irrespect des lieux publics, ça me choque. D'abord pour la saleté engendrée et au milieu de laquelle il est moins agréable de vivre, mais aussi parce que ça étale au grand jour toute la limitation de conscience de trop nombreuses personnes. Alors j'aimerais voir développer des brigades civiles, en civil, pour patrouiller rues, boulevards, plages, sites touristiques, etc., et verbaliser sur le vif ces incivilités. Je sais que certaines villes ont commencé à mettre en place de telles brigades pour lutter contre leur saleté généralisée, mais je doute qu'elles soient en civil.

Quidam :
Bref, encore plus de racket et de répression.

PG :
Sauf à ce que vous ne trouviez normal de tout jeter par terre, pas du tout. C'est juste de l'éducation.
Quand un enfant ne veut pas écouter, s'entête à refuser de comprendre, il y a un moment où il faut arrêter de discuter et punir. La punition est éducative, du moment qu'elle est juste. Et le portefeuille peut être un moyen de faire passer le message éducatif. Mais il n'est pas le seul et pas forcément le plus approprié. Une journée de corvées, à ramasser les mégots ou les crottes de chien, ou à décoller les chewing- gums du trottoir, peut être beaucoup plus efficace à stimuler la prise de conscience souhaitée que de ponctionner le porte-monnaie. Pour être éducative, la punition doit être adaptée à celui à qui elle s'applique, nous en avons déjà parlé. Sinon, effectivement, n'en est retenu que le côté répressif qui, forcément, génère du mécontentement. Mais au final, on sait bien que certains resteront indécrotablement obtus et ne se pénètreront jamais des notions de respect souhaitées. Alors pour ceux-là, afin qu'ils ne pourrissent pas impunément l'espace que nous devons partager avec autrui, qu'ils soient au moins aiguillonnés par la crainte du gendarme, ou plutôt dans ce cas du brigadier. Il est un dicton qui dit que c'est le début de la sagesse !

Quidam :
Mais quand même, si vous dites que ces brigades civiles devraient être en civil, c'est bien pour piéger les gens. C'est quand même sournois.

PG :
Voilà encore un vieux réflexe gaulois : vouloir savoir quand vous êtes surveillé et quand vous ne l'êtes pas, pour savoir quand vous devez faire attention et quand vous pouvez faire n'importe quoi.
Non. Si le but est d'éduquer la population au respect de l'espace commun, il faut que celui qui ne marche qu'à la peur du gendarme ne sache jamais s'il est surveillé ou pas. Car alors, ça l'oblige à se poser la question. Trop facile de ne le faire que quand on voit un uniforme. Mais avec des brigadiers en civils, ne pas voir d'uniforme n'est plus significatif d'impunité. Donc il faut faire attention tout le temps, partout. C'est ça la conscience : être attentif à soi comme à son environnement, à tout moment, en tout lieu. Ce n'est d'ailleurs pas si terrible que ça en a l'air. Ca ne représente un effort d'attention que le temps nécessaire à intégrer le réflexe du respect. Après, on n'y pense même plus, c'est naturel. C'est comme ça que s'ancreront petit à petit de meilleures manières dans l'art du vivre ensemble. Et tant pis pour ceux qui considèrent que c'est de la répression. C'est leur droit de demeurer butés.

Quidam :
Mais en même temps, une fois que vos brigadiers auraient attrapé quelqu'un, ils seraient repérés et n'auraient plus qu'à changer de coin.

PG :
Pas forcément non plus. Là ce serait un raisonnement dicté par la course à la prune, pour satisfaire des quotas totalement déplacés dans ce domaine qui n'a rien à voir avec une course au chiffre d'affaires. Si les brigadiers habituels sont repérés par les habitués d'un endroit, qu'importe. Ces habitués auront probablement intégré qu'il faut respecter ce lieu. Et puis encore une fois, si avant de jeter son chewing-gum ou son mégot, la personne se met à regarder autour d'elle pour voir si elle détecte ou pas des visages connus de brigadiers en civil, eh bien ce sera déjà au moins la moitié du chemin éducatif de fait parce qu'elle aura eu conscience de ce qu'elle s'apprêtait à faire et du fait que ce n'est pas correct.
Mais pour autant, ces brigades civiles, allant au moins par deux, non armées, rattachées à la police municipale, ont pour vocation de se déplacer pour couvrir la ville. Pas de rester toujours au même endroit. Et puisque faire dresser des PV pour défaut de ticket d'horodateur est un gâchis de ressources humaines si on le fait faire par des policiers dans lesquels on a investi plusieurs années de formation spécifique, ces brigades civiles me semblent toutes indiquées pour s'occuper de cette tâche.
De même qu'elles peuvent s'occuper aussi de toutes ces incivilités routières typiques des agglomérations et qui ne demandent ni une formation juridique poussée ni un entraînement à la sécurité particulier : les stationnements en double file, les gens qui s'arrêtent au milieu des carrefours en bloquant la circulation, et j'en passe.
Sans chercher le racket ni imposer de quota aux agents, je suis certain que de telles brigades civiles s'autofinanceront largement. Et au moins ce sera de la création d'emploi utile puisque ça améliorera la vie de la collectivité.

Quidam :
Par contre, avec une formation trop basique et des moyens minimaux, ces brigades trouveraient vite leurs limites.

PG :
C'est clair. Mais elles auront suffisamment à faire au sein de ces limites pour s'occuper utilement. Et pendant ce temps, les policiers, avec leur formation plus poussée, eux, seront libérés pour s'occuper de questions plus essentielles. Comme par exemple les vraies questions de prévention routière.
Vous n'êtes pas partisan du tout répressif ? Aujourd'hui pourtant, il se développe de façon aveugle et non constructive contre la vitesse au volant. D'abord par le déploiement des radars automatiques, puis bientôt de ces radars tronçons, destinés surtout aux autoroutes, alors pourtant que ce sont les voies les plus sûres et où les tarifs de péages, prétendument temporaires à l'origine, ne baissent jamais maintenant que l'Etat les a vendus à des intérêts privés pour tenter de compenser son incapacité de longue date à équilibrer un budget.

Quidam :
C'est là une question bien différente et qui fait effectivement aussi grincer des dents bon nombre de nos concitoyens. Mais nous n'y pouvons plus grand-chose.

PG :
Bien sûr que si. A partir du moment où nous considérons qu'un service public monopolistique n'a pas à engraisser des intérêts privés sauf à ce qu'il ne soit démontré qu'ils puissent le gérer mieux que l'Etat et donc à moindre coût pour les usagers, ce qui n'est pas ce que nous constatons au vu de la hausse régulière des péages malgré la disparition progressive des péagistes, il y a lieu de renationaliser ces portions de notre réseau routier. Et pas forcément pour supprimer les péages, ça c'est ouvert à débat. Mais au moins pour que ceux-ci bénéficient aux ressources collectives et servent à financer de nouvelles infrastructures plutôt qu'à verser des dividendes. En plus, les péages créent de toute pièce des bouchons en période de forte affluence, alors même que le télépéage qui permettrait au moins de les minimiser est rendu payant. Si on ne supprime pas les péages, au minimum il faut la gratuité de l'abonnement au télépéage pour le généraliser et fluidifier la circulation.

Quidam :
C'est une idée. Mais vous feriez racheter à l'Etat toutes les actions vendues voici plusieurs années lors de la privatisation des sociétés d'autoroute ? Je doute que nos finances publiques en aient les moyens actuellement.

PG :
Elles les auront. Et puis c'est question d'en déterminer les conditions de rachat. Faut-il racheter au cours actuel ? Ou simplement annuler les transactions de la privatisation et donc rembourser sur la base du prix d'introduction en bourse ? Faut-il tout rembourser d'un coup ? Ou capitaliser la dette pour la rembourser sur dix ans, selon l'ordre d'ancienneté de détention de titres par les actionnaires ? Il y a matière à réfléchir à la meilleure façon de procéder. Mais ce ne sont pas les solutions qui manquent ?

Quidam :
Enfin, racheter au cours d'introduction des actions qui valent peut-être deux fois plus maintenant, c'est un peu du vol.

PG :
Il est un principe en politique qui dit que « nulle vie ni aucun bien ne sont en sécurité pendant que le Parlement est en session ». Si la collectivité décide que c'est ce qu'il est bon de faire, certains intérêts privés pourraient effectivement se trouver un peu lésés. Mais lesquels ? Pas les investisseurs ayant acheté à l'origine pour conserver les titres sur le long terme, puisque eux ne perdraient qu'une plus-value latente, c'est-à-dire rien. Ce sont les spéculateurs qui ont acheté plus cher ensuite en jouant la hausse du titre qui y perdraient. Et ceux-là, je dois l'avouer, ça ne me chagrine pas s'ils sont pris à contre-pied par des décisions de la société. Toutefois, par principe, le but n'est pas de voler mais de trouver ce qui est le plus juste. Comme lorsqu'on exproprie un propriétaire privé pour détruire sa maison au profit d'un aménagement bénéficiant à tous.
Et puis, si les sociétés privées sont libres d'augmenter leur tarif, ce sont les utilisateurs, pris en otage par ce monopole, qui sont lésés. Si au contraire ce sont les pouvoirs publics qui autorisent ou pas les augmentations de tarif, les refuser peut aussi léser les actionnaires en obérant la rentabilité des entreprises autoroutières, entraîner une baisse à terme du titre et permettre de racheter à meilleur compte plus tard. Alors c'est quand même déjà un système qui ressemble à un marché de dupe, non ? C'est pourquoi il est malsain et qu'il faut y remédier.

Quidam :
Soit. Mais pour revenir à notre sujet, privées ou pas, les autoroutes ne sont pas exemptes de problème de sécurité routière.

PG :
Il faut quand même savoir que les autoroutes représentent seulement 2% du nombre de morts sur la route mais l'essentiel des radars. Ce qui d'ailleurs, dans le cadre d'une recherche de diminution de la mortalité routière devrait inciter à en ouvrir financièrement l'accès plutôt que l'inverse. Alors comment ne pas comprendre les gens qui parlent de répression aveugle et de racket ? Alors même que les morts sur la route sont trois fois moins nombreux que les suicidés et quatre fois moins que les victimes d'accidents domestiques ? Mais c'est tellement plus facile de culpabiliser les gens sur la vitesse, vu qu'elle est si facile à réprimer.

Quidam :
Attendez. Il y a quand même des résultats dans cette politique. Le nombre de morts sur la route a diminué depuis ces dernières décennies. Il y a quand même autre chose que de la répression et du racket derrière tout ça : il y a la protection des personnes.

PG :
Oui et non.
D'abord, le vrai bilan de la route, je ne le connais pas. On nous annonce toujours le nombre de morts, mais en mettant dans le même panier ceux qui se sont tués sur la route et ceux qui y ont été tués. Or ce n'est pas du tout la même chose. Ceux qui se tuent, donc sous leur propre responsabilité et de leur propre fait, du moins lorsqu'il s'agit de fautes inexcusables, ne font que récolter les fruits de leur incompétence comme conducteur ou de leur imprudence caractérisée. Ca ne concerne donc vraiment qu'eux- mêmes. La société, elle, n'est réellement concernée par le problème qu'au titre du besoin de sécurité, besoin qui ne s'applique qu'à ceux qui sont tués sur la route suite à errements d'autrui ou erreurs excusables de leur part. Celui qui décède parce qu'il a été surpris dans un virage à allure raisonnable par une plaque de verglas est responsable en tant que conducteur mais pas pour autant coupable d'une faute inexcusable. Le coupable en premier ressort, c'est le verglas. De cette mort-là, il est légitime que la société se préoccupe, tout en constatant qu'aucun radar automatique ne peut prévenir ce genre de problème qui relève des seuls moyens accordés ou pas à la DDE pour identifier et éliminer la présence de ce danger. Par contre, celui qui se tue dans le même virage, par beau temps, sans verglas, parce qu'il est en vitesse très excessive est, lui, non seulement responsable, mais également coupable de sa propre mort. Ses éventuels passagers, ou les occupants d'autres véhicules subissant cet accident, sont des victimes de la route, mais pas lui. Sa mort à lui peut éventuellement relever des statistiques sur le suicide et l'autodestruction, mais pas de celles de la violence routière.
Par ailleurs, je déplore aussi le silence sur le nombre de grands brûlés, de tétraplégiques, et autres handicapés ayant survécu mais non sans dommage à un accident de la route. Or depuis ces dernières décennies, les voitures ont pris un embonpoint considérable, de l'ordre de trois cents kilos au moins pour les citadines compactes, de par la multiplication des équipements de sécurité, et notamment, pour ce qui nous concerne ici, ceux de sécurité passive, celle qui renforce la carlingue et prévoit des zones de déformation programmée pour donner beaucoup d'étoiles au crash test. Alors est-ce la répression accrue des excès de vitesse qui permet la diminution du nombre de morts ou l'amélioration de la sécurité passive des véhicules ? Et, de par ces progrès techniques automobiles, combien de morts d'avant sont transformés en handicapés de maintenant ? Je n'en sais rien. Alors dire si cette politique est efficace ou pas, je n'en sais rien non plus. Et je ne parle même pas des accidents que les progrès en matière de sécurité active permettent carrément d'éviter… Parce que si tous ces développements techniques ne servaient à rien et n'impactaient pas positivement le bilan routier, alors il y aurait urgence à revenir en arrière et faire baisser le prix des voitures en les économisant plutôt qu'en les rendant de plus en plus obligatoire.
Par contre, il est certain que cette politique génère du chiffre d'affaires de PV. Dès que le nombre de morts cesse de baisser malgré l'augmentation régulière de la population, nous avons droit à un nouveau déchaînement répressif pour faire croire aux citoyens que le Gouvernement s'occupe bien d'eux. Avec pour conséquence que de plus en plus de gens se retrouvent sans permis de conduire. Il est clair que dans certains cas, c'est justifié. Celui qui perd son permis pour récidive de très grand excès de vitesse, je ne vais pas le plaindre. Un très grand excès de vitesse, on le fait difficilement autrement qu'avec l'intention tout à fait volontaire de rouler excessivement vite. A contrario, celui qui perd son permis parce qu'il habite une grande agglomération avec beaucoup de radars automatiques, et qu'il perd ses points un par un, par accumulation de petits excès de vitesse de moins de 10 km/h, est victime d'une politique de répression routière aveugle. Et j'accuse cette répression d'être aveugle, parce qu'elle ne fait aucune différence entre excès de vitesse et vitesse excessive.

Quidam :
J'avoue ne pas vraiment la faire non plus. Quelle est la nuance ?

PG :
Si vous êtes sur autoroute, par beau temps, avec un faible trafic, et que vous roulez à 150 km/h, vous êtes en excès de vitesse, mais votre vitesse n'est pas franchement excessive au vu de l'excellence des conditions de circulation. A l'inverse, si vous êtes en ville, dans une ruelle étroite avec des voitures garées des deux côtés qui limitent votre visibilité, et que vous roulez à 50 km/h, vous n'êtes pas en excès de vitesse, mais votre vitesse est manifestement excessive à cet endroit-là. Et sur une route, par brouillard dense, même à 50 km/h au lieu des 90 autorisés en temps normal, vous êtes peut-être encore en vitesse excessive bien que très loin de l'excès de vitesse. D'ailleurs, si 90 km/h est une vitesse très sûre pour passer un virage donné avec votre voiture récente à pneus de 195 de largeur, ce sera peut-être très excessif pour faire de même avec la voiture de votre jeunesse et ses pneus de 135 seulement.
Alors voilà la différence entre les deux. La vitesse excessive est celle qui n'est pas adaptée au véhicule utilisé ni aux conditions de circulation du moment et de l'endroit. L'excès de vitesse est le simple dépassement d'une limite générale pas forcément pertinente en tout temps ni en tout lieu ni pour tout véhicule. Le code de la route dit qu'il faut adapter sa vitesse aux circonstances de la route. Mais en pratique, la loi marche à sens unique : l'adaptation n'a le droit d'aller que dans le sens de la réduction.
Certes, la limitation de vitesse existe et il faut la respecter car autrement ça devient ingérable. OK, le conducteur fautif a un PV à chaque fois pour le lui rappeler. Mais le retrait de permis est-il justifié ? Qui va me faire croire que cette personne est très dangereuse en roulant à 55 au lieu de 50 sur un grand boulevard à quatre voies ? Excès de vitesse, mais pas forcément vitesse excessive. Et rouler avec le nez sur son compteur par peur du radar au lieu de regarder autour de soi est autrement plus dangereux que de se laisser emporter peut-être un simple instant à dépasser légèrement la limite légale mais en regardant bien la route. C'est l'exemple typique qui montre que ce système est mal pensé. Comment fait-on, en France, pour avoir autant de politiciens et de fonctionnaires qui semblent incapables de réfléchir correctement à ce qu'est la vraie vie dans la vraie société et aboutissent à des mesures inadaptées avec des effets secondaires très critiquables ? Il semble qu'à chaque nouvelle mesure, qu'elle soit décrétée ou votée, il se crée un déséquilibre ou une aberration supplémentaire ! Cette incapacité à se projeter dans les effets concrets d'une mesure ou d'une loi est bien symptomatique du gouffre existant entre notre société et le pouvoir qui la dirige. Citoyens et gouvernants ne semblent pas vivre dans le même monde. Mais je digresse…

Quidam :
Alors que feriez-vous ? Supprimer les radars automatiques ? Supprimer le permis à point ? Ce serait encourager les gens à recommencer à rouler sans mesure.

PG :
D'abord pour cette question de permis à point. Le système, en soi, ne me parait pas mauvais. Celui qui accumule les infractions démontre qu'il n'a pas forcément une bonne maîtrise des règles de circulation sur un domaine routier partagé ou manque de volonté pour les appliquer. Qu'on lui retire son permis, pourquoi pas. Mais je trouve sa mise en œuvre pratique très critiquable.
Jusqu'à 2010, les pertes de points nécessitaient trois ans sans infraction pour les retrouver, ou un an si ce n'était une perte que d'un point. La législation a récemment réduit ces délais qui varient de deux ans à six mois selon les cas. Mais dans une grande agglomération avec beaucoup de radars, il demeure facile de perdre au moins un point tous les six mois. Et du coup, le capital ne se reconstitue jamais, les pertes s'accumulent et, sans avoir jamais été vraiment dangereux, on peut perdre son permis. Réduire le délai de récupération réduit forcément le problème, mais ce n'est pas tant de là qu'il découle que de la nécessité de s'abstenir de toute infraction même très mineure pendant cette période.
Si au contraire on dit qu'un point perdu se récupère au bout d'un an, qu'il y ait ou pas d'infraction pendant cette période, qu'une infraction à deux points s'annule au bout de deux ans, à trois points au bout de trois ans, et ainsi de suite, toujours indépendamment des retraits de points subséquents éventuels, le conducteur dispose alors d'une espèce de fonds de roulement qui permet mieux de faire la différence entre les fous dangereux et monsieur tout le monde, qui roule sans excès particulier mais à qui il arrive de dépasser un peu temporairement la limitation. Et en fait, comme les petites infractions entraînant un retrait d'un point seulement ne me semblent pas constituer un danger réel pour autrui, je suis même d'avis de les limiter à la seule amende, sans retrait de point.

Quidam :
Vous allez vous faire des amis avec une telle proposition.

PG :
Je crois qu'il y a suffisamment l'occasion que ce soit l'inverse pour ne pas bouder mon plaisir.
La question des radars automatiques, maintenant. Nous ne sommes pas égaux devant cet instrument. Grâce à l'automatisation, les amendes arrivent assez rapidement au domicile, ce qui est une nette amélioration par rapport au fait de les recevoir 6 mois plus tard. Vous disposez alors d'un délai de deux semaines pour payer spontanément en bénéficiant d'une minoration de l'amende. Mais si vous recevez le PV juste après être parti pour trois semaines de vacances, vous aurez l'insigne privilège de payer plein tarif à votre retour. Dans notre société de loisirs qui accorde au moins cinq semaines de congés payés et où faire un voyage de trois, voire quatre, semaines est banal, la loi n'a toujours pas intégré le droit de s'absenter de chez soi plus de deux. Cela ne vous semble-t-il pas un peu incohérent, pour ne pas dire carrément injuste ? Ce même trop court délai s'applique d'ailleurs également aux envois recommandés, alors que leurs effets légaux courent de toute façon à compter de leur première présentation et que le délai de conservation est donc sans conséquence juridique… Alors pourquoi seulement deux semaines ? Clairement, il faut étendre ces délais à un mois.
Mais l'inégalité face aux radars automatiques ne s'arrête pas à ces considérations financières. Ceux qui ont un GPS ou appareil assimilé en indiquant la position n'ont aucune raison de se faire prendre, alors que ceux qui n'en ont pas… n'en ont pas. Certes, les pouvoirs publics ont pris soin de signaler aux automobilistes les zones où se trouvent ces radars, ce que je trouve d'ailleurs plutôt cocasse car symptomatique de la tendance à prendre des mesures à moitié faute de les assumer vraiment.

Quidam :
Ces panneaux ont au moins le mérite de rétablir un certain équilibre avec ceux qui bénéficient d'un copilotage par GPS ou avec les habitants du coin qui savent bien, à force, où ils sont implantés.

PG :
Ce n'est pas faux. Toujours est-il que la majorité des gens freinent à l'approche du radar automatique, puis réaccélèrent ensuite. Et voilà que certains responsables s'émeuvent de ce que cette pratique du freinage préventif risque de créer davantage d'accidents ! Ca laisse rêveur. Donc globalement, les radars automatiques, tels qu'ils sont implémentés à l'heure actuelle, ça me laisse mitigé.
Et puis il y a aussi une question à soulever dont je n'ai pas encore entendu parler alors pourtant qu'elle est bien réelle. On entend le gouvernement menacer bien légitimement ceux qui se livrent à un trafic de points de permis. Mais peut-on empêcher un mari et sa femme de déclarer les points perdus pendant un an sur le permis de l'un, puis ensuite de basculer sur celui de l'autre pendant un an, le temps que le premier récupère ses points, et ainsi de suite ? Et qui se soucie de ceux qui échappent tout simplement aux retraits de points ? Car il faut savoir que nous ne sommes pas égaux non plus face à ces retraits selon que l'on conduit une voiture de particulier ou un véhicule d'entreprise. En effet, l'entreprise peut facilement payer l'amende, même en la répercutant au salarié, mais prétendre officiellement que, s'agissant d'un véhicule utilisé par plusieurs personnes, elle ne sait pas qui conduisait le véhicule à ce moment-là. Alors, aucun point n'est retiré à personne. Et il est surprenant de voir combien de grosses berlines de fonction de dirigeants d'entreprise sont officiellement des véhicules utilisés par plusieurs personnes et dont on ne sait déterminer le conducteur au moment d'une infraction… S'il y avait dans toute entreprise une personne, par défaut le dirigeant mais libre à lui de déléguer, qui soit responsable à titre personnel de l'utilisation des véhicules de la boite, et perde lui-même les points sur son propre permis s'il ne peut dire qui conduisait au moment d'une infraction, ce genre d'échappatoire n'existerait pas.

Quidam :
Et une fois que cette personne n'a plus de points ?

PG :
D'abord ce sera qu'elle fait mal son boulot en perdant des points à la place d'autrui, ou qu'elle roule elle-même comme une sauvage. Ensuite, libre à l'entreprise de désigner quelqu'un d'autre pour cette fonction, si elle en trouve qui accepte les risques de cette responsabilité. Et s'il n'y en a pas, comme dans le cas d'un artisan travaillant seul et ayant perdu tous ses points, eh bien il embauche un conducteur ou son entreprise ne roule plus.

Quidam :
Il est clair que la nécessité professionnelle du permis ne doit pas donner le droit d'être dangereux pour autant. Mais il est aussi vrai que plus on roule, comme un représentant de commerce qui peut faire jusqu'à cent mille kilomètres par an, et plus on est exposé à la petite erreur qui fait perdre des points.

PG :
On peut très bien envisager que le retrait de permis ne soit jamais automatique, mais uniquement prononcé par un tribunal de police en charge de moduler sa sanction aussi en fonction de ces éléments. Un historique de petites fautes pourra inciter à la clémence, la récidive de grosses fautes l'inverse.
Il faut mentionner que le monde de l'entreprise a parfois aussi une autre parade. J'ai également connu certains groupes internationaux qui s'efforçaient de jouer honnêtement le jeu en prévoyant l'obligation de fournir un permis de conduire avec tout paiement d'amende. Mais alors je ne vous raconte pas le nombre d'infractions attribuées à des salariés japonais qui avaient eu la gentillesse de fournir une copie de leur permis à leurs collègues français puisqu'ils n'étaient pas, eux, soumis au retrait de point. A noter que cette technique fonctionne aussi chez les particuliers… Comme quoi, l'ouverture internationale peut apporter des avantages insoupçonnés.

Quidam :
Je n'aurai pas pensé à ça. Il faut parfois savoir se résigner à ce que l'imagination ne l'emporte.

PG :
Certes, mais au concours de l'imagination, bien malin qui peut dire qui aura le dernier mot. Car on peut aussi imaginer une parade à cette pratique imaginative, sinon pour l'empêcher, du moins pour la dissuader. Il suffit par exemple de décréter que les conducteurs étrangers non soumis au retrait de point sur leur permis sont passibles d'une amende doublée.
Mais rien de tout cela n'est pris en compte. Donc clairement, les mesures qui ouvrent la voie à autant de problèmes d'applications pratiques et offrant tant d'échappatoires, je n'adhère pas. La loi française en est truffée, et au final, ça ne fait que piétiner le soi-disant principe d'égalité des citoyens devant la loi. Comme disait l'excellent George Orwell dans sa République des Animaux : « Tous les citoyens sont libres et égaux mais certains sont plus libres et plus égaux que d'autres » ! Ces histoires de radars automatiques et de permis à points ne font que donner matière à illustrer à nouveau la grande créativité du peuple français pour ce qui est de trouver les failles de toutes ces lois mal conçues.
Et puis surtout, ce qui est particulièrement mal vécu par la population, c'est de subir cette pression répressive alors même que tout un chacun voit bien la faillite de la police face aux banlieues. Ca donne vraiment l'impression de faire du cache-misère sécuritaire.

Quidam :
Alors que préconiseriez-vous en matière de sécurité routière ?

PG :
Je ne dis certainement pas qu'il faille jeter tout ce qui est fait actuellement. Loin de là. Par contre, il faut adapter un peu les choses, ainsi que nous venons d'en discuter.
Mais je crois qu'il faut surtout faire une différence entre la sanction automatisée dont la photo ne permet pas d'identifier avec certitude le conducteur, et les cas où celui- ci l'est sans ambiguïté par une photo de face de qualité suffisante ou que ce soit parce qu'il a été intercepté sur le fait. Dans tous les cas d'ailleurs, ces photos doivent être consultables par Internet, ou depuis n'importe quel commissariat ou gendarmerie, à partir du simple numéro de PV, afin de permettre à la personne concernée, conducteur ou propriétaire, de constater qu'il s'agit bien de son véhicule et pouvoir vérifier si nécessaire qui conduisait. Pour les conducteurs clairement identifiables, il faut rétablir le passage systématique devant le tribunal de police afin que, en plus du retrait de points, la sanction forfaitaire soit remplacée par une sanction sur mesure pour chacun, selon le principe d'adaptation pédagogique dont je vous ai déjà parlé. Et pour ceux qui ne le sont pas, on ne peut guère faire autrement que d'en rester à la sanction financière forfaitaire, sur un principe similaire à ce qui se fait aujourd'hui mais sans retrait de points. Car même si le propriétaire du véhicule ne conteste pas l'infraction, son acceptation de la sanction n'est pas preuve de culpabilité. Et il faut aussi éviter que de nombreuses voitures soient mises, par exemple, au nom de la grand-mère ne touchant plus que le minimum vieillesse, ce qui minimiserait la sanction variable. Voyez, avec un peu d'imagination, on peut aussi prendre la peine de réfléchir pour anticiper les dérives que peut induire une mesure. C'est d'autant plus facile à faire quand on est capable de s'identifier au commun des gens dont on fait partie, plutôt que de se focaliser à faire briller son nombril en vue d'une réélection.
Il est clair qu'une telle adaptation du dispositif rendra plus pédagogiques, et donc plus constructifs, les flashs par l'avant et les interceptions sur le vif sur le terrain, car ils permettront l'identification irréfragable du conducteur et son passage devant le tribunal de police pour une sanction adaptée.

Quidam :
Mais cela reviendrait à encourager les motards à plus d'excès puisqu'ils ne seraient, dès lors, plus vulnérables qu'aux interceptions sur le fait.

PG :
Donner plus d'importance aux flashs par l'avant ne signifie pas pour autant supprimer les flashs par l'arrière. Les deux peuvent cohabiter. Et les fonctionnaires en charge de la gestion des radars fixes savent très bien les retourner régulièrement afin qu'on ne sache jamais dans quel sens ils flashent. Du coup, pour les motos, ce ne sera pas tellement différent de maintenant. Ils sont déjà immunisés contre les flashs par l'avant et peuvent déjà fournir l'identité du pilote qu'ils veulent en cas de flash par l'arrière. Cependant, il y a quand même moins de personnes possédant le permis moto, donc les possibilités de trafic de points sont aussi réduites.
Mais le problème motard n'est-il pas un peu différent ? Ils sont stigmatisés comme étant des sauvages alors que ce n'est que rarement le cas. Ne serait-ce que par conscience qu'ils sont bien plus exposés. Ils sont d'ailleurs bien plus souvent victimes de l'inattention des voitures que de leurs propres bêtises. Alors évidemment qu'il faut les autoriser à se garer sur les trottoirs, du moment que ceux-ci sont suffisamment larges pour que ça ne gêne pas le passage des piétons. Et la politique de verbalisation aveugle de nombre de municipalités, dont celle de Paris, est à ce titre assez scandaleuse. Evidemment aussi qu'il faut les autoriser à remonter les files dans les bouchons. Mais à vitesse mesurée, et pas aux péages. Encore qu'ils pourraient être dispensés de ces derniers, au moyen d'un portail spécifique de passage, compte tenu qu'ils n'usent pas la chaussée avec le faible poids de leurs véhicules, contrairement à une voiture ou un camion. Et je ne dis pas ça juste pour me refaire des amis.

Quidam :
J'entends bien votre point de vue. Mais ce qui leur est surtout reproché, c'est plutôt d'avoir le poignet un peu trop en coin.

PG :
Je vois que vous connaissez les expressions du milieu motard.
Se faire flasher de dos à 200 km/h sur autoroute, ça relève du très grand excès de vitesse exposant au minimum le propriétaire de la moto à la confiscation de sa machine, même si le pilote ne peut être identifié avec certitude. Et si ce n'était pas lui, vous pouvez parier sur la fin d'une belle amitié avec le pilote concerné. Car c'est déjà une sanction assez dissuasive quand on connaît l'attachement des motards à leurs engins et le prix de ceux-ci. Après, sauf à s'interroger sur la pertinence de laisser en libre circulation des engins taillés pour la piste et la course, il faut aussi savoir accepter les limites de son action.
Certes, une moto de 200 kg qui s'encastre dans une voiture, ça fait du dégât aussi pour les occupants de la voiture que la société a le devoir de protéger. Cependant, le risque maximal est pour le motard. Alors n'y a-t-il pas un moment où, au lieu de se heurter aux limites inhérentes à la répression, il serait plus judicieux de responsabiliser ? Si un motard se prend un arbre dans un virage à 150 sur une route limitée normalement à 90, et que son très grand excès de vitesse est clairement établi, pourquoi, s'il y survit, lui faire bénéficier de la solidarité de la société en lui offrant une prise en charge de ses soins ? Si un conducteur de voiture traverse son pare-brise parce qu'il n'a pas mis sa ceinture, pourquoi faut-il que toute la société paye pour sa chirurgie faciale ?

Quidam :
J'entends déjà les hurlements de vos amis les bien-pensants : « comment, mais c'est un scandale, on ne peut pas laisser les accidentés sans soins comme ça ! »

PG :
Eh bien si, on le peut. La solidarité de la société doit être là pour prémunir contre les erreurs inopinées générant des accidents pour soi ou autrui. Mais quand on se met sciemment en danger, que ce soit par négligence coupable comme dans le cas du non port de la ceinture de sécurité, ou que ce soit par inconséquence inexcusable comme dans le cas d'un grand excès de vitesse manifeste, je ne vois pas au nom de quel principe il faudrait en plus leur offrir le coussin de déresponsabilisation que constitue la prise en charge médicale par la société de leurs dégâts physiques. Evidemment, cela créera parfois des situations humaines dramatiques, mais elles feront aussi réfléchir les autres. C'est là que me parait approprié de rappeler un adage célèbre : « apprenez des bêtises d'autrui, la vie est trop courte pour pouvoir toutes les faire soi-même ». Surtout quand certaines bêtises contribuent considérablement à la raccourcir…
Et puis rien n'empêche tous ces gens choqués par ma suggestion de réagir à titre privé en créant une association d'aide aux soins de ces cas responsables et coupables. C'est facile de clamer haut et fort de beaux principes tout en voulant en répartir le poids sur tous. Il y a aussi un moment où il faut être en cohérence financière avec ses propres convictions. Et, navré, mais la mienne est que je n'ai pas envie de payer pour soigner tous les fous que la vie a mis face à leur inconséquence.

Quidam :
Je ne peux m'étonner de votre position car c'est tout à fait dans la lignée des arguments que vous avez développés contre la prise en charge collective des cancers liés au tabac ou à l'alcool. Mais je ne sais pas si ce serait si dissuasif que ça. Les grands handicapés dont on médiatise les images ne semblent pas servir de contre- exemple suffisant pour calmer les fous de la route.

PG :
Rien ne peut calmer un vrai fou, puisque sa folie est précisément ce qui l'empêche d'apprendre et d'évoluer en conscience et raison. Mais il y a aussi les fous temporaires : les jeunes. Et ceux-là, on peut continuer à les sensibiliser comme on le fait actuellement, mais en sachant que le propre de la jeunesse est de n'écouter que d'une oreille et de n'être pas réceptif à tout un tas de discours sur le risque qui semblent pourtant effrayants pour les vieillards craintifs que nous tendons tous à devenir dans une mesure ou une autre. Il n'y a pas de solution absolue à tous les problèmes humains. Il faut savoir accepter que certains s'y cassent les dents et qu'il puisse y avoir des dégâts. Encore une fois, le principe de la satisfaction du second besoin, le besoin de sécurité, est de veiller à ce que les erreurs d'une personne ne débordent pas sur autrui. Pas de l'empêcher de vivre, même si sa façon de vivre peut lui causer bien du tort. C'est son choix, sa liberté. Et c'est aussi en partie de la sélection naturelle.

Quidam :
Ca sonne quand même un peu comme un encouragement à la vitesse votre discours.

PG :
Forcément, quand le conditionnement martelé par la propagande officielle est que la vitesse est la cause de tous les maux, je comprends que vous puissiez ressentir ainsi la remise en cause que j'en fais. Pour autant, il faut aussi arrêter de se voiler la face : il n'est pas si fréquent que la vitesse soit « la » cause d'un accident. C'est toujours un facteur aggravant, c'est vrai, mais dans de nombreux cas, la cause est autre : alcool ou autres drogues, endormissement ou autres défauts d'attention ce qui inclut l'hypovigilance engendrée par une circulation à une limitation de vitesse trop soporifique, non signalement d'une chaussée glissante ou en mauvais état, nid de poule inopiné ou gravillon dans un virage, etc. Une étude sur les causes d'accidents sur autoroute a établi qu'un mort sur dix seulement était dû à la vitesse excessive, un sur six à l'alcool, alors que un sur trois était dû à l'endormissement. Et la monotonie d'un trajet à 130 km/h sur une autoroute droite et quasi vide fait clairement partie des facteurs soporifiques. Alors la vitesse est certes un des éléments de l'insécurité routière, mais il faut arrêter de la diaboliser et lui faire porter le chapeau de tous les problèmes sous prétexte qu'elle est facile à contrôler et à réprimer pour une politique tape à l'œil… et lucrative !
Car, il y a des problèmes qui semblent passer complètement au travers de la bienveillance de la prévention routière. J'aimerais bien savoir combien d'accidents proviennent du non respect d'une priorité à droite. Vous roulez sur la rue centrale, toute droite d'un village, une ruelle y débouche par la droite au détour du coin d'une maison, vous ne la voyez qu'en arrivant dessus, mais elle a priorité. C'est ridicule, antinaturel, et, forcément, ça crée des accidents. La priorité à droite doit être abolie et remplacée à chaque intersection par une vraie signalisation adaptée à la logique de la situation. Et dans ce cas-ci, la logique est que la grande rue du village conserve la priorité sur la petite ruelle.

Quidam :
C'est vrai, mais ce problème se trouve surtout dans les villages, où les accrochages ne sont pas bien méchants.

PG :
Oui, et ça fait travailler les carrossiers et augmenter les primes d'assurance, autant de choses qui contribuent à la croissance du PIB. Alors même si c'est un vrai problème pour les citoyens, qui s'en soucie au gouvernement ?
Un autre problème est que le permis de conduire est accordé à vie… sauf suspension ou annulation pour perte de son capital de points. Combien de personnes, essentiellement âgées, sont des dangers publics parce qu'elles n'y voient plus clair, ou ont le cou trop coincé pour simplement tourner la tête, ou autres problèmes physiques réduisant considérablement la capacité à conduire une voiture en respectant la sécurité d'autrui ? On entend de timides voix, parfois, demandant l'instauration d'une visite médicale au-delà d'un certain âge. Oui, absolument ! C'est une nécessité.

Quidam :
Il est quand même délicat d'empêcher les personnes âgées de rouler.

PG :
Pourquoi donc ? Deux poids, deux mesures ? En quel honneur ? Si on parle de sécurité routière, on parle de la même chose pour tous. Et si certaines personnes âgées deviennent dangereuses, la société a le devoir de prémunir ses citoyens contre ce risque.

Quidam :
Il est vrai que si le permis est annulé pour raison médicale, il leur reste encore la voiturette sans permis.

PG :
Quand on n'y voit pas clair, surtout la nuit ou quand il pleut, on reste un danger en voiturette comme en voiture normale. Les personnes concernées par ces problèmes d'incapacité physique à conduire vont rarement vite de toute façon même avec une voiture normale. Les limiter aux voiturettes ne résout par franchement le problème. Des visites médicales tous les cinq ans à partir de soixante ans, puis tous les deux ans à partir de soixante-dix, doivent déterminer l'aptitude, l'inaptitude ou l'aptitude partielle de chacun à conduire pour valider la reconduction du permis pour une nouvelle période. L'aptitude partielle permet la conduite de voiturettes sans permis tandis que l'inaptitude ne le permet pas. Si les véhicules sont soumis à un contrôle technique, n'est-il pas logique que les conducteurs le soient aussi ?
D'ailleurs, je vous mentionne le fait que la vue des personnes âgées tend à se dégrader, ce qui leur pose des problèmes de vision notamment la nuit et quand il pleut. Mais il faut bien reconnaître que même pour quelqu'un avec une vision normale, les bordures grises de trottoirs, de nuit, et lorsqu'il pleut, ne sont pas toujours très clairement perceptibles. C'est rarement plus méchant qu'un frottage de roue même si ça peut parfois vous foirer la direction, mais améliorer le marquage à ce niveau-là serait certainement apprécié de beaucoup de gens.
Et une autre amélioration appréciable du marquage à mettre en œuvre concerne l'identification claire des zones à limitation de vitesse spécifique. Qui ne s'est jamais retrouvé en situation de ne plus être bien sûr de la limitation applicable à un endroit donné ? Les portions d'autoroute limitées à 110 km/h voire à moins, les zones urbaines à 70 ou à 30, les portions de route à 70, etc. Certes il y a des panneaux en début et fin de zones. Mais il y a aussi des tas de raison qui peuvent rendre très excusable de les manquer. Ne serait-ce que parce que nous ne sommes pas des machines infaillibles.

Quidam :
C'est vrai. Parfois le doute vient simplement de la longueur de la zone en question et de la rareté des rappels. On en vient à se demander si on a manqué le panneau de fin de limitation et on ne sait plus si on peut réaccélérer ou pas.

PG :
Exactement. Etre sévère sur le respect de la vitesse, ça passe mieux si les pouvoirs publics s'assurent d'abord qu'il n'y a pas de doute sur la limitation à respecter à l'endroit où nous nous trouvons. Dans cet esprit, dans le nord de l'Aveyron, a été conduite une expérience de marquage au sol identifiant clairement toute la longueur des zones de traversée des villages limitées à 50 km/h, ainsi que les zones en entrée et en sortie où la limite est de 70. Aucun doute possible. L'idée est bonne et mérite d'être généralisée même si avec une mise en œuvre un peu différente et moins consommatrice de peinture que la débauche de marquages à laquelle a donné lieu cette expérimentation et qui rend la chaussée dangereuse pour les deux-roues. Une fois dans un village, avec des maisons tout autour, il n'y a guère de doute et marquer le 50 au sol me parait superflu. Seules les zones de limitation différentes de la normale, par exemple 70 ou 30 km/h, nécessitent un marquage spécifique. Ainsi que les zones d'entrée et de sortie, lorsque les maisons se font plus rares et que le doute d'avoir manqué le panneau de fin d'agglomération commence à s'installer. Il n'est d'ailleurs nullement besoin de bandes de couleurs en continu sur toute la longueur de la zone comme cela a été fait en Aveyron. Un marquage limité mais visible, comme l'est, tous les 50 ou 100 mètres selon les besoins, un simple rappel au sol au milieu de la chaussée de la limite de vitesse applicable à cet endroit, est suffisant. Et pareil sur les routes pour les portions à limitation autre que 90 km/h ou sur les autoroutes pour les portions à vitesse réduite.

Quidam :
Ce n'est pas une mauvaise idée. En plus, ça éviterait aussi les doutes que font naître les GPS indiquant des limitations de vitesse parfois erronées pour certaines zones, ce qui crée facilement de la confusion.

PG :
Le but n'est pas de compenser les erreurs cartographiques des GPS, mais bien d'éviter l'incertitude et le flou pour tout un chacun, ce qui me semble un préalable indispensable avant de s'autoriser à être sévère.
Mais il y a aussi bien d'autres problèmes récurrents sur la route que les problèmes de vitesse et qui méritent qu'on s'en préoccupe. Par exemple, il y a simplement ceux qui ont oublié le code de la route, voire ne se sont jamais préoccupés d'intégrer ses évolutions. Combien de conducteurs savent utiliser correctement ces grands ronds- points à doubles voies et priorité au véhicule qui est à l'intérieur, donc venant de gauche, contrairement à la règle habituelle de priorité à droite ? Plus d'un conducteur s'est fait piéger par une voiture qui pique soudainement de la voie intérieure vers la sortie qui l'intéresse, généralement sans clignotant, et sans se soucier une minute du fait qu'il aurait fallu changer de voie avant. C'est souvent juste agaçant, mais parfois ça collisionne.
Et que dire de toutes les incivilités routières ? J'ai déjà mentionné ces gens qui s'engagent dans un carrefour sans se préoccuper de savoir s'ils pourront le traverser, et y restent coincés, bloquant les véhicules venant des autres voies alors que ceux-ci devraient normalement pouvoir traverser. Ca créé des bouchons qui ne devraient pas exister pour peu que ces gens aient un peu plus conscience de partager la route avec autrui. On peut aussi mentionner ceux qui restent scotchés à la file de gauche sur l'autoroute ou les voies rapides, ce qui est proscrit par le code de la route même s'ils roulent à la vitesse limite autorisée. Souvent d'ailleurs ce n'est pas le cas. Et alors peut- on vraiment blâmer celui qui finit par doubler à droite ? D'ailleurs, rouler normalement sur la voie de droite et dépasser ainsi un véhicule plus lent qui reste, lui, sur la voie de gauche ne me semble pas être la même chose que de doubler par la droite. Mais je ne suis pas sûr que ce soit l'interprétation qu'en fait la maréchaussée.

Quidam :
Ouais, c'est sûr, tout ça, c'est agaçant, mais ce n'est pas bien méchant non plus.

PG :
Non, ce n'est pas bien méchant, effectivement. Mais doit-on, sous prétexte d'avoir la syphilis, négliger d'enlever l'écharde qu'on a dans le derrière ? Ce n'est pas parce que ce ne sont pas des questions graves et essentielles qu'il faut ignorer les petites mesures pas du tout révolutionnaires qui permettent d'améliorer notre existence au quotidien.
Car pour relativement anodines qu'elles soient, ces questions restent symptomatiques du manque de conscience d'autrui d'une trop grande partie de la population. Pour respecter les autres, il faut commencer par prendre conscience qu'ils existent. Nous ne sommes pas seuls au monde, surtout au train où va l'expansion démographique. C'est ce manque de conscience global qui est problématique pour un fonctionnement social harmonieux. Pas une petite incivilité ici ou là, que même les personnes les mieux intentionnées commettent parfois par mégarde. Ca m'arrive aussi de temps en temps. Alors en agissant contre la trop grande généralisation de ces incivilités, le but est bien de stimuler la prise de conscience, de stimuler le sens du respect. Encore une fois, c'est un rôle éducatif que doivent assumer les autorités.

Quidam :
Bon, certes. Mais pour ce qui est des problèmes plus graves comme l'alcoolisme, il faut bien poursuivre la lutte et les contrôles.

PG :
Totalement d'accord. Les contrôles d'alcoolémie sont nécessaires et il faut les poursuivre, voire les renforcer dans la mesure du possible.
Là où je suis plus réservé, c'est sur l'éventualité de mettre un système d'éthylotest couplé au démarreur de la voiture. Sur le fond, on peut se dire que ça apporte plus de sécurité. Comme l'ABS, comme les airbags, comme les prétensionneurs de ceinture de sécurité, comme beaucoup de choses qui se sont progressivement rajoutées au standard de nos voitures et dont certaines mêmes sont obligatoires pour l'homologation. Certains voudraient mettre le permis de conduire sur une carte à puce à enfoncer dans un lecteur rajouté au véhicule pour vérifier le solde de point et la validité du permis, comme devait le faire Bruce Willis dans le Cinquième Elément. Pourquoi pas ? Ce ne sont pas les idées qui manquent. Les équipementiers automobiles s'en frottent les mains d'avance et sont d'ailleurs souvent à l'origine de ces suggestions forts rentables pour eux.
Car il y a un moment où tous ces équipements de sécurité, sous prétexte de nous protéger, servent surtout à augmenter le prix des voitures. Ca génère du business, des lobbies s'engagent dans la brèche pour pousser au tout sécuritaire automobile qui leur fera vendre plus de matériel, et les choses dérapent. La sécurité devient instrumentalisée et la réaction de rejet commence à naître au sein de la population. Car nous en sommes là. Beaucoup de gens, et moi le premier, en avons ras-le-bol d'entendre ce mot à toutes les sauces, particulièrement la sauce financière, celle qui nous présente l'addition ensuite.
La meilleure des sécurités restera toujours la qualité du conducteur. Et ça, ça dépend beaucoup de la qualité de la formation. La conduite accompagnée, c'est un excellent système. Mais le processus d'obtention du permis de conduire dans son ensemble, c'est plus critiquable. Sa dernière mouture mise en place en 2010 a enfin compris qu'on pouvait être un conducteur tout à fait sûr mais être irrémédiablement nul en créneau. Bel effort des pouvoirs publics, mais franchement, il leur en a fallu du temps pour comprendre cette évidence. L'examen du code de la route, lui, inclut un certain nombre de sujets dont la pertinence avec le respect des règles de circulation et la sécurité des autres usagers m'échappe. Encore une fois, il me semble qu'il y a eu un excès de zèle de la part de fonctionnaires du ministère des transports. Il me semble normal d'aborder des domaines divers dans une formation à la conduite, mais tous les sujets ne peuvent pas être mis au même rang. Il ne faut pas dépasser cinq fautes sur les quarante questions de l'examen du code. Mais est-ce vraiment la même chose de répondre qu'il n'est pas obligatoire de s'arrêter à un stop que de se tromper sur une question mécanique du fonctionnement d'une voiture ? Dans le premier cas, cette seule erreur doit être éliminatoire, car il n'est pas acceptable de passer son code en se trompant sur le panneau stop. Dans le second cas, même avec plusieurs erreurs de ce type, je ne vois pas en quoi ça doit empêcher de conduire. C'est comme pour le créneau dans l'épreuve pratique. Si on ne sait pas se garer en créneau, c'est tant pis pour nous mais pas dangereux pour les autres. Nombre de conducteurs se débrouillent pour ne jamais faire de créneau, quitte à devoir aller se garer bien plus loin. Mais ce n'est pas pour ça qu'ils génèrent des accidents.

Quidam :
Ce que vous dites est ma foi vrai. Et un gros reproche qu'on peut ajouter et que tous les gens sentent bien, c'est que passer le permis coûte cher !

PG :
Ah, ça oui. Pour peu que vous ne soyez pas doué, vous avez vite fait d'y laisser plusieurs milliers d'euros.
Comment se fait-il, à l'heure des télés en 3D, des jeux vidéo hyper réalistes, des simulateurs divers sur le moindre champ de foire ou dans la moindre salle de jeu, que le ministère concerné n'ait pas encore lancé un appel d'offre pour homologuer des simulateurs de conduite ? Et je ne parle pas de machines à sensations avec vérins pour vous secouer la pulpe, mais de simulateurs basés sur le visuel, avec des écrans tout autour de vous pour reproduire l'environnement de la conduite en voiture, voire, pour prendre moins de place, des lunettes écrans captant les mouvements de la tête pour adapter la vue à la direction où vous regardez. Avec les technologies actuelles, ce n'est nullement de la science fiction mais du basique banal. Lorsque toutes les auto-écoles seront équipées d'un ou plusieurs simulateurs, les apprentis conducteurs pourront faire beaucoup plus d'heures à bien moindre coût et avec des situations bien plus diverses que lorsqu'il faut rouler avec une vraie voiture et un moniteur. Ils pourront développer une bien meilleure expérience. Et puis je suis bien certain que diverses salles de jeux électroniques seront candidates pour également proposer ce service, puisqu'un bon simulateur doit pouvoir fonctionner en autoformation et que le recours au moniteur professionnel n'est nécessaire qu'ensuite, pour passer à la vraie voiture.

Quidam :
Mais je me suis laissé dire qu'il existe déjà quelque chose du genre, et qui est utilisé par certaines compagnies d'assurance pour proposer des stages de rafraîchissement de conduite à leurs adhérents.

PG :
Super. Reste alors juste à développer et généraliser ces systèmes.
En attendant, le Gouvernement entend bien la préoccupation de la population par rapport au prix du permis dont il comprend bien que c'est un sésame précieux pour se lancer dans la vie active, notamment quand on n'habite pas une grande agglomération bien desservie en transports en commun. Alors que fait-il ? Au lieu de chercher des solutions pour réduire ce coût tout en améliorant la formation, il met en place une facilité de crédit pour que vous payiez quand même. Comment se fait-il que nos gouvernements successifs se montrent aussi incapables d'être des usines à solutions ? Savent-ils vraiment ce qu'est la vie de la population et ses vraies préoccupations ? On les voit surtout affairés à renforcer les dispositions pour vous le faire sauter dès que possible, votre permis si chèrement acquis, histoire que vous ayez le privilège de repayer à nouveau. Il y a pléthore de jeux de conduite pour faire du rallye sur toutes sortes de routes, pour faire de la Formule 1 sur tous les circuits du championnats du monde, pour faire des runs sauvages dans des villes en écrasant les piétons pour marquer des points, etc., mais un vrai bon simulateur de conduite qui vous entraîne à devenir un bon conducteur, que dalle ! Etonnez-vous après que les jeunes veuillent jouer aux as du volant dès leur permis obtenu. Non seulement c'est une tendance naturelle de la jeunesse que de rechercher les sensations, mais en plus ils sont conditionnés par les contre-exemples de ce qu'il convient de faire.

Quidam :
L'idée me plait, mais, comme pour beaucoup de choses, jouer à la vraie vie n'est pas très attractif. Alors les jeux de conduite sauvage se multiplient mais pas ceux de conduite réaliste, simplement parce que les joueurs n'en demandent pas et qu'il n'y a donc pas de débouché commercial.

PG :
D'où la nécessité pour l'Etat d'être moteur dans ce projet. C'est le rôle de l'Etat d'intervenir pour compenser les lacunes de la société privée. Le marché n'incite pas naturellement au développement de cet outil positif ? Alors il faut motiver les choses par intervention volontaire et lancer un appel d'offres. Ou, mieux encore, mobiliser certaines ressources universitaires dans le cadre d'un projet national pour le développer via la recherche publique.

Quidam :
Mais avec de tels simulateurs, l'apprentissage de la conduite pourrait commencer beaucoup plus jeune. Seriez-vous favorable au permis de conduire dès 16 ans ?

PG :
Non. Les statistiques américaines en la matière sont tout à fait claires : non ! Les jeunes ont déjà du mal à faire la part des choses et à être responsables à 18 ans, alors leur mettre un volant entre les mains en plein âge bête, au plus fort de leur période de rébellion, ce serait criminel.
La France n'est pas un pays immense avec de grandes zones rurales à très faible densité de population où laisser conduire un jeune de 16 ans inexpérimenté comporte moins de risques. Il est vrai que dans nos campagnes, la plupart des jeunes savent conduire bien avant 18 ans et n'ont nul besoin du minimum de vingt heures de leçon de conduite actuellement imposé et qui pourra d'ailleurs baisser utilement grâce aux simulateurs. Mais conduire le tracteur ou la camionnette dans les champs ou sur les chemins et petites routes rurales, même s'ils n'en ont pas le droit, reste différent d'une autorisation de partir pour de longs trajets, dans les grandes villes, sur les routes nationales…

Quidam :
Ou ce qu'il en reste, vu qu'il n'y a plus de nationales !

PG :
Oui, c'est vrai. Quelle bêtise encore que cette mesure-là. Dire qu'on va probablement bientôt supprimer les départements. Vont-ils encore renommer toutes les routes puisqu'elles ne pourront plus alors être des départementales ? Vont-elles devenir des régionales ? Ou recevoir le nom du responsable local de l'Equipement peut-être ? Ce n'est malheureusement qu'un énième exemple démontrant que la fonction publique a encore de gros efforts à faire pour intégrer ce que c'est que le sens du service à une société dont, au risque de me répéter, on se demande s'ils font partie. La numérotation des routes, c'est pour les retrouver sur un plan et trouver son chemin. Alors si elles gardent le même numéro d'un département à l'autre comme c'était le cas lorsqu'elles étaient des nationales, c'est beaucoup plus pratique. Qui les entretient n'est vraiment pas le problème des administrés. Enfin bref.
On ne chantera plus la Nationale 7…


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